ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


                              Auteurs Méthode Textes
  Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris



Qui  est  ma  mère  ?



Marc 3:20-21; 31-35




Évangile, ou théologie ?







Le texte

Prologue

La folie de Jésus

La tentative d’enlèvement

Le refus de Jésus

Évangile, ou théologie ?






   On vient d’affirmer que Jésus naît à la fois de la femme et de Dieu, sans que cette deuxième genèse fasse de lui Dieu, car l’une et l’autre sont constitutives de l’homme, la première au niveau biologique, la seconde, pourrait-on dire, au niveau métaphysique. Cette conclusion cependant paraît être en contradiction avec l’affirmation des évangiles que Jésus est à la fois Dieu et homme. Il suffit de nous rapporter aux ultimes paroles de l’évangile de Jean : « Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ». (Jn 20: 31). La contradiction existe donc, mais il faut en déterminer la portée.

   Le mot « Christ » est grec, et signifie « oint ». Dans la Bible, il est attribué à tous ceux que Dieu envoyait avec une mission de salut. Ceux-ci, souvent, n’étaient pas seule­ment nommés « oints » mais faisaient aussi l’objet d’une véritable onction rituelle. Le mot grec correspondait au mot hébreu « Messie », dont le sens est « envoyé ». Leurs sens sont différents mais pas en opposition, suscep­tibles, au contraire, d’être unis : l’homme oint pour être envoyé. Celui-ci était presque toujours un homme de la génération d’Abraham mais parfois non, comme dans la mission que Dieu donne à Cyrus de libérer le peuple d’Israël déporté à Babylone. Bien qu’il ne reconnaisse pas le Dieu d’Israël, le grand général était appelé par lui avec le titre de « Messie » (Christ).

   Il faut souligner que la mission d’être envoyé comme Christ conférait à l’homme une dignité qui ne changeait pas sa nature humaine. À la rigueur, il aurait convenu d’af­firmer la même chose pour Jésus. Mais, chez Paul et dans les évangiles, la personne de Jésus est soumise à un pro­cessus de sublimation par lequel elle dépasse les limites de la nature humaine. Sans doute parce qu’elle exigeait qu’il meure pour que la mort soit rachetée, permettant à l’hom­me le retour à son immortalité d’origine.
   Jésus est un homme qui, par sa naissance, est dans une condition divine d’existence, mais les écrivains vont au-delà de la mission conférée par Dieu à Jésus comme Christ. Ils ne se bornent pas à décrire Jésus comme le pro­phète qui représente en lui l’homme violé dans sa nais­sance par le péché, qui s’offre par sa mort en expiation du péché et qui se montre comme l’homme retourné à la condition originelle d’immortalité, mais comme l’homme engendré par Dieu sans aide de l’onction du prophète, qui meurt en rédemption expiatoire du péché de tous les hom­mes, qui est le premier homme qui revient à la condition originelle d’immortalité.

   Je dirai plus : leur Jésus n’est pas l’homme devenu Dieu, mais Dieu qui devient homme, afin que les hommes retournent à leur condition originelle d’immortalité. Ce qui apparaît le plus étrange, le plus sujet à doute en tout cela, c’est que l’homme parvenu à l’accomplissement de cet événement de salut se trouve encore homme qui, pour parvenir à l’accomplissement de l’événement en lui, doit attendre de devenir Dieu ! Je serai porté à affirmer que les évangiles, au lieu d’être une parole d’annonce du salut, sont l’élaboration d’un système de salut, donc d’une théo­logie et d’une philosophie de salut.

   Il demeure difficile, pour ne pas dire impossible, pour moi de répondre à l’invitation de Jean de croire que Jésus est le Christ sans m’attarder à examiner par la raison si le système de foi me permet d’y croire. Et croire ou ne pas croire dépendraient alors de la seule raison.






Le 4 mars 2008




Retour à l'accueil Le refus de Jésus Haut de page    Imprimer

t375000 : 10/11/2020