ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La  création  de  l’homme  et  de  la  femme



Genèse 5: 1-2




Regard critique d’ensemble



Magnum Dictionarium latinum et gallicum, de P. Danet, MDCXCI





Préliminaire
Sommaire

D'où vient Adam ?

Regard critique d'ensemble



i l’on traduit ce texte mot à mot, on obtient un récit aussi incompréhensible qu’illisible. Étudions cette traduction : « Livre des générations d’Adam : quand Élohim créa Adam, il le fit en ressemblance d’Élohim. Mâle et fem­me il les fit. Il les créa et il les appela du nom d’Adam, le jour où il les créa ».

Dans la première proposition, Adam est un individu, le père du genre humain. Dans la deuxième, Adam est fait à la ressemblance d’Élohim, son créateur. Il est précisé dans la troisième qu’il les a faits mâle et femelle. Pour­quoi « les a-t-il faits » et non « l’a-t-il fait » ? Cette pro­position n’est-elle pas la suite logique de la précédente, dont le sujet est Adam ?


Dans la nouvelle proposition, on change donc de sujet, car il ne s’agit plus d’un homme, mais de l’homme et de la femme.
   Mais si le sujet est changé, comme il est indiqué, pourquoi le pronom est-il employé ? Non seulement c’est superflu, mais en rupture avec la syntaxe du discours. Le récit s’articule donc selon une double signification du mot « Adam », qui se réfère à la fois à la personne du premier homme et à l’homme. Il serait donc illisible si on ne supprimait pas l’équivoque par une modification. On affirme que Dieu a créé Adam, le premier homme, en le faisant à son image alors que dans les dernières proposi­tions rectifiées l’Adam, fait homme et femme, désigne non plus le premier homme, mais l’homme. Le discours retrouve son sens, si l’on remplace le pronom « les » par « le », et si on interprète « Adam » comme signifiant « l’homme ».


D’où vient cette équivoque ? Il ne faut pas oublier que ce texte, comme celui de Gn 1: 26, dont il s’inspire, annonce une parole nouvelle, celle de l’existence du monde et de l’homme par création et non par génération. Nouvelle, parce qu’elle était précédée par le mythe selon lequel le monde et l’homme viennent du divin par génération. L’équivoque surgit parce que les écrivains craignaient que les lecteurs soient tellement conditionnés par le mythe de l’origine de l’homme par génération qu’ils ressentent la nécessité de le refouler. On peut d’ailleurs supposer que les écrivains étaient tellement imprégnés du principe de la génération qu’ils ont été contraints de recourir à une dialectique de pensée qui violait l’allure narrative de leur discours.


Même refoulé, le principe des origines par génération a émergé de leur inconscient, et a résisté au principe de la création. L’opposition se fait si forte dans la pensée qu’elle transgresse le discours. Il s’agit bien d’une aporie et non d’une erreur.


Notons cependant que, malgré cette intention de dé­mythologisation, leur discours demeure mythique, car il s’agit bien d’une représentation de la création par transfert de l’image que les hommes ont d’eux-mêmes. Si, dans le récit mythique, l’homme est bien à l’image et à la ressemblance de Dieu, en réalité Dieu est fait à l’image et à ressemblance de l’homme. Il suffit de se rapporter au récit de la création de l’homme dans le texte yahviste de Gn 2.




Le 16 janvier 2000




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t442000 16/01/2017