ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La  naissance  de  Jésus



Matthieu 1: 18-25




Regards sur le récit







Le texte

Regards sur le récit
- La structure du
  récit
- Critique du récit

Analyse du récit

Regard rétrospectif



Critique du récit



   Ma critique ne porte pas sur l’existence historique de Jésus, dont j’ai cherché à indiquer le chemin dans mon livre Sous le Christ, Jésus, mais sur la réalité de sa personne christique, telle que les évangiles la décrivent. Cet homme christique, qui naît d’une mère vierge comme fils de Dieu, meurt en sacrifice expiatoire du péché originel des hommes, ressuscite comme médiateur entre Dieu et les hommes, est-il une personne ou un personnage ? S’il est une personne, sa naissance, sa mort et sa résurrection sont des événements à la fois historiques et religieux ; si par contre c’est un personnage, il n’est qu’une figure littéraire et mythique construite sur le modèle du Christ des Écritures, qu’il personnifie. Aux termes de mes recherches j’arrive à la conviction que Jésus-Christ est un personnage issu de la foi dans les Écritures.
   J’en avais eu déjà l’intuition au début par les paroles de Jean que je viens de citer. Puisque l’évangile doit amener le lecteur à croire que Jésus est le Christ, on doit supposer qu’il le présente comme tel, non en se rapportant à des informations, mais à l’interprétation des Écritures. Les au­teurs des évangiles croient donc au Christ des Écritures et, en ce qui concerne les informations sur Jésus, ils cherchent à les adapter, en les manipulant ou en les refoulant, au Christ des Écritures, pour aboutir à le définir précisément comme Jésus-Christ. Dans ce remaniement, le Jésus offert aux écrivains par les informations ou l’expérience subit une double mutation, de sublimation et de refoulement. Subli­mation, parce qu’il est élevé jusqu’à sa personnalisation dans le Christ, et refoulement, relativement aux informa­tions sur lui réfractaires à cette sublimation.
   Naturellement, sublimation et refoulement varient selon les auteurs. Le Jésus de l’information, disons le Jésus his­torique, existe dans le récit, mais caché, connaissable soit par les excès de la sublimation christique soit par les bles­sures subies du fait du refoulement. Il est opportun de préciser que, par le refoulement, l’image de Jésus n’est pas détruite, pas plus que dans la sublimation. Il s’agit d’ana­lyser ces deux dimensions de l’écrit. Le niveau du re­foulement dénote l’absence du Jésus de l’information par le vide, la contrefaçon, les anticipations, le non-sens. De la même façon la sublimation mythique dénonce l’excessif et trahit le manque de logique, de naturel, de convenable. Une analyse peut donc retrouver la réalité occultée ou négligée. Mon propos dans mes analyses est de décons­truire le personnage de Jésus-Christ afin de retrouver dans leurs individualités supposées Jésus et le Christ.

   Qui est donc le Jésus-Christ des évangiles ? En résu­mant, je dirai que l’objet du discours des évangiles – Jé­sus-Christ – apparaît comme situé dans deux dimensions de son être : une naturelle, l’autre surnaturelle. Dans la première, on retrouve Jésus dans sa vie d’homme ; dans la seconde, dans celle propre au Fils de Dieu, connaissable et définissable par les Écritures. Homme aux deux natures et à une personne.
   Dans la lecture que nous venons de faire, Jésus apparaît comme conçu par une mère fécondée par viol ; le Christ, au contraire, par le Saint Esprit, qui la laisse intacte dans sa virginité. Nous trouvons aussi que ces deux sujets – Jésus et le Christ – viennent de différents centres d’infor­mation : Jésus, de la connaissance qu’on avait de lui trans­mise par la voix populaire ; le Christ, par les Écritures. On notera enfin que, quoique en opposition, ils sont pris par un mouvement de convergence qui les unit en un sujet qui échappe à toute définition, dans un accord qui ne rompt pas leurs différences ni leur opposition.
   On va alors de Jésus au Christ et du Christ à Jésus comme vers une personne, dont l’identité ne s’appuie que sur ce qu’on en croit, et on y croit, parce qu’on la vit. Dès lors, Jésus-Christ jouit d’une réalité qui est existentielle et non substantielle. Il vit parce qu’on le vit. On pourrait af­firmer, par analogie, que Jésus-Christ n’existe que comme un personnage qui ne vit que dans le jeu de l’acteur qui le représente.

   Peut-être cette conclusion chagrinera-t-elle ou irritera-t-elle le croyant, mais elle console le critique du texte de l’évangile. Car il peut se réjouir d’avoir trouvé les raisons pour pouvoir transférer Jésus-Christ du contradictoire à l’existentiel. Je dirai encore que, par l’analyse du texte, il a aussi découvert le chemin de reconduire Jésus du mythe à l’histoire.







Le 18 août 2008




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t381100 : 16/01/2021