ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie



Le  Logos  dans  le  monde



Extraits d'un mémoire présenté à la faculté de théologie de Strasbourg,

sous la présidence des professeurs
Étienne Trocmé et Max-Alain Chevallier





En guise de conclusion







Introduction

Le Logos et le commencement

La dynamique du Logos

Le Logos comme médiation

Le Logos, créateur de vie-lumière

Le Logos était dans le monde

Le Logos est devenu chair

Le Logos et Dieu

En guise de conclusion


Ouvrages cités



   Notre hypothèse pourrait définir trois lieux d’actua­lisation de la lecture du « paradoxe johannique » : la découverte du sens, la valorisation de l’histoire et la relation constitutive de l’humain.





1- La découverte du sens



   En référence à la distinction du sociologue Max Weber à propos de la morale de conviction et de la morale de responsabilité, Paul Ricœur a écrit : « La vie morale repose sur une dialectique de l’absolu souhaitable et de l’optimum réalisable. On ne peut échapper à cette tension. » (« Sens et fonction d’une communauté ecclésiale », in Cahiers du Centre pro­testant du Nord). Sans doute, trouverons-nous là une première actualisation de notre hypothèse.
   Pour Paul Ricœur encore, l’éthique de conviction est destinée à faire pression sur l’éthique de la ratio­nalité et sur la prévision du calcul. Le « logos pros ton théon », finalité d’un devenir pour les hommes et pour le monde, est le « projet », « la perspective », l’« ho­rizon ». Le monde et les hommes ne sont pas destinés au « non-sens », mais au « sens » comme significa­tion et finalité. Le « Logos », amour par lequel le « sens » est rendu possible, voilà l’éthique de la con­viction, l’« absolu souhaitable » qui entre en conflit avec l’univers de la rationalité, dans lequel on est, selon Ricœur, « toujours repris en main par des relations techniques ». Le paradoxe johannique nous offrirait alors la perspective de « l’utopie ». « Nous sommes responsables de maintenir un but lointain pour les hommes ; appelons-le un idéal en un sens moral ; et une espérance en un sens reli­gieux » (Ricœur).

   Dans cette découverte du « sens », la Bible est un langage qu’il ne faut pas « littéraliser », mais traduire et réinterpréter. Il faut réinventer dans notre temps et nos cultures ce « mouvement » du « logos » johan­ni­que. L’« esprit » (le « paraclet » johannique) n’est pas seulement la présence combattante de l’humain contre l’inhumain, mais aussi celui qui offre une capacité sans limites d’éducation à la liberté, qui réinterprète sans cesse les situations de l’époque et les reconvertit. Il est l’« herméneute » qui suscite en permanence des perspectives inédites et qui s’oppose à toutes les aliénations.

   Et « Dieu » ? Citons encore Paul Ricœur : « Pou­vons-nous encore prononcer le mot de Dieu ? Nous ne pouvons plus construire des théologies spéculati­ves, systématiques, où l’on parlerait de Dieu comme d’une cause première, d’un penseur suprême, d’un être absolu séparé de tous les autres êtres, mais nous avons à penser ce que peut signifier dans l’écriture, le Dieu de Jésus-Christ. » (article cité).





2- La valorisation de l’histoire



   Le paradoxe johannique, dans le « devenir – chair » du Logos redonne tout son poids à l’histoire humaine. Le « religieux » a toujours tendance à créer une coupure dans le monde et à évacuer l’espérance dans un après-histoire. Mais le Logos surgit dans le monde où le permanent et l’historique cohabitent. Le monde est le lieu de la souveraineté de l’amour. L’espérance est insérée dans le devenir et dans l’histoire humaine, définitivement.
   « Une théologie de l’espérance – écrit encore P. Ricœur – se conquiert par une démythologisation d’une eschatologie, où une eschatologie apparaît comme du fabuleux temporel, comme une fable chronologique. Et l’église primitive a été à bien des égards dupe de cette fable chronologique, lorsqu’elle attendait le retour imminent du Christ ; et elle n’a survécu qu’en abandonnant cette attente immédiate, donc en entrant dans sa propre théologie de l’es­pérance, qui est celle d’un temps ouvert, sans chronologie qui limite en avant » (article cité).





3- La relation comme réalité consti­tutive de l’humain



   C’est sans doute la notion qui est apparue le plus clairement. Le Logos (la parole), Dieu et l’homme n’ont d’existence possible que dans et par la « re­lation » qui se fonde dans un mouvement de vie, un devenir et un passage, dans le surgissement et la multiplication de la vie à travers une mort, à l’image du grain semé en terre. La « transcendance » est dans la relation elle-même, dans le « devenir-autre », com­me le « logos devient chair ».

   L’hypothèse du paradoxe johannique suggère une autre relation particulière dans l’histoire : celle qui émerge dans ce qu’on peut appeler « la communauté des frères ». On a fait remarquer que le Quatrième Évangile ne parle pas de l’Église ; que sa perspective n’est pas « ecclésiastique », mais « universaliste ». La « communauté » (la koïnonia) exprime cette relation dynamique de l’amour dans le monde, jamais figée, mais toujours ouverte, « portant témoignage d’un sens sous forme d’espérance pour tous les hom­mes » (P. Ricœur).




Mémoire présenté
le 13 mars 1969




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tc198000 30/08/2018