ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
Ennio FlorisPour une nouvelle théologie |
La nouvelle théologie |
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Introduction L'opposition La critique La nouvelle théologie |
es nouvelles tendances prétendent sauver les exigences de la conscience moderne tout en restant dans les limites de la recherche théologique. Cela signifie que leur souci est, non seulement l’homme, comme s’il s’agissait de réaliser un « humanisme chrétien », mais aussi le Christ et Dieu lui-même. Elles sont théologiques parce qu’elle veulent rendre Dieu possible à l’homme, et de même l’homme non-contradictoire à Dieu, dans le cadre des Écritures. Constater l’échec de la théologie classique n’est pas chercher à la condamner, mais seulement à souligner la fin d’une époque, l’épuisement d’une longue et complexe réflexion théologique sur la base des catégories de pensée héritées de la philosophie grecque. Mais où trouver ces nouvelles catégories ? Nous pensons que la Réforme avait déjà donné la réponse à cette question : en Jésus-Christ. En effet, ce qui caractérise la Réforme, le principe par lequel elle est toujours actuelle et universelle, n’est pas le « sola scriptura », mais le fait de considérer le Christ des Écritures comme critère unique de la connaissance théologique. Le Christ n’est pas un des objets dont s’occupe la théologie, mais l’événement central, la réalité matrice, l’être par lequel tout objet théologique est connaissable. Le principe d’autorité des Conciles a conduit les Réformateurs à reconnaître comme authentiques, et donc comme ayant autorité en matière de foi, les quatre premiers Conciles qui présentent tous les caractères œcuméniques. Aujourd’hui, la Réforme est placée devant un double choix, qui ne va pas sans lui faire courir de risques ni lui poser de graves questions. En effet, elle est tiraillée entre l’exigence œcuménique qui la pousse à entrer plus avant dans les catégories de la théologie classique, jusqu’à renoncer à son principe révolutionnaire et à l’exigence de l’homme moderne qui l’invite à aller au bout de sa réforme en rejetant les catégories classiques. Par le second choix, la Réforme risque de se mettre en question comme Église institutionnalisée pour se retrouver dans son service des hommes. Par le premier choix, elle parviendra à une forme ecclésiologique plus structurée et plus liée aux autres Églises, mais son esprit sera étouffé par l’institution. Si la Réforme cherche à se sauver comme institution traditionnelle, elle se perdra pour le monde. Au contraire, si elle cherche à être pour le monde, elle risque de se perdre comme institution. Tous ceux qui empruntent la voie nouvelle ont choisi une Église pour le monde ; c’est-à-dire qu’ils désirent les conséquences ultimes des principes de la Réforme, afin de fonder leur réflexion théologique, sans définition préalable, uniquement sur le Christ de l’Évangile. Mais que signifie « fonder la réflexion théologique sur Jésus-Christ » ? Nous voulons dire tout d’abord que Jésus-Christ doit être le point de départ de toute la théologie et qu’une réflexion est théologique à partir de Jésus-Christ. Nous voulons dire aussi que c’est en Jésus-Christ que nous pouvons comprendre les Écritures, car il est la réalité des images, des symboles et des prophéties contenus en elles. Jésus-Christ est donc le thème de toute la théologie, comme il en est la thèse. Pour éviter cette objectivation et afin de ne pas retomber dans une connaissance du Christ préalable a sa compréhension, nous dirons qu’il faut partir du Christ phénoménologique. En effet, l’Évangile présente le Christ non seulement par rapport à sa personne exprimée par différents noms (fils de Dieu, fils de l’homme, roi, Seigneur), mais aussi par rapport à ses actions (ses voyages, sa prédication, ses contacts avec les hommes, sa souffrance et sa mort). Si nous cherchons à comprendre le Christ à partir des noms que la Bible lui a donnés, il sera impossible d’échapper à la tentation de l’ontologisme, et nous le définirons encore par un être qui précède son existence. Il s’agit de voir si, dans la description que les Évangiles font du Christ, il est possible de dégager des catégories universelles qui permettent, précisément, de trouver dans le Jésus de l’Évangile le principe gnoséologique de la théologie. Jetons un rapide coup d’œil sur la courbe que ces prépositions relationnelles tracent dans le quatrième Évangile. Jésus-Christ est présenté dans le Prologue en ce qu’il était en tant que Logos en relation avec Dieu : ce qu’il était au commencement. Mais lorsque ce même Évangile veut définir le Christ en ce qu’il est, il le met en relation avec les hommes. Il est en tant qu’il devient homme. Il est en tant qu’il se donne lui-même pour les hommes. Puisque le « monde » (les hommes) représente l’autre, nous pouvons dire que le Christ est dans la mesure où il est dans l’autre, où il est l’autre, où il est pour l’autre. Cet être relationnel et phénoménologique du Christ prétend ainsi à une valeur universelle, lorsqu’on le compare à l’être ontologique par lequel la théologie classique définit Dieu et le Christ. L’être ontologique a exprimé Dieu comme « être en-soi » ; ici, le Christ se définit « dans l’autre ». Là, Dieu est « soi-même » ; ici, le Christ est « l’autre ». Là, Dieu est « pour-soi » ; ici, le Christ est « pour l’autre ». Or, si la notion d’en-soi et de pour-soi, en dépit de sa puissance logique et systématique, échoue à résoudre le problème fondamental de la théologie, Dieu et l’homme en Jésus-Christ, nous pensons que la nouvelle catégorie de l’être dans l’autre et le pour l’autre peut constituer le principe de la nouvelle recherche. Certes, rien n’est dit encore ; cependant il est possible d’affirmer avec certitude que tout en restant en relation avec l’homme, notre démarche est théologique, puisque cette relation n’exprime rien d’autre que l’existence du Christ lui-même. |
t561300 : 13/12/2017