Les « Dialogues du dimanche », expérience dominicale d’un style « peu ordinaire », furent imaginés à partir d’une émission télévisée protestante entre des athées et des chrétiens. Une lettre avait invité les protestants et les sympathisants de Tourcoing (mais aussi quelques membres de Roubaix et de Lille) à se retrouver le dimanche 1er octobre 1967 autour du récepteur de télévision d’un jeune ménage sympathisant, originaire de Clermont l’Hérault.
« Le poste de Tourcoing est fermé depuis le 1er septembre – lisait-on dans l’invitation. Toutefois, je demeurerai tourquennois cette année 1967-1968 et je poursuivrai l’œuvre de dialogue entreprise dans les divers milieux de la population. Nous avons certainement besoin de réinventer sans cesse le contenu et les formes du service des autres pour éviter la double tentation de l’évasion dans la « mystique cultuelle » et le « religieux » qui coupent les hommes de la vie, mais aussi de l’agitation dans l’« activisme ». Nous éprouvons le besoin de redécouvrir toujours à nouveau le sens à donner à notre recherche et à notre action. C’est pourquoi, un temps de repos, de réflexion, une reprise de conscience sont nécessaires comme la respiration pour vivre. Nous vous proposons, cette année, un culte-débat dans lequel nous tenterons ensemble cette quête du sens de notre vie dans le monde actuel. »
Ainsi, toutes les trois semaines, le dimanche matin, dans l’une ou l’autre des maisons amies entre Lille et Tourcoing, des « dialogues » réunirent entre vingt cinq et trente personnes, croyantes et incroyantes, sur un thème choisi par les participants, selon un schéma, sorte de « liturgie laïque », élaboré par une équipe chaque fois nouvelle.
Entre octobre 1967 et mai 1968, sept thèmes nourrirent les réflexions communes, et il n’y eut pas de « pasteur » pour annoncer magistralement une vérité définitive à recevoir et à croire !
- Le 5 novembre 1967 : « Amour et révolution… la plus grande violence ! »
- Le 3 décembre 1967 : « Travail et création »
- Le 17 décembre 1967 : « Humaniser la nature et naturaliser l’homme »
- Le 14 janvier 1968 : « Justice et paix »
- Le 18 février 1968 : « Péché et aliénation »
- Les 3 et 10 mars 1968 : « Prière et acte »
- Le 12 mai 1968 : « Foi et histoire »
La perfide accusation de « troubler les consciences » nous fut adressée par certains protestants traditionnels ou fondamentalistes, alors que les consciences déjà troublées appelaient à une recherche plus exigeante, souhaitaient des clarifications libératrices des aliénations et des tabous…