Deuxième partie, chapitre V : Notes




1-  J.-B. Vico, Autobiografia, Op. cit. p. 11.

2-  J.-B. Vico, Autobiografia, Op. cit. p. 10. Au sujet du thème poétique de la Rose dans la Renaissance et le Baroque, voir de Sanctis, Storia della littera­tura italiana, Feltrinelli, Milano, 1956, p. 267.

3-  « E ne apprese di quanto in tutti e tre la latina favella avanzava l’italia­na », J.-B. Vico, Autobiografia, Op. cit. p. 12.

4-  J.-B. Vico, Autobiografia, Op. cit. p. 23.

5-  « Ma con queste virtu non udivansi orazione o animata dalla sapienza greca nel commuovere gli affeti », J.-B. Vico, Autobiografia, Op. cit. p. 25.
     Concernant la relation de la formation de la pensée de Vico avec les mou­vements de culture napolitains, voir N. Badaloni, Introduzione a G.B. Vico, Feltrinelli, Milano, 1961.

6-  J.-B. Vico, De ratione, Op. cit. p. 95.

7-  Quintillien, Institutiones oratoriæ, I,6,27.
     J.-B. Vico, Institutiones rhetoricæ, 33.

8-  Concernant la mise en relation de cette dispute avec la langue vulgaire, voir Camporeale, Lorenzo Valla, Op. cit. pp.180-182.

9-  « Nobis quidem ad normam grammatica loquendum est : nec tamen grammatica quam latine loquendum, hoc est non tam ad præcepta artis quam ad consuetodinem eruditorum atque eloquentiam ; nam quod graecus, latinus, afer germanus, ceterque linguæ praepter ipsae voces figura loquen­di discordent usi sit non ratione... Et ut sunt varii mores variasque leges na­tionum ac popularum, ita variæ naturae linguarum apud suos, unaquæque intemerata et sancta », L. Valla, Dialecticæ disputationes, 1,II.

10-  « Hinc videtis non sat esse recte didicisse grammaticarum perceptiones ut quis latine loquatur : nam eae duntaxat utiles sunt ut vitium solveamus orationis, non autem verbosam eam effiniamus », J.-B. Vico, Institutiones rhetoricae, 33.

11-  Cette conception historique de la langue a été reprise et théorisée par le courant néo-linguistique. La théorie de la langue « individuelle », que Devoto place entre la langue saussurienne et la parole, et qu’il assimile à la structure de la norme juridique, m’apparaît comme l’interprétation la plus intéressante de la « nature » des langues selon Valla.
       Aussi peut-on dire que la linguistique italienne, de Valla aux néo-linguistes, ne connaît pas à proprement parler de rupture, d’autant plus qu’elle s’inspire d’une tradition philosophique qui, de Vico à Croce, reste homogène malgré tout. Voir Devoto, I fondamenti della storia linguistica, Sensoni, Firenze, 1951.

12-  Dans les Institutionnes, Vico a repris la distinction quintillienne, en sépa­rant la locution « juxta grammaticae regulas » du « genium latinae linguae », J.-B. Vico, Institutiones, Op. cit. 33.

13-  J.-B. Vico, De ratione, Op. cit. p. 95.

14-  Forcellini, Totius latinitatis lexicon, Edit. allemande, 1831.

15-  B. Croce lie le surgissement de ce sens nouveau du mot au phénomène culturel de la séparation entre la rhétorique et la dialectique : B. Croce, Este­tica, Op. cit. pp. 206-207. Il s’est produit en Italie un phénomène culturel semblable à plusieurs égards à celui des sophistes en Grèce.

16-  Le sens du mot ingenium est interprété en français par génie, ingénieux et esprit.
       Le mot génie signifie le talent inné, la disposition naturelle, en la limitant cependant au peuple ou à la personne. Ingénieux signifierait l’aptitude ou la qualité inventive et créatrice des pensées et des œuvres. Esprit marque le caractère immatériel, intellectuel, par opposition au sens ; mais uni à langue, il prend le sens de je ne sais quoi dont nous avons parlé.
       Pris séparément, les trois mots sont inadéquats par rapport au sens propre d’ingenium. Il convient donc de recourir à un équilibre dans un usage subtil et nuancé.
       Je pense que Kant, dans la Critique du jugement, a séparé l’esthétique du beau de celle du génie à cause de ce sens « à facettes » du mot ingenium.

