ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Pierre CurieLe Logos dans le mondeExtraits d'un mémoire présenté à la faculté de théologie de Strasbourg, |
Le Logos et Dieu |
Introduction Le Logos et le commencement La dynamique du Logos Le Logos comme médiation Le Logos, créateur de vie-lumière Le Logos était dans le monde Le Logos est devenu chair Le Logos et Dieu En guise de conclusion Ouvrages cités |
1- Le « devenir-chair » du « Logos » et sa dynamique « pros ton théon » Pour l’auteur du Prologue johannique, la notion d’« incarnation » semble l’aboutissement de celle de « médiation ». Le « réel » johannique n’est pas, comme dans son milieu culturel ambiant l’« Idée-principe », le « monde intelligible », la causalité première. Il n’est pas, non plus, d’abord le « kosmos ». Il s’exprime dans la relation très originale qui surgit « dans le monde ». Là, la « zoè », la « poussée de la vie », l’énergie vivante en germe dans ce lieu du Logos donne accès à l’être. Nous avons dit que cette notion, totalement étrangère à l’hellénisme et à la « gnose », a des liens étroits avec la pensée hébraïque. L’hébreu n’a qu’une seule expression pour désigner la « parole » et la « chose existante » : le mot « dabar » (cf. Psaume 33:9). Le « devenir - chair » du Logos est un mouvement de la pensée hébraïque. L’originalité du Prologue johannique serait dans le dépassement des diverses influences du milieu culturel ambiant. On pourrait comprendre ainsi qu’une perspective étrangère à l’environnement culturel de ce temps-là (un logos incarné) soit devenue ce langage inédit pour exprimer la réalité de Jésus de Nazareth comme « évangile libérateur ». Pourrait-on aller plus avant ? Le « égénéto » du Prologue johannique serait-il un « devenir accompli », le fait d’un passé révolu dans l’existence historique de Jésus de Nazareth ? Serait-il licite de supposer que ce « devenir - chair » du Logos n’est pas épuisé dans cette personne historique ? Le « devenir - chair » du Logos ne se prolongerait-il pas toutes les fois que du « chaos » surgit « l’être », comme la sortie de « la glaise du sol» de Genèse 2:7, par la médiation du Logos ? 2- Le « devenir » du « Logos » et « ô théos » (Dieu) « Dieu » dans l’expression « pros ton théon » exprime ce « devenir » qui contient un appel infini à l’être. Dans ce « devenir », le Logos contient la capacité toujours surgissante qui exprime dans un langage historique l’appel à la transcendance incluse dans le « pros ton théon ». En cela, le Logos est liberté qui ouvre sans répit un chemin de dépassement ; car c’est « par lui » (dia) que tout a été fait et que tout se fait sans cesse. Ce « dia » crée le surgissement de l’être, établit une percée, un « passage » des ténèbres à la lumière. Parce qu’il est « liberté », le Logos devient libération (ne dit-on pas que « la parole libère » ?), le renouvellement permanent « vers », « pour », « en vue de ». Le paradoxe johannique s’inscrit dès lors dans un langage qui peut devenir notre langage. « Dieu » (ô théos) est à la fois au terme de ce processus et à chacun de ses moments. « Dieu » (ô théos) devient le langage capable de réaliser ce mouvement d’émergence qui transcende sans cesse les situations acquises, bloquées, vers un « sens » dans la conscience et l’action. Ce « mouvement en devenir » ne devra jamais se fixer quelque part, sous peine de retomber dans la « ténèbre » ; et cette « convergence » appellera toujours une nouvelle « émergence »... à l’infini... « pros ton théon ». Le « Logos pros ton théon » rejoint ici l’eschatologie johannique, l’« au-delà » par rapport à l’« en-deça », non en terme d’espace. Cet « au-delà » johannique révèle la finalité de ce devenir. Toutefois, cette « eschatologie » se produit « hic et nunc », dans l’histoire et l’historicité des hommes. Le « Logos » est devenu « chair » : ce qui est le moment spécifique de l’histoire, l’heure des choix qui, selon l’auteur du Quatrième Évangile provoque la « crise », l’auto-jugement entre ceux qui s’ouvrent à la « Parole » (le Logos) et ceux qui se ferment à elle ! |
le 13 mars 1969 |
tc197000 30/08/2018