ANALYSE RÉFÉRENTIELLE
ET ARCHÉOLOGIQUE
Ennio Floris
La multiplication des pains
Marc
6:
30-45
Jésus et Jésus-Christ
Prologue
Du banquet miraculeux au repas
Marc et le miracle
La multiplication comme sacrement
Jésus et Jésus-Christ
ne question se pose au terme de ces réflexions :
Jésus est-il le
Christ parce qu’on ne pouvait
le comprendre et
le définir que par l’interprétation du
Christ des Écritures qui s’actualiserait en
lui, ou, croyant
qu’il est le
Christ des Écritures, cherche-t-on logiquement à ne
le définir que par elles ? En effet nous sommes parvenus à comprendre le banquet offert aux foules par
Jésus sans avoir besoin des miracles qui le garantissent dans le texte de
Marc
.
Ces miracles n’ont donc pas été introduits parce qu’ils ont fait partie de la réalité du repas, mais ont été des thèmes destinés à donner au récit un sens qui était étranger à la réalité. Or, puisque ces miracles auraient été accomplis par
Jésus dans la mesure où il était le
Christ, ce titre de
«
Christ » demeure au dehors de la réalité de son être.
On dira qu’un seul récit ne suffit pas à formuler comme thèse une telle affirmation. Bien sûr ! Mais il se trouve que les analyses que j’ai menées sur d’autres textes, comme ceux sur la résurrection, sont suffisamment nombreuses et claires pour nous conduire à cette thèse. Il suffirait de rappeler que
la foi en la résurrection
ne naît pas à partir d’un témoignage de l’événement, mais d’un phénomène tout à fait étranger : l’absence du corps de
Jésus du tombeau. On ne peut faire appel à la résurrection, pour expliquer l’absence du corps, sans prouver d’abord qu’elle n’est redevable ni à son déplacement, ni à un vol. De même, affirmer
qu’il est ressuscité à partir de la présence dans le tombeau des pièces de linge du défunt, comme si elles ne pouvaient pas appartenir à un autre mort. Ou la présence des bandelettes, alors que
Jésus avait été enroulé dans le linceul sans bandelettes. Mais arrêtons-nous avant d’en faire une thèse, pour ne rester que dans le doute.
On ne peut cependant négliger de diriger aussi notre attention sur une zone du même problème, celui concernant
Jésus. Si
«
Christ » est un titre gratuit, on doit reconnaître qu’en cherchant à comprendre et à définir
Jésus comme
Christ, on refoule
Jésus, et aussi le sens
qu’il mettait dans ses paroles et dans ses actes.
Pour ne rester que dans notre thème, je rappellerai la différence de finalité entre le banquet obtenu par des miracles et celui mis en route par
Jésus. Dans le repas miraculeux, on rappellera la croyance en
Jésus comme
Christ, et le rassemblement des hommes comme des frères sous le règne du
Christ ; dans le repas, on trouve à la fois le rassemblement des hommes comme des frères, et le partage de la vie avec
Jésus, pour constituer ensemble l’unité des hommes comme
fils de
Dieu. L’unité des hommes dans une personnalité exprimant l’homme remplace celle de la personne du
Christ.
Un autre évangile ? Peut-être, mais davantage solidaire avec l’expérience humaine. L’union des individus en l’homme, c’est l’homme issu de l’amour de l’autre, de l’être chacun l’autre de soi et cet autre, lui-même.
Le 8 novembre 2007
t364000 : 27/01/2019