e développement des Centres Régionaux en France est étroitement lié à l’évolution des problèmes concernant l’Église-monde. Nés pour une ouverture de l’Église vers le monde, pour aider les Églises à redécouvrir en tout moment de leur situation historique leur service pour le monde, ils doivent suivre la réflexion théologique et l’action qui concernent cette ouverture et ce service. Nés pour les Églises, ils se sont situés dès le début ni tout à fait dans les Églises, ni tout à fait au dehors, mais en marge, comme un pont qui puisse permettre le contact, le dialogue, entre les Églises et les institutions propres au monde.
Selon les processus propres à la réflexion théologique concernant l’Église et le monde, nous pouvons établir trois étapes :
a) Théologie propre au département des laïques du Conseil œcuménique des Églises, avec pour mot d’ordre le témoignage « professionnel », dans et par la profession. Les Centres ont organisé des groupes professionnels en vue de ce témoignage et ils ont réfléchi sur la nature de ce témoignage. Toute l’action des Centres était portée sur la personne des chrétiens, afin de les préparer au témoignage dans leur milieu. On ne saisissait le monde et l’Église en tant qu’institution qu’indirectement.
b) L’assemblée de Montbéliard (3). On y a mis en relief la nécessité de l’apport des laïcs dans l’action et dans la pensée de l’Église. On a reconnu la validité de l’Église dans la mesure où elle est au service du monde. On a jeté les jalons pour une mise en question de toute institution ecclésiastique fermée. On a parlé de cette assemblée comme d’une « Pentecôte », une prise de conscience du véritable être de l’Église, car elle n’est pas pour elle-même mais pour servir.
c) L’assemblée d’Aix en Provence (4). Nouveau mot d’ordre : « l’Église pour le monde ». Ce mot d’ordre traduit une nouvelle pointe, à savoir la primauté donnée au monde dans l’ordre du salut. L’Église reste comme le service du Christ dans le salut du monde. Ce qui a été important dans cette assemblée, c’est cette pointe, qui a révélé un moment nouveau dans l’Église. Entre un monde qui, par la science et la technique, l’industrie, le travail, la socialisation et la planification parvient à s’emparer de toute la ligne horizontale de la vie humaine et des Églises qui doivent se contenter d’une ligne verticale qui les unit à un Dieu qui ne semble pas s’intéresser au monde et auquel le monde ne s’intéresse plus, on se demande quelle est encore la réalité, la signification, le message, de l’Évangile pour les hommes.
Il n’y a pas eu d’accord à Aix sur ce problème de fond, mais on en a confié l’étude et l’approfondissement à un colloque, sous le patronat de la Fédération protestante. Ce colloque a eu lieu à Paris l’année dernière, et a réuni des hommes de plusieurs tendances. On n’a rien conclu, mais il a été d’une grande importance pour souligner le moment historique dans lequel vivent les Églises, ainsi que l’ampleur d’un problème qui, du témoignage individuel des chrétiens dans le monde, passe à l’existence même des Églises dans leur théologie, dans leur culte, dans leur structure. Ce colloque, tout en révélant une vive tension, a rendu possible un dialogue qui doit maintenant se poursuivre à l’échelon paroissial.
Les Centres, eux, n’étaient pas encore officiellement reconnus lors de l’assemblée d’Aix. Ils ont été reconnus par cette assemblée comme faisant partie du « Département d’étude et de recherche » de la Fédération protestante. Existant jusque-là presque en cachette, ils sont maintenant appelés à jouer un rôle direct et officiel au sein de chaque région.
Ils ont été définis comme étant des « laboratoires », toujours en marge des Églises, pour les Églises. Dans le cadre de cette ouverture et de cette recherche qui se développent au sein de la Fédération protestante, ils doivent être dans chaque région le lieu du dialogue, de la rencontre, de la recherche et du renouveau. Ils ne veulent pas être un institut de culture religieuse, ni une école de formation, mais un ensemble d’équipes, tirées de l’Église et du monde, pour parvenir à travers le dialogue à la solution et à l’approfondissement du problème de l’ouverture de l’Église au monde. Ils veulent rester – même s’ils sont soutenus par les Églises – toujours entre les Églises et le monde, en vue de leur dialogue.
Actuellement (5), sept Centres existent : Liebfrauenberg, Villemétrie, Centre de l’Ouest – à Celles-sur-Belle, Rencontre du Midi – à Sète, Glay, Nord et Grenoble. Ils sont liés par des contacts fréquents et des rencontres annuelles. Cette année un congrès commun se tiendra à Villemétrie, afin de coordonner notre travail et d’approfondir le problème de fond de la théologie d’aujourd'hui (6).