ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Pierre CurieLe Logos dans le mondeExtraits d’un mémoire présenté à la faculté de théologie de Strasbourg, |
Le Logos, |
Introduction Le Logos et le commencement La dynamique du Logos Le Logos comme médiation Le Logos, créateur de vie-lumière Le Logos était dans le monde Le Logos est devenu chair Le Logos et Dieu En guise de conclusion Ouvrages cités |
n autô zoé èn, kai è zoè èn to phôs tôn anthrôpon En lui était vie, et la vie était la lumière des hommes (Jn 1:4) Certains auteurs affirment que le Logos est origine, source et aboutissement de la vie. Pour tous ces auteurs, les deux notions vont de pair. La question se pose alors : « zoè » (vie) est-il sujet ou prédicat ? Pour certains (Van den Bussche, Brown), « zoè » est sujet : la « vie » est la cause de la « lumière ». Pour d’autres, au contraire, comme Boismard, « zoè » (vie) est prédicat. Alors, la « lumière » est la cause de la vie. Ils font remarquer, se référant à Genèse 1, que la « lumière » a été créée avant la « vie ». « Si donc la lumière est première par rapport à la vie – écrit Boismard – il semble préférable d’en faire le sujet de la proposition, tandis que la « vie » ne serait qu’attribut. C’est la "lumière des hommes" qui est "vie". » Pour d’autres, enfin, les choses sont plus complexes. Snackenburg pense aussi que « lumière » et « vie » forment deux concepts étroitement liés ; mais la « vie » est une notion plus fondamentale, et la « lumière » est une détermination plus intime de celle-ci : c’est la vie sous son aspect particulier pour les hommes. C’est l’œuvre du Logos dans l’homme. Mais ces deux concepts ont aussi une origine complexe : à la fois juive (par l’intermédiaire de la spéculation sur la Sagesse) et hellénistique (par l’intermédiaire de la Gnose et de Philon d’Alexandrie). Juive, parce que « la Sagesse est décrite comme la lumière primitive, le rayonnement de la lumière éternelle (Sagesse 7:26), une lumière qui surpasse toute lumière créée (Sagesse 7:10). C’est une force efficace dans l’homme, lui donnant une vie spirituelle divine qui est sainte et bénie (Sagesse 7:27). » Que pouvons-nous en penser ? Il convient de reconnaître qu’à cause de l’ambiguïté du verset 4, des interprétations et des hypothèses diverses sont possibles. S’il y a effectivement antériorité du Logos dans la relation « logos - zoè », la « zoè » est une modalité du Logos. Nous formulerons notre hypothèse avec une nuance différente. « Zoè » (la vie) est un mouvement du « Logos ». Il est remarquable que l’auteur du Prologue johannique n’ait pas employé « zoè » avec l’article défini, « è ». Il s’agit donc de la « vie » au sens le plus indéterminé, et non d’une personnification de la « vie », ni d’une hypostase. Il est préférable de penser que l’auteur du Prologue a voulu désigner un mouvement de vie, et il est tentant de retrouver dans cette expression johannique le début du livre de la Genèse qui parle du « mouvement de l’esprit sur les eaux primitives » (Gn 1:2). Le sens du « Logos » (èn autô... en lui) est « vie », énergie vivante, potentialité et devenir en germe, comme la semence est potentialité de la plante. C’est la même relation entre la semence et la plante qu’entre le « èn autô zoè » (en lui, vie) et « è zoè èn tô phôs tôn anthrôpôn » (la vie était la lumière des hommes). Ainsi s’accomplit le passage des ténèbres à la lumière, le surgissement du « sens » au sein du « non-sens », l’apparition de l’« être » au sein de l’« informe » et du « chaos ». L’ambigu, l’équivoque et l’opaque devient (égénéto) réalité vivante et existante ; la sortie du « chaos premier » vers « l’être du monde ». « kai tô phôs èn tè skotia phaïneï » (et la lumière luit dans les ténèbres) (Jn 1:5). |
le 13 mars 1969 |
tc194000 18/08/2018