ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Pierre CurieLe Groupe de recherche biblique |
Le libre dialogue qui s’était instauré à Clermont-l’Hérault autour de questions que ne retenait aucune barrière philosophique, religieuse, sociale ou politique, s’est alors renoué tout naturellement quand nous nous sommes retrouvés à Tourcoing en 1960. Soucieux d’une vérité qui ne soit jamais imposée, mais toujours recherchée, ces amis assidus aux manifestations du Groupe pour la paix, me demandèrent, un jour, de les aider à lire la Bible sans arrière-pensée de prosélytisme. Ils m’ont suggéré de partager cette recherche biblique avec quelques-uns de leurs amis et connaissances. C’est ainsi qu’en 1965, nous nous sommes engagés ensemble dans la lecture suivie de l’Évangile de Jean ; elle s’est poursuivie sous les auspices du Centre de recherches du Nord et avec la participation de son directeur, Ennio Floris, pendant près de trois années. Quinze à vingt personnes qui prirent spontanément le nom de « groupe Perret » se sont retrouvées toutes les trois semaines et plus souvent quand l’intérêt se faisait plus vif. Il n’était pas rare qu’une tête nouvelle ou un couple nouveau se joignent au groupe. Même s’il était exclu que ces amis deviennent des « protestants » malgré leur sympathie pour l’Église réformée, il n’était pas interdit de trouver avec eux une forme inédite de relation. Une semblable recherche était significative au sein de la crise de l’Église d’alors d’une possibilité réelle de renouvellement de l’Église, prisonnière de ses structures mentales et institutionnelles. Il nous fallait accepter d’établir le « constat de décès » d’une paroisse protestante du Nord née au début du vingtième siècle de l’évangélisation revivaliste et épuisée alors humainement et financièrement, mais en même temps d’essayer, en tâtonnant, d’ouvrir des pistes inédites. Ce « Groupe de recherche biblique » fut l’un de ceux par lesquels nous espérions dépasser cette situation condamnée. Pourquoi avoir choisi le quatrième Évangile ? Sans doute en raison des deux « mots-clé » de notre recherche d’alors ! Ses deux éléments fondamentaux y étaient présents : « Dieu » et le « Monde », réunis dans une relation spécifique à la « parole » (le « logos » grec). Les uns et les autres ressentaient le besoin de rompre avec le « discours religieux » et de découvrir une « parole » libre, porteuse de sens pour leur présent. Le Groupe de recherche biblique de Tourcoing fut, sans conteste, celui qui acquit la conscience la plus claire de l’acuité dramatique de la situation vécue en 1967, mais aussi celui qui s’engagea avec une persévérance ferme et persuasive aux côtés du pasteur, afin que l’espoir entrevu au travers des expériences engagées dans la cité, puisse se concrétiser dans une structure originale et nouvelle. Lors de la crise ouverte à Tourcoing avec les autorités nationales et régionales de l’Église réformée de France, le Groupe de recherche biblique devint ainsi le lieu presque unique de la « résistance » à l’abandon et à l’abus de pouvoir, ainsi que le centre de propositions concrètes et positives qui, malheureusement, ne trouvèrent alors aucun écho dans l’institution ecclésiastique réformée. |
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tc142000 26/12/2017