ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Autobiographie








Mon départ

Dans le bateau et dans le train



Nicolle et Arnauld : La logique ou l’art de penser, 1664 



EN SARDAIGNE



LE DÉPART

- Rêves et intuitions
- Alto là
- Dans le bateau et dans le
  train



L’ITALIE



PUIS LA FRANCE



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’était le premier voyage de mon existence : en ba­teau de Cagliari à Civitavecchia ; en train, de cette ville à Arezzo. Je ne rappelle pas si quelqu’un m’ac­com­pagnait ou si l’on m’avait bien renseigné pour que je ne m’égare pas.

    Monté sur le bateau, j’ai cherché aussitôt une place en poupe afin de pouvoir suivre des yeux la ville s’éloignant lentement, emportant peut-être à ja­mais mon jardin dans mes yeux. Je ne pouvais pas manquer de le voir, car il me suffisait de diriger mon regard sur le Castello et, de là, descendre sur Terra­pieno et, encore plus bas, sur la plaine qui rejoignait Monte-Urpino. Mon jardin était au centre de cet en­semble. Je voyais sa tache verte, mais pour bien le voir il me fallait fermer les yeux, car il n’était en sa floraison de printemps que dans mon esprit. Je vo­yais l’allée centrale et le mur tapissé de jasmin, et les figuiers, et les grenadiers, et les amandiers char­gés de leurs fruits !
    À la tombée de la nuit, j’ai mangé un peu, mais en m’acheminant vers la couchette je fus saisi par des vomissements qui provoquaient un dépérissement jus­qu’à l’angoisse de tout mon organisme. Non loin de moi, un monsieur passe et, me jetant des regards de mépris et dégoût, me lance : « porco ! ». Plus tard, m’étant un peu rétabli, je constate que le pont du bateau était partout sali de vomissements. Mais je n’ai plus vu le monsieur préservé du mal de mer. Il aurait tourné comme un chien errant sur le pavé pour éviter de toucher de ses pieds le rejet nauséabond des malheureux, alors qu’il parvenait à retenir dans sa gorge le sien.

    Remis de mes maux, je me retrouve à Civita­vecchia, le Continent pour tout Sarde ! Mon voyage continuait cependant en train, par le Latium et la Toscane, pour me conduire à Arezzo, où se trouvait le collège.
    Dans ce voyage, j’avais l’impression non pas d’al­ler d’une région de l’Il’Italie à une autre, mais d’un continent à un autre, tellement la terre changeait sous mes yeux. Et, plus étonnant, le changement ap­pa­raissait en mon esprit. Oui, j’allais d’une région de l’Italie à une autre, mais cette autre région était la Toscane, le berceau de la langue italienne, ainsi que de l’art de la Renaissance. À la maison, tout le mon­de connaissait évidemment l’italien, mais on parlait habituellement le sarde, précisément le campidanais, parce qu’on était des Sardes du Campidano.
    J’étais donc dans le train qui me menait à Arezzo, mais comme en rêve je jetais un regard sur toute la Toscane. Les villes de cette région apparaissaient dans mon imagination par leurs vues que je con­nais­sais en photos. Je voyais des tableaux panoramiques de Florence, Sienne et Pise, ou des fresques de ces mêmes villes gardées dans nos musées et nos égli­ses. Et toujours en rêve venaient à ma rencontre les grands personnages de ces villes, des poètes, des écrivains, des politiciens, comme Dante, Pétrarque et Machiavel, cependant que des vers des poètes ré­sonnaient intérieurement dans mes oreilles. Mais sur­tout des vers de Dante, devenus comme des pro­verbes dans la bouche du peuple.




Rédigé de 2009 à 2012




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t502722 : 12/12/2020