ANALYSE RÉFÉRENTIELLE
ET ARCHÉOLOGIQUE
Ennio Floris
La multiplication des pains
Marc
6:
30-45
L’événement miraculeux de la multiplication
comme sacrement
Prologue
Du banquet miraculeux au repas
Marc et le miracle
La multiplication comme sacrement
Jésus et Jésus-Christ
e viens d’affirmer que, dans
le texte des
Rois
, la multiplication des prémices est attribuée à
Dieu, tandis que dans celui de
Marc
elle l’est à
Dieu et au
prophète
Jésus.
Celui-ci est un homme, dans lequel le
Fils de
Dieu s’est incarné. Cette dualité d’appartenance apparaît dans l’événement de la multiplication des pains, car dans la mesure où elle vient de
Dieu, celui-ci reste caché, comme dans
le récit des
Rois
. Mais venant de
Jésus, il est exprimé par des actes concrets et visibles
qu’il accomplit.
Portons à nouveau un regard sur le texte. Aussitôt que le peuple est invité à s’allonger à terre pour être prêt au repas,
Jésus accomplit sur les pains des actes signifiants : «
Prenant alors les cinq pains et les deux poissons,
il leva les yeux au ciel,
il bénit, rompit les pains et les donna à
ses
disciples pour les leur servir.
»
Soulignons ces actes dans lesquels les pains et les poissons prennent un sens en fonction du repas : ils sont bénis, coupés, donnés en morceaux aux
disciples pour être distribués au peuple. Actes qui donnent aux pains et aux poissons une valeur qui dépasse leurs limites pour satisfaire la faim de ceux auxquels ils sont donnés. Actes donc qui ne sont que des signes des virtualités acquises par l’intervention de
Dieu, par
Jésus. Cette virtualité reste cachée et mystérieuse dans son être, mais comme révélée par des actes qui la signifient.
Par leur fonction, ces signes constituent un rite. Ils sont accomplis non pour se rapporter à eux-mêmes, mais à la valeur du repas, rendu possible par l’intervention personnelle de
Dieu par la médiation de
Jésus. Celle-ci suppose que
Dieu est coexistant avec
Jésus, en tant qu’il est le
Christ.
Le rite ne serait donc qu’un ensemble de signes – paroles, gestes ou actes – se rapportant à des valeurs venant dans l’existence humaine par
Jésus-Christ. L’intervention de
Dieu dans l’existence humaine est au-delà des limites de l’ordre de la nature.
À ce point, la compréhension du récit nous oblige à nous rapporter à un autre texte, où
Jésus emploie les mêmes signes mais en fonction d’une valeur qui dépasse sa nature. «
Et, tandis
qu’ils mangeaient,
il prit du pain ; le bénit, le rompit et le
leur donna en disant : « Prenez ; ceci est mon corps ». Puis, prenant une coupe,
il rendit grâce et la leur donna et
ils en burent tous
» (
Mt 26:
26-27
;
Mc 14:
22-23
).
Multiplication du pain et du vin ? Non, mais nourriture de pain et de vin en rappel du corps que
Jésus offre en rachat de la peine de mort que l’homme subit par son péché, et de son sang répandu pour accomplir l’alliance des hommes avec lui. Les signes sont matériellement les mêmes, mais leur signification est différente. Dans cette dernière, il s’agit de la libération de l’homme de la mort ; dans la première, de la protection de
Dieu sur la même existence humaine relativement aux besoins et aux dangers qui la menacent.
Le 8 novembre 2007
t363000 : 27/01/2019