ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
![]() |
![]() |
![]() |
||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Ennio FlorisL’équivoque catholique |
L’équivoque qui surgit |
|
Introduction La prétention de l’Église catholique L’Église catholique comme monde Deux questions pour conclure |
Et puisque ces communautés sont des sectes, elles ne peuvent pas, aux yeux de l’Église catholique, jouir des droits propres aux personnes morales religieuses, la seule personne morale dans la religion chrétienne étant, pour l’Église catholique romaine, elle-même (c.100). L’unique relation canonique entre l’Église romaine et les autres communautés chrétiennes est donc établie par la discipline pénale du Droit canon, en ce sens que ce Droit considère les membres des communautés comme encore soumis à lui. En effet, ces hérétiques et schismatiques sont des chrétiens auxquels la séparation et l’union qu’ils ont ensuite réalisée sous forme d’Églises, considérées comme crimes, ne confèrent aucun droit, mais seulement les obligent à se soumettre aux peines canoniques de l’Église catholique (c.87). Le deuxième concile de Vatican a changé cette situation. Achevant, en quelque sorte, le procès contre la Réforme ouvert par le concile de Trente, il parvient à reconnaître et à déclarer la non-culpabilité de tous les chrétiens d’origine protestante, en ce qui concerne leur séparation d’avec l’Église romaine. Le Décret sur l’œcuménisme dit : « Ceux qui naissent aujourd’hui dans de telles communautés et vivent de la foi du Christ, ne peuvent être accusés de péché de division et l’Église catholique les entoure de respect fraternel et de charité ». Par cet acquittement, l’Église catholique prend acte de la séparation des Églises dissidentes comme d’une situation de fait, elle reconnaît, en jetant ainsi les bases d’une nouvelle relation avec elles au dehors de la coercition juridique, l’existence de communautés séparées en tant que telles. Elle ne les nomme donc plus « sectes » mais « communautés séparées », et affirme qu’elles « ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut ». Par conséquent, ses membres « portent à juste titre le nom de chrétiens ». C’est cette nouvelle vision théologique qui donne à l’Église catholique la possibilité de nouer, avec les autres communautés chrétiennes, des relations œcuméniques. Puisque ces communautés possèdent le Saint-Esprit, l’Église catholique admet que ce même Esprit « suscite en tous les disciples de Christ le désir et les initiatives qui tendent à l’union paisible de tous, suivant la manière que le Christ a voulue, en un troupeau unique sous l’unique pasteur » (De Ecc. 15). Elle voit donc la séparation non plus d’une façon statique et négative, mais dans la dynamique d’un mouvement vers l’unité des chrétiens qui se réalisera par l’incorporation définitive et totale des chrétiens et des communautés dans la plénitude de l’Église catholique. Cette nouvelle vision théologique devrait amener l’Église catholique à réinterpréter œcuméniquement toutes ses relations avec les communautés dissidentes de telle façon que, dans chacune de ces relations, elle se situe vis à vis d’elles sur un parfait pied d’égalité, respectant leur liberté et leur personnalité de communautés séparées. En fait, l’Église catholique semble distinguer, dans ses relations avec les Églises dissidentes, deux catégories : les relations « œcuméniques » et les relations « normales ». Et si, dans les relations qu’elle considère et déclare « œcuméniques », elle se comporte en égale, dans toutes les relations qui sortent du domaine œcuménique, elle se comporte encore non comme une Église, mais comme l’Église, avec les prétentions totalitaires et exclusives de son Droit. Les Églises réformées ne peuvent pas accepter de situer leurs relations avec l’Église catholique sur deux plans. Pour elles, toutes les relations doivent être œcuméniques. Elles ne peuvent pas accepter ce jeu d’une communauté chrétienne qui, se présentant comme une Église, revendique pour elle tous les caractères de l’Église. C’est une équivoque qui heurte le désir de vérité et d’authenticité qu’elles veulent avoir dans le dialogue. |
t534100 : 07/08/2017