ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie



Le  Logos  dans  le  monde



Extraits d’un mémoire présenté à la faculté de théologie de Strasbourg,

sous la présidence des professeurs
Étienne Trocmé et Max-Alain Chevallier





Introduction







Introduction

Le Logos et le commencement

La dynamique du Logos

Le Logos comme médiation

Le Logos, créateur de vie-lumière

Le Logos était dans le monde

Le Logos est devenu chair

Le Logos et Dieu

En guise de conclusion


Ouvrages cités



   Ce travail est né sur le tas. Il a été élaboré peu à peu, au gré des semaines et des mois pendant plus de trois années, dans le cadre du Centre protestant de recherches du Nord, avec un groupe d’amis, protes­tants non orthodoxes ou en rupture, catholiques déta­chés, athées en recherche, pour lesquels l’enseigne­ment, la pratique, la vie et la structure de l’Église n’apportaient plus de sens à leur existence.

   Sans doute est-il prétentieux de s’avancer ainsi sur un tel sujet, comme les mains nues et sur un terrain où tant de grands noms de l’exégèse et de la théologie, dans le passé et le présent, ont bâti de solides édifi­ces ! Alors, que pourrons-nous prétendre contester avec si peu de moyens et en présence d’auteurs aussi prestigieux ?

   Cependant, l’état des recherches récentes concer­nant l’Évangile de Jean nous autorise à prendre, face aux grands noms de la critique exégétique, une cer­taine distance. Tous reconnaissent que diverses influ­ences se sont exercées sur l’auteur du Quatrième Évangile, mais le caractère original de Jean est recon­nu par tous. Nous en sommes aussi convaincus, par­ticulièrement quant au Prologue johannique.
   En effet, le Prologue de Jean contient, en parti­culier, deux expressions apparemment antithétiques, que nous appelons le « paradoxe johannique », parce qu’elles nous semblent aller à contre-courant des opi­nions et des thèses les plus courantes parmi les exé­gètes et les théologiens, catholiques et protestants. Ces deux expressions du Prologue se réfèrent res­pec­tive­ment à « Dieu » et au « Monde ». Le verset 1 dé­cla­re : « èn archè èn o logos, kai o logos èn pros ton théon » (« Au commencement était le Logos, et le Logos était vers Dieu ») et au verset 10, on lit : « èn tô kosmô, kai o kosmos di’ autou égénéto » (« il était dans le monde, et le monde a été fait par lui »).

   Ainsi, le Prologue johannique affirme, d’une part, que le Logos était « pros ton théon »  (« vers Dieu »); d’autre part, qu’il était « èn tô kosmô » (« dans le monde »). Le paradoxe nous apparaît à ce point-là. En effet, comment est-il possible d’expliquer et d’inter­préter cette double affirmation concernant le « Lo­gos » par rapport à « Dieu » et en relation au « Mon­de » ?
   Le plus souvent, les exégètes et les théologiens clas­siques ont donné la réponse de l’« a priori onto­logique » et de la métaphysique de l’« Être » : « Dieu » et le « Logos » préexistent au Monde. Dieu est « le Tout-Autre », l’« Être-en-soi », qui a créé le monde selon le principe de causalité. Hors du « Dieu préexistant », il n’y a rien, mais par lui et par le Logos le monde, les êtres et l’homme ont été tirés du néant.
   La thèse des exégètes et des théologiens classiques minimise, cependant, la portée du Logos « èn tô kos­mô » (« dans le monde »), ainsi que le mouvement contenu dans le « pros ton théon » (« vers Dieu »). Si « Dieu » et le « Logos » préexistent au « monde », que signifie alors une « création ex nihilo » ? Si Dieu est avant toutes choses, la « création » et un monde « hors de lui » posent une question à laquelle Par­ménide avait déjà donné une réponse philosophique : « Si Dieu est, tout est déjà fait ». Or, toute la théo­logie chrétienne depuis des siècles, et particulière­ment depuis le Haut-Moyen-Âge, est fondée sur la méta­physique de l’« essence », de l’« en-soi », sur la notion de « substance ». La théologie traditionnelle a résolu ce « paradoxe johannique » à travers une lec­ture ontologique du Prologue.

   Nous souhaitons poser le problème à partir d’une hy­pothèse différente de l’« être en-soi » et de la « subs­tance » et dépasser le « paradoxe johannique » à partir de l’hypothèse du devenir que nous croyons découvrir dans la structure même du Prologue, en particulier à travers des verbes qui expriment une dy­namique : « égénéto » (devenir), « gégonèn » (faire), « genesthai » (créer), aux versets 3, 6, 10, 12, 14 et 17 ; et à travers des prépositions qui impliquent une relation forte, comme « pros » (en direction de), « dia » (au moyen de), « eis » (vers)...

   Le problème nous parait donc le suivant : que si­gni­fie ce « mouvement » du « Logos » à la fois « dans le monde » et « en mouvement vers Dieu » ? Tel est le paradoxe !

   Cette hypothèse permet également à l’homme d’au­jourd’hui d’entrevoir des possibilités renouvelées de lecture du Prologue johannique…




Mémoire présenté
le 13 mars 1969




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tc190000 14/08/2018