ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisProméthée et Jésus : |
Introduction : |
Sommaire Introduction - La tragédie grecque . L’apparition des dieux . Déméter et Dionysos . La tragédie, un rite - Les tragédies d’Eschyle - But et limites de l’étude Dieu, le sauveur et la mort Le mythe d’Io et l’évangile de Marie Conclusion théologique . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
L’apparition des dieux en GrèceLa religion grecque a été dominée, comme le sera ensuite la philosophie, par un dualisme métaphysique de l’être. L’antithèse qui s’affermira, en philosophie, entre l’idée et le devenir (Platon), l’acte et la puissance (Aristote), est déjà annoncée par la religion, dans l’opposition entre la nécessité et l’événement, le Destin et l’homme. L’ananke saisit l’événement humain avec une violence telle qu’elle va jusqu’à le cristalliser d’avance dans le déterminisme de la loi éternelle. La piété, dès le début, exprimait la crainte et l’étonnement de l’homme vis-à-vis de la fatalité du Destin. Les mortels ne pouvaient pas donner un visage au Divin, tant il était inhumain, nécessaire, absolu dans ses interventions. Ils le saisissaient dans les événements catastrophiques de la nature, dans les maladies et la souffrance, dans l’expérience de la mort surtout. Invisible, impersonnel, Dieu se manifestait comme une loi inexorable qui rétablissait l’ordre de l’être contre la démesure, au-dessus de tout sentiment, de toute piété, de toute espérance. La religion était, de la part de l’homme, l’acceptation de l’inévitable, de l’absolu, de ce qui doit se passer. L’apparition des dieux marque une nouvelle étape, qui bouleversera la piété populaire aussi bien que la théologie des savants. Les dieux apparaissent tout d’abord par l’effet d’une exigence anthropomorphiste de l’esprit humain. L’évolution de la raison donne à l’homme la conscience de pouvoir exprimer l’inconnaissable de Dieu par rapport aux manifestations cosmiques de son intervention. Ne pouvant pas connaître le Divin dans sa logicité (logos) intérieure, on le saisit par rapport à la logique des événements. Tout en restant invisible et inconnaissable en lui-même, inhumain au-dedans, Dieu prend forme et figure à l’extérieur, par rapport à la naissance et à la mort, à l’angoisse et à la joie de l’homme, à l’amour et à la haine, bref par rapport à tout ce que l’homme reçoit et subit, sent et vit. Mais les dieux prennent aussi une personnalité qui leur est propre : masques du Divin, ils deviennent des êtres détachés du Destin, intermédiaires entre lui et les hommes. L’art, par les sculptures des grands maîtres, leur a donné un corps et une dimension dans l’espace humain. L’homme ne pourra s’élever vers le Destin qu’en passant par les dieux, et le Destin lui-même n’atteindra les hommes qu’à travers eux. Les dieux ont pour rôle d’humaniser les lois de l’ananke, de la rendre raisonnable, acceptable, à l’homme. C’est ainsi que, dans l’Olympe, les dieux naissent et se multiplient, s’unissent et se divisent, se réjouissent et s’attristent ; ils vivent pour démontrer aux mortels que la loi imposée par le Destin est en fonction de l’homme, puisqu’elle exprime la mesure de la vie humaine. Et les mortels de leur côté, n’accédant au Destin que par les dieux, voient s’évanouir leurs craintes. Les dieux, hypostatisés dans leurs statues, sont à la portée du sentiment et de la sensibilité des humains. Si le Destin reste toujours immuable et insensible, les dieux, par contre, peuvent se réjouir et pleurer, s’émouvoir et s’irriter. L’homme trouve en eux des consolateurs, des conseillers, des protecteurs et, renonçant à savoir ce qui se passe dans le Destin, il s’abandonne à eux, cherchant à les attirer par ses prières, ses sacrifices, ses larmes et ses chants. Cette piété olympienne, cependant, ne satisfaisait pas les exigences profondes de l’âme populaire. Si l’art avait amené les dieux sur la terre, il ne pouvait pas transporter l’homme dans l’Olympe. Le Divin restait caché derrière le masque des dieux. En rendant le Destin raisonnable, les dieux ôtaient à l’homme le sens du mystère, la possibilité de communiquer avec l’être divin. Les yeux fixés sur ces personnages qui se mouvaient dans les temples avec élégance et harmonie, les hommes n’avaient plus aucun contact avec le Dieu véritable qui est Puissance de vie et de mort, Force de l’absolu pénétrant au plus intime de l’être humain. Le culte olympien ne se maintint dès-lors qu’en tant que manifestation publique, valable pour les masses assoiffées de splendeurs civiques. Mais lorsque les foules se dispersaient, chaque individu se trouvait repris par la solitude de son être, séparé de Dieu ; les célébrations officielles l’avaient un moment détourné du mystère, sans apaiser toutefois son besoin de Dieu. C’est pourquoi l’homme, abandonnant toute responsabilité civique, s’efforça d’atteindre Dieu sans passer par les divinités de l’Olympe. L’individu laissait à l’État la religion de la raison, de l’ordre et de l’équilibre, pour chercher ailleurs une religion d’exaltation et d’extase, une communion avec Dieu. |
![]() ![]() ![]() ![]() t900110 : 24/12/2017 |