ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Prométhée et Jésus :
d’Eschyle aux évangiles


(esquisse d’une théologie du mythe)





Introduction :

But et limites de notre étude




Sommaire

Introduction
- La tragédie grecque
- Les tragédies d’Eschyle
- But et limites de
  l’étude


Dieu, le sauveur et la mort

Le mythe d’Io et l’évangile de Marie

Conclusion théologique



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Dans notre étude, nous présentons un parallèle théologique entre la pensée d’Eschyle et l’Évangile, en nous limitant au Prométhée enchaîné. Nous nous intéresserons aussi en partie aux Suppliantes, pour ce qui concerne Io qui accomplit le mythe de Prométhée.

   Nous nous sommes heurtés dès le début à la difficulté de choisir l’orientation de notre recherche. Fallait-il se limiter à une étude critique sur l’influence du mythe de Prométhée dans les écrits néotestamentaires ? Devions-nous nous contenter d’une étude comparative des principes moraux contenus dans le Prométhée et dans les évangiles, ou exploiter le mythe de Prométhée dans le but critique d’une démythologisation de la christologie ? Ces perspectives, pourtant fort intéressantes, ne nous satisfaisaient pas. Elles ne nous donnaient pas la possibilité d’exprimer tout ce que nous avion pressenti pendant la lecture de la tragédie ; elles ne tenaient pas compte de notre conviction que le mythe n’est pas un produit de l’imagination populaire, mais qu’il propose une vérité.
   Reconnaissant dans le mythe une manifestation de Dieu destinée à être éclairée et accomplie par l’Évangile, nous avons donné à notre étude une orientation tout à fait théologique, en cherchant à interpréter le mythe à la lumière de l’Évangile et à étudier l’Évangile par rapport au mythe. Nous avons essayé d’esquisser une théologie du mythe, de la même façon qu’on élabore une théologie à partir d’un mythe, d’un événement, d’une parabole rapportés dans la Bible.

   Ces pages sont l’aboutissement d’une lecture lente et réfléchie du mythe, en même temps que d’une méditation de la Bible. Nous avons cherché à pénétrer la signification du mythe en essayant de le comprendre comme Eschyle l’a compris.
   Au lieu cependant de suivre un chemin rigidement scientifique, nous avons préféré avancer dans la voie psychologique et existentielle, en laissant au mythe lui-même le soin de nous situer vis-à-vis de lui. Nous avons préféré entrer dans les couches psychologiques du mythe plutôt que dans son temps historique. Car le mythe n’est pas une légende que le temps recule dans le passé, mais une expérience vécue dans l’âme. Si l’érudition nous amène à la connaissance des formes dans lesquelles le mythe a été exprimé à des époques différentes, la véritable intelligence du mythe est par contre en nous-mêmes, où il naît du subconscient. C’est seulement après avoir acquis cette compréhension que nous avons pu établir un parallèle théologique entre Prométhée et le Christ, en passant, dans notre esprit, de la foi à la foi.

   Nous ne prétendons pas que ceux qui liront ce travail aient la même foi que nous. Il suffit, pour bien le comprendre, de partir de l’hypothèse d’une continuité théologique entre Prométhée et Jésus, analogue par exemple à celle qui relie Noé et le Christ.
   On comprendra alors pourquoi, dans nos réflexions, le mythe prend des proportions impensables si on s’en tient à une lecture purement scientifique du récit au-delà même de la signification donnée par Eschyle. On ne sera pas choqué non plus si cette théologie mythique semble enfantine, primitive, et parfois étrange. Il ne s’agit pas d’une théologie dogmatique – synthèse de réflexions sur les données de la révélation – mais d’une réflexion qui est un des éléments de la théologie dogmatique.
   Nous avons voulu continuer la fiction théâtrale présentée par Les Grenouilles, en appelant Eschyle du tombeau non pas pour faire rire les hommes mais pour les faire réfléchir. C’est un homme qui croit en Dieu. Il apparaît encore parmi nous afin de connaître lui aussi l’Évangile de Jésus-Christ. Au fur et à mesure que l’auteur du Prométhée lit les évangiles, il ne peut que reconnaître que Jésus de Nazareth est la réalisation historique du Prométhée mythique et que tout l’Évangile accomplit le drame humain et divin qui se dénoue dans sa tragédie.
   Nous prions les théologiens de ne pas rire, comme ces Athéniens trop érudits, trop rationnels, trop évolués, car la théologie d’Eschyle sera un témoignage de l’universalité du Christ et la proclamation de l’unité des hommes en ce que Dieu s’est manifesté Père pour eux.



c 1960




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t900300 : 24/12/2017