ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



L’homme  à  la  main  sèche



Marc 3: 1-6 ; Matthieu 12: 9-14 ; Luc 6: 6-11




Commentaire







Les textes

Commentaire

Le travail le jour du sabbat

Reconstitution des informations

Interprétation des informations par les évangélistes

Sens et interprétation





   Cette guérison s’opère à la synagogue de Capharnaüm, où Jésus se rend pour la deuxième fois à la fin de sa tournée en Galilée (Mc 1: 33-39). Cette première période de la vie publique de Jésus va de Capharnaüm à Capharnaüm : le point qui en marque le commencement et la fin est la synagogue de cette ville. La première fois qu’il s’y était rendu, il avait chassé des esprits impurs d’un démoniaque (Mc 1: 23-28), cette fois, il guérit la paralysie de la main d’un homme.

   Le fait est aussi simple que bref, et peut être résumé en quatre points.
   Premièrement Jésus, en entrant dans la synagogue, y trouve, entre autres, un homme à la main sèche, inlassablement suivi par des responsables du lieu pour voir s’il allait le soigner.
   Deuxièmement, après avoir appelé cet homme à se mettre au milieu, il s’apprête à défendre le principe selon lequel on doit soigner les malades aussi le jour du sabbat.
   À sa plaidoirie, les responsables de la synagogue répondent par un silence méprisant, au point que Jésus se met en colère.
   Enfin, Jésus s’adresse à l’homme à la main sèche, lui ordonnant de l’étendre, et il l’étend. Jésus opère donc un miracle de guérison.

   Un doute, cependant, surgit à ce moment dans l’esprit du lecteur, car l’ordre donné par Jésus d’étendre la main peut être motivé par deux raisons : pour que cet homme sache que sa main est guérie, ou pour le contraindre à avouer, par le fait, qu’elle est saine et qu’il en simulait l’arthrose. Bref, il s’agirait de la part de Jésus soit d’un miracle de guérison, soit de la dénonciation d’un piège que les pharisiens lui auraient tendu pour qu’il accomplisse un faux miracle. En effet, Jésus emploie un impératif catégorique qu’il adressait d’habitude à la maladie causant le mal dont l’infirme était victime, et non pas au malade, le miracle étant une force de libération du mal par la puissance divine.
   Ce doute nous étonne et nous oblige à rechercher la cause du double sens, qui peut être attribué à une erreur d’écriture ou à l’intention de l’écrivain. Dans ce dernier cas, il refoulerait un fait décrit par l’information en le remplaçant par un fait qui s’y oppose, il remplacerait la fin de la simulation d’une maladie par un miracle de guérison. Mais le changement laisse ses traces dans le récit.

   Une lecture du récit qui ne supposerait pas chez le lecteur un souci de vérité peut bien se passer de résoudre ce problème. D’ailleurs, son interprétation ne peut s’appuyer que sur l’affirmation du récit que « sa main fut guérie » (Mc 3: 5 ; Lc 6: 10). Mais une lecture critique ne peut pas le négliger pour découvrir pleinement son sens. Le critique n’a pas de complexes et doit mettre à nu le récit ; naturellement, dans cette analyse, il ne peut suivre qu’un schéma hypothétique qui cependant doit le conduire à la vérité.
   Je suppose donc que l’auteur de l’évangile se trouve devant un texte d’information selon lequel Jésus, se trouvant dans la situation de devoir guérir un faux malade, non seulement s’abstient de le guérir, mais en démasque la tromperie. Je chercherai, à partir du récit de l’évangile, à reconstituer le sens du récit d’information dont il s’est servi. Ensuite, j’analyserai à nouveau le récit pour savoir s’il nous permet de valider cette hypothèse. S’il la confirme, il conviendra de rechercher pour quelle raison l’auteur de l’évangile a changé le sens de l’information.
   Deux récits, donc : l’un qui reconstitue le jugement porté par Jésus sur l’homme qui simulait la main sèche, l’autre la guérison qu’il aurait opérée sur le même individu, en ne supposant pas l’existence de cette simulation. Il est cependant opportun de préciser que les deux récits que je propose de faire ne relèvent pas d’une analyse exacte, disons « scientifique », du récit de l’évangile, mais de deux lectures interprétatives, l’une à partir de la présupposition que Jésus révèle l’intrigue qu’on lui avait ourdie afin qu’il opère un soi-disant miracle de guérison sur un homme sain, et l’autre ne supposant pas cette intrigue sur le miracle de guérison. Les deux interprétations permettront au lecteur de saisir dans le récit le mélange de deux faits, l’intrigue d’un faux miracle et le miracle de guérison.






Le 22 février 2008




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t401000 : 30/10/2017