17-  « Dicimus tertio, res illas quae respectu nostri intellectus simplices dicuntur, esse vel pure intellectuales, vel pure materiales, vel communes », R. Descartes, Regulae, Edit. Gouhier, XII, pp. 56-58.
       « Dicimus tertio, naturas illas simplices esse omnes per se notas », R. Descartes, Regulae, Op. cit. p. 97, 17.
       « Colligitur tertio, omnem humanam scientiam in hoc uno consistere ut distincte videamus quomodo naturae istae simplices ad compositionem alia-rum simul concurrunt », R. Descartes, Regulae, Op. cit. p. 104, 9.

18-  R. Descartes, Regulae, Op. cit. p. 104, 20 seq.

19-  « Colligitur secundo, nullam operam in naturis istis simplicibus cogno­scendis esse collocandam quia per se sunt notae ; sed tantummodo in illis ab invicem separandis et singulis seorsim defixa mentis acie intuendis », R. Descartes, Regulae, Op. cit. XII, p. 102, 2.

20-  R. Descartes, Regulae, Op. cit. XII, p. 93, 5.

21-  J.-B. Vico, De ratione, Op. cit. p. 95.

22-  Aristote, Rhétorique, III, 9-10.

23-  J.-B. Vico, Institutiones rhetoricæ, Op. cit. p. 174.

24-  J.-B. Vico, De ratione, Op. cit. p. 94.

25-  D. Bouhours, Les entretiens, Op. cit. p. 35.

26-  Aristote, Rhétorique III, 11-11.

27-  Bien que la langue française ait été élaborée surtout en fonction de la prose et qu’elle ait triomphé au moment où la poésie s’était éteinte, elle sus­citait cependant par son charme, chez ses artisans eux-mêmes, des sentiments d’étonnement. Ainsi le mot « esprit » de la langue doit être pris plutôt comme une expression lyrique que comme un concept. Chez quelques auteurs, la description de sa perfection prend la forme d’un hymne. À titre d’exemple, je rapporte ces lignes de Charpentier :
       Elle possède par excellence la netteté et la clarté...
       Elle est douce, elle est significative,
       Elle est sonore, elle est éloquente,
       Elle est nombreuse...
       Surtout chaste jusqu’au scrupule
       Et d’une délicatesse de goût presque infinie
.
(Charpentier, L’excellence Op. cit. p. 636). On me pardonnera la disposition rythmique de ces affirmations qui n’a d’autre but que de mettre en relief leur caractère poétique.

28-  Encyclopédie, ou Dictionnaire résumé des sciences, des arts et des mé­tiers, Stuttgart, 1966, Esprit.
       Les prérogatives de la langue française sont développées surtout dans la Lecture des sourds et des muets - Œuvres complètes, Club du Livre, 1969, T. II, pp. 546-547.

29-  Encyclopédie, Op. cit. Français

30-  Ulmann, Précis de sémantique française, Francke, Berne, 1952, pp. 125-132; 142-146.

31-  Aussi proche de Vico qu’Ulmann, m’apparaît Ackermann : « Le français, au contraire, est d’une conception vive, prompte, nette, saisissant bien en toutes choses les contrastes et les ressemblances. L’intelligence est sa faculté la plus vive : c’est l’esprit géométrique, déductif par excellence », Discours sur le bon usage de la langue française, Crozet, Paris, 1839, p. 3.

32-  J.-B. Vico, De ratione, Op. cit. p. 95.

33-  D. Bouhours, Les entretiens, Op. cit. p. 34.

