ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Liberté  d’expression  et  limite  de  foi





La parole du pasteur



Introduction
Sommaire


Les limites


La confession de foi


La parole du pasteur


Sur le plan personnel



Magnum Dictionarium latinum et gallicum, de P. Danet, MDCXCI a troisième remarque, évoquée au cours des mêmes entretiens, concerne les pas­teurs : un pasteur, lorsqu’il parle même à titre personnel, lorsqu’il écrit ou intervient à l’occasion de rencontres quelles qu’elles soient, engage l’Église ; tout ce qu’il dit fait partie de la prédication de l’Église.

Voilà une affirmation qui me paraît bien inconsidé­rée ! De combien de choses discutables, voire même de bêtises, l’Église ne serait-elle pas responsable, si elle devait se charger de tout ce qu’un pasteur peut dire ou écrire au cours de son existence !
   Mais même en dehors de cela, je conteste le bien-fondé de cette remarque, pour diverses raisons : la tâ­che pastorale ne peut, ne doit pas recouvrir toute la personnalité humaine de l’homme qui en a la charge ; ce serait, en effet, l’anéantissement de cette personnali­té : l’homme cesserait d’être homme pour devenir tota­lement « clérical ». Il est important de distinguer entre personnalité propre et personnalité conférée par la charge pastorale.

Un homme est représentant de l’Église lorsqu’il agit et parle en tant qu’investi de sa fonction ecclésiastique. Il se pose peut-être ici un problème de