ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisProméthée et Jésus : |
Introduction : |
Sommaire Introduction - La tragédie grecque . L’apparition des dieux . Déméter et Dionysos . La tragédie, un rite - Les tragédies d’Eschyle - But et limites de l’étude Dieu, le sauveur et la mort Le mythe d’Io et l’évangile de Marie Conclusion théologique . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Déméter et DionysosEn quittant les temples des dieux, les gens se portaient à Éleusis, séjour de Déméter, la déesse Terre, mère des vivants. Le mythe de Coré, fille de Déméter, retrouvée par sa mère après avoir été enlevée et emmenée dans l’Adès, donne au culte de la déesse le caractère d’un mystère. Coré perdue et retrouvée, morte et ressuscitée, était le symbole de la semence qui, jetée dans la terre comme un corps mort, renaît ensuite à une vie nouvelle. Elle était de même l’image de l’homme qui, prisonnier de l’Adès, sera ensuite délivré de la tyrannie des dieux inférieurs parce qu’il participera d’une vie divine. La piété s’inspirait des phénomènes de la nature – le cycle des saisons, la naissance et la mort des êtres – que le mythe faisait redécouvrir dans sa signification profonde. Coré donnait au peuple une espérance contre la souffrance et la mort, un moyen de purification de l’hubris en vue d’une vie nouvelle. Le rite était l’initiation à ces mystères, l’entrée de l’homme dans la dimension mystique pour suivre Coré sur le chemin qui l’amène à se perdre et à se retrouver, à entrer dans le règne des morts et à en ressortir. C’est aussi à la même époque que Dionysos apparaît en Grèce. Venu de l’Orient, il apporte sur cette terre d’ordre et d’équilibre un souffle d’exaltation. Sous la forme d’un taureau, il vient déshumaniser la divinité et la présenter comme puissance d’être et de nature. Si les dieux olympiens peuvent être vus et touchés, Dionysos lui, en tant que taureau peut être mangé. Le divin devient nourriture de l’homme. La religion olympienne avait donné aux hommes la possibilité de voir de loin le repas des dieux, sans pour autant les faire asseoir à leur table. Mais le rite de Dionysos invite les hommes à partager le repas des dieux pour se nourrir de la même immortalité et boire de ce vin qui ouvre les esprits à la connaissance du passé et du futur. Les barrières infranchissables qui séparaient les hommes des dieux sont rompues : l’homme peut devenir dieu, parce que dieu devient homme. La danse des bacchantes exprimait le rite de la transformation de l’homme en dieu. Ivres jusqu’au délire, ces femmes déguisées en bêtes devenaient les possédées du dieu dont elles recevaient la force et la prévoyance. C’était le moment de l’extase de l’homme, de son exaltation à la condition divine, de sa délivrance de la loi humaine qui asservit et lie à la terre. Les dieux olympiens apparaissaient alors comme des êtres ridicules, des divinités mortes, momifiées dans leurs statues. L’hypostase du dieu ne se réalisait pas dans le marbre, mais dans l’homme lui-même qui, par le vin, participait à la divination, et par la viande crue du taureau à la force et à la puissance propres aux dieux. Les paroles que les bacchantes prononçaient au moment de leur extase n’étaient plus celles de l’homme, mais du dieu qui parlait par l’homme. Il s’agissait de propositions rythmées, de vers qui brûlaient encore de toute la véhémence de leur inspiration : plaintes et lamentations, cris de souffrance et de joie, mais aussi éclairs lancés pour redécouvrir le passé et dévoiler le futur. En devenant homme, le dieu ne pouvait que souffrir. Il souffrait d’être enfermé dans un corps, de devenir lourd, aveugle et mortel ; il peinait de toute l’angoisse humaine. Le dithyrambe, ce vers de feu qui sort de la bouche de la bacchante enivrée, est la lamentation du dieu dans l’homme en même temps que le langage nouveau de l’homme devenu dieu. Quelle différence avec les oracles des dieux olympiens dans lesquels la parole de dieu est mesurée, adaptée, équilibrée, toujours porteuse d’une volonté qui n’a pas de pitié pour l’homme, parce qu’elle exprime l’obligation d’un ordre déjà établi ! Le dithyrambe, par contre, est dans l’homme, la parole de dieu qui donne une réponse aux humains après s’être incarné dans leur souffrance. Le culte de Déméter et de Dionysos créa une nouvelle religion. Le peuple grec était profondément divisé dans son âme. Il n’était pas possible de concevoir une disparition du monde olympien, car toute la civilisation grecque, la « polis » toute entière était le reflet de cette harmonie divine. Mais il n’était pas possible non plus d’empêcher la célébration de ces mystères, par lesquels l’homme avait accès au divin. Le peuple grec, toujours porté à l’équilibre et à l’harmonie des oppositions, ne pouvait pas permettre cette division religieuse. Les fêtes dionysiaques, d’ailleurs, permettaient la fusion des deux tendances, précisément par la danse des bacchantes et le dithyrambe. Ces femmes ivres et déguisée jouaient le rôle du dieu. Le dithyrambe, par contre, était la lamentation du chœur en même temps que le dialogue des personnages, enfin la souffrance des acteurs exprimait (c’est le thème de toute action tragique), l’angoisse des hommes oppressés par la loi du Destin. Rite représentatif d’un mystère propre à dieu et à l’homme, la danse des bacchantes était aussi la première forme du théâtre sacré où les hommes jouent le rôle des dieux. |
![]() ![]() ![]() ![]() t900120 : 24/12/2017 |