34-  L’identité fondamentale des deux arts se fondait sur l’image, ou « idole » représentative. Au XVI° siècle, on se rapportait d’une part à la théorie aristo­télicienne de la métaphore, d’autre part à la distinction faite par Platon dans Le sophiste entre imitation « icastique » et imitation « fantastique ». On inter­prétait communément celles-ci en voyant dans la première un art représentatif des choses réelles ou possibles, dans l’autre des images purement fantastiques. Aussi les courants esthétiques dans les arts figuratifs, aussi bien qu’en poésie et en littérature, se divisaient entre théoriciens icastiques et fantastiques.
       Bouhours, en accusant l’art et la littérature italiens d’être plus des peintu­res que des portraits, se montrait théoricien d’une esthétique icastique.
       Je renvoie directement aux essayistes de rhétorique et d’art du XVI° siècle italien :
       - Trattati di poetica et retorica del Cinquecento, a cura di Weimberg, Laterza, Bari, 1970.
       - Trattati d’Arte del Cinquecento, a cura di G. Barocchi, Laterza, Bari, 1960-1962, 3 volumes.

35-  J.-B. Vico, De ratione, Op. cit. p. 95.

36-  Aristote, Rhétorique, II, II, 2-3.
       Mais Vico trouvait aussi l’emploi du terme dans la tradition esthétique humaniste : « Ma oltre tutte le metafore che sono lodate da Aristotile, é quellache si chiama "metafora in atto", cioé quella che pone la cosa innanzi agli occhi e da quasi mivimento e anima e di inanimata la fa quasi ani­mata » (T. Tasso, Discorsi del poema eroico, dans Prose, Rizzoli, Milano, 1935, p. 458).

37-  D. Bouhours, Pensées ingénieuses, Op. cit. p. 408.

38-  J.-B. Vico, De ratione, Op. cit. p. 95.

39-  Cicéron, De oratore, III,31, Orator, 20-21.

40-  J.-B. Vico, De ratione, Op. cit. p. 95.

41-  J.-B. Vico, De ratione, Op. cit. p. 95.

42-  Voir, pour la France, l’étude de A. Michel, La poésie et la tradition de la rhétorique péripatéticienne, dans Revue d’études latines, 1973, pp. 247-271.
       T. Tasso, Discorsi del poema eroico, Op. cit.

43-  Cicéron, De oratore, III,37.
       T. Tasso, Discorsi del poema eroico, Op. cit.

44-  N. Chomsky, La linguistique cartésienne, Edit. du Seuil, Paris, 1969, pp. 60-85.

45-  N. Chomsky, La linguistique cartésienne, Op. cit. p. 22 Note. Toutes les expressions du livre de Huarte, soulignées par Chomsky, concernent non l’esprit, propre à la philosophie cartésienne, mais l’ingenium qui est le fonde­ment de l’esthétique baroque.

46-  Je rapporterai quelques affirmations tirées du De constantia, œuvre qui précède la Science nouvelle première.

       « Ingenii virtus est invenire, ut est rationis perficere » ;
       « Statuendum est ex his quae supra diximus, primos ingeniosos homines, omnis eruditionis omnique linguae mentes solertes faciunt, cum ad quamque rem, sive naturalem, sive moralem, sive domesticam, sive civilem, quas ferme innumerae sunt mens memoria percurrat ingens vitae vocabula­rium et verbum eius rei proprium inveniat, quo eam appelat » (J.-B. Vico, De constantia jurisprudentis, P. II, c.XII,1,7, Opere, Laterza, Bari, II,2, pp. 364-365).

47-  J.-B. Vico, De ratione, Op. cit. p. 95.

48-  E. Krantz, Essai sur l’esthétique de Descartes, G. Baillière, Paris, 1882, Pour Boileau, pp. 91-233.

49-  E. Krantz, Essai sur l’esthétique, Op. cit. pp. 13, 15.

50-  G. Lanson, L’influence de la philosophie cartésienne sur la littérature, dans la Revue de métaphysique et morale, 1896, pp. 517-550.




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t312501 : 06/09/2017