ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Le  témoignage  donné  par  l’ancien  prêtre
au  sujet  de  la  présence
de  l’Église  dans  le  monde



(  Colloque  des  « Nouveaux  Protestants » )






Le témoignage de l’ancien prêtre
pour la présence de l’Église au monde





Introduction

La présence de l’Église au monde

L’expérience de l’ancien prêtre

Le témoignage de l’ancien prêtre


Magnum Dictionarium latinum et gallicum, de P. Danet, MDCXCI ette comparaison nous fait comprendre – d’abord à nous, anciens prêtres, puis aux égli­ses – la nature du témoignage évangélique que nous avons à apporter au monde. Car de même que les disciples d’Emmaüs, après avoir reconnu le Seigneur, sont retournés à Jérusalem, de même nous devons remonter le chemin de l’Église. Nous faisons partie d’une Église non pour en recevoir la foi, mais pour partager notre foi avec elle. Lorsque les disci­ples d’Emmaüs sont arrivés à Jérusalem, au sein de la com­munauté naissante, ils ont été accueillis par ce cri : « Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Si­mon » Lc 24:34 ). Quant à nous, nous pouvons dire que lorsque nous avons été reçus par une Église, elle nous a accueillis avec ce même cri, par sa propre confession de foi. Elle semble nous dire : « le Christ est vraiment res­suscité, et il apparaît à l’Église ».
   On pourrait croire que nous sommes accueillis comme des gens qui n’ont pas encore rencontré le Christ et qui ont, par conséquent, besoin d’être instruits à son sujet sui­vant ce que l’Église croit et professe. Mais nous avons la conviction que nous avons, nous aussi, rencontré le Christ. Et nous restons parfois déçus, et toujours déconcertés, lorsque nous découvrons que le Christ qui est apparu sur notre chemin n’est pas tout à fait le même que celui qui se manifeste dans la communauté dont nous faisons partie. Nous risquons d’être malheureux et d’entrer avec la nou­velle église dans une tension semblable à celle qui nous a conduits à rompre avec l’Église romaine. Car, pas plus que nous n’avions pu accepter alors de renier notre huma­nité, nous ne pouvons aujourd’hui nous résigner à être divisés entre le monde et l’Église.

Heureusement, les églises réformées nous laissent tou­jours la liberté du témoignage de notre foi, même si ce témoignage est en contraste avec celui de la communauté. Nous nous retrouvons dans une situation analogue à celle des disciples d’Emmaüs dont nous devons suivre l’exem­ple. Vis à vis d’une Église qui proclame « le Seigneur est vraiment ressuscité et il est apparu à Simon », les dis­ciples n’ont pas répliqué mais se sont contenté d’ajouter leur témoignage à celui de l’Église. « Et ils racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin et comment ils l’avaient reconnu au moment où il rompit le pain » ( Lc 24:35 ).
   Dans le différend qui peut l’opposer à son Église, l’an­cien prêtre ne doit pas renoncer à son témoignage. Il doit raconter ce qui lui est arrivé lorsqu’il était en chemin ; autrement dit, il doit témoigner au sujet du Christ servi­teur, du Christ redécouvert dans le monde, dans les rela­tions humaines, au moment où on se met soi-même au service des autres. Il doit témoigner de l’efficacité de l’amour pour l’homme, de l’action de l’Évangile pour le développement du monde en vue du Royaume.

Nous, anciens prêtres, nous resterons peut-être, par notre vocation, toujours en tension avec l’Église, poursuivis à ja­mais par une espèce d’excommunication parce que inexo­rablement hérétiques. Mais nous avons conscience que notre hérésie est en fonction de l’Église pour le mon­de. Personnellement, je vous lance cet appel : Essayons de saisir notre personnalité spirituelle dans le déroulement de notre crise, au moment de notre « passage », de notre Pâque à nous, à ce moment où nous avons rencontré le Christ et redécouvert son Évangile – et témoignons-en, sans nous détacher de cette Église dont nous faisons par­tie, mais en y jouant un rôle d’ouverture et de réforme.

Car « l’ancien prêtre » pourra être un « réformé », non pas en se conformant aux traditions issues de la Réforme, mais en suivant le principe inspirateur de celle-ci : celui d’une Église qui se réforme toujours dans la redécouverte jamais achevée de l’Évangile pour le monde.




Colloque tenu en mars 1968




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t535300 : 27/11/2017