La  crise  du  protestantisme  français

   

Analyse institutionnelle

   De son côté, Jean-Paul Willaime(1), s’inspirant de l’« analyse institutionnelle » de René Lourau(2), constate que l’unité de toute forme sociale n’est jamais une totalité achevée et figée, mais qu’elle est toujours contestée par un principe de négativité interne, par la « transversalité des appartenances et des références » (p. 132). Un ensemble social n’est jamais pleinement intégré : une « institution n’est jamais pleinement de l’institué, un ensemble intégré ayant une unité positive ; mais elle est une « totalisation en cours », qui n’a jamais fini de se totaliser » (p. 132). Dès lors, il s’agit de rechercher à l’intérieur du groupe social (en l’occurrence, l’institution ecclésiale protestante) les indicateurs de négativité, les « lieux d’émergence des conflits, on verra alors que les rapports de négation qui font et défont sans cesse l’institution, ont quelque chose à voir avec les rapports humains de négation que sont les conflits » (p. 128).


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1 Jean-Paul Willaime : « Institutions ecclésiales et conflits », 3° Colloque de Sociologie du Protestantisme, Strasbourg 1972. Crises et mutations institutionnelles dans le Protestantisme français, pp. 128-139.   

2 René Lourau : L’analyse institutionnelle, Paris, Éditions de minuit, 1970. « Si l’on parle d’analyse institutionnelle, c’est parce que les organisations sociales de tout type qu’étudie la sociologie, ne sont pas réductibles à des systèmes positifs qu’il suffirait de démonter. Ce sont des totalités partielles, à ce titre doublement travaillées par la négativité. Parce que totalités, elles présentent la négativité formelle qui s’attache à tout fait social positif, en tant que toute positivité simple et immédiate contient déjà sa propre négation. Parce que partielles, c’est-à-dire subsumées par l’ensemble des formes d’organisation qui constituent le système social, elles peuvent entrer en opposition absolue avec le système. Prise entre la négativité formelle et la négativité absolue, l’organisation ne peut pas être considérée comme un fait social purement objectif : une intervention impliquant l’observateur suppose une analyse de cette implication ». (Analyse institutionnelle p. 18).