ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Sous le Christ, Jésus :

Le portrait de Jésus sous la fresque de Marc






Lettre aux éditeurs




ASSOCIATION JEAN-BAPTISTE VICO




À l’attention du Directeur littéraire



Monsieur,


   Nous vous prions de trouver ci-jointe une brochure, présentant le travail en cours de M. Ennio Floris. Celui-ci est réalisé avec le soutien de notre Association. Le manuscrit du premier volume pourra vous être transmis sur simple demande de votre part.

   Le titre de l’œuvre, SOUS LE CHRIST, JÉSUS, Le portrait de Jésus sous la fresque de Marc, s’inspire de la technique récente de « dépose » des fresques, technique qui permet de retrouver, sous la surface peinte, le croquis – la « sinopie » – qui lui a servi d’esquisse.
   Pour E. Floris, l’évangile de Marc est analogue à une fresque. Il pense qu’une « dépose » est possible, conduisant à retrouver, sous la figure « christique » dépeinte par Marc, un croquis de la personne de Jésus.
   Plus précisément, ce croquis sous-jacent au récit de Marc serait un autre récit, une autre interprétation de la vie de Jésus, opposée à celle de Marc mais renvoyant aux mêmes faits. Marc se serait fondé sur ce récit pour écrire son évangile, tout en en renversant la signification.
   En analysant le texte de Marc par une méthode quasi « archéologique », il serait possible de retrouver le récit sous-jacent et, à partir de là, en repérant les faits communs auxquels les deux récits se rapportent, de reconstituer en dehors de toute interprétation les grandes lignes de l’histoire de Jésus de Nazareth.
   Le manuscrit qui vous est proposé, Sur les bords du Jourdain, représente une première étape, essentielle, dans cette voie.

   E. Floris aborde le texte de Marc sans a priori éthique ou théologique, en dehors de tout présupposé de foi. Sa recherche, qui se veut scientifique, prend appui sur plusieurs disciplines et leur apporte sa propre contribution, en y opérant des déplacements et des mises en question. En effet, dans son itinéraire intellectuel, E. Floris a rencontré et approfondi ces différentes disciplines. Théologien et philosophe de formation – il est docteur en théologie et docteur en philosophie – il s’est penché de manière approfondie sur les mythes grecs et romains, et a travaillé sur l’approche historiciste de J.B. Vico. Ses compétences et ses recherches s’interpellent l’une l’autre, E. Floris étant particulièrement bien placé pour confronter leurs différents éléments. Notamment, sa réflexion sur les rapports entre théologie et mythes, mythes et histoire, l’a amené à poser de façon nouvelle le problème du langage.

   À propos de l’évangile de Marc, E. Floris constitue une nouvelle méthode d’approche des récits, l’analyse référentielle, permettant de passer d’un récit à sa référence. En restituant au signe sa relation avec la « chose » – l’« objet de pensée » de la parole – il opère en linguistique une coupure méthodologique différente de celle de Saussure, et ouvre ainsi à cette discipline un nouveau champ de recherche.

   E. Floris retrouve dans le récit de Marc les traces de son propre processus de production. Il parvient ainsi à rendre compte d’un grand nombre des problèmes que ce texte posait aux exégètes et aux théologiens (anachronismes, ruptures de sens, etc.). Son travail s’apparente, quant à l’actant « Jésus » de ce récit, à la « démythologisation » effectuée par Bultmann sur le kérygme des évangiles.

   La démarche d’E. Floris s’appuie sur de nombreux cas où, dans l’histoire hébraïque, grecque ou romaine, la vie d’un homme a été interprétée et racontée à la lumière de la « personnalité » mythique qui lui avait été reconnue après sa mort. Il analyse cette interaction entre mythe et histoire, ses sources et son impact dans la conscience des hommes. Son approche de l’histoire de la culture précise et enrichit celle de J.B. Vico.
   Ainsi, en analysant le texte de Marc, E. Floris démonte le mécanisme par lequel s’est constitué le mythe de « Jésus-Christ ». Il cherche à séparer ce qui est propre à Jésus de ce qui appartient au Christ de la foi. Il s’efforce ainsi de rendre à l’Histoire cet homme à la fois extraordinaire et attachant, jusque-là caché derrière la narration des évangiles.

   Dans une période où les systèmes figés d’explication sont en crise, paradoxalement l’histoire redécouverte de cet homme peut nous interpeller. Elle ouvre peut-être un espace nouveau à notre recherche du sens, dans une dynamique sociale ouverte.



   Pour ces diverses raisons, notre Association apporte son appui à la publication de l’ouvrage d’E. Floris.
   L’association J.B. Vico est constituée de gens de professions et de sensibilités diverses (scientifiques, ingénieurs, artistes, enseignants, socio­logues, éducateurs, issus du protestantisme, du catholicisme, ou non chrétiens), rassemblés par leur intérêt commun pour l’herméneutique critique de la culture et de l’histoire. Elle a pour objet le développement de la recherche concernant les relations entre la religion et la culture, la société, l’engagement social et politique, à la lumière notamment de l’historicisme de J.B. Vico.

   Elle a apporté son soutien pour la réalisation du travail d’E. Floris, car elle est convaincue que la publication de son livre peut rencontrer l’intérêt d’un public varié, tant par son thème que par les méthodes qu’il met en œuvre.

   Nous attirons donc tout particulièrement votre attention sur la brochure de présentation ci-jointe, et espérons qu’elle suscitera votre intérêt. Dans ce cas, nous serons heureux de vous faire parvenir le manuscrit du premier volume.
   M. Ennio Floris et nous-mêmes sommes également à votre disposition pour vous rencontrer quand cela vous conviendra.
   Nous vous prions d’agréer, Monsieur, l’expression de notre considération distinguée.



Pour l’Association,
Le Président     

Jacques Lochard  



 
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   celle de Robert Gallimard
 






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t240210 : 28/12/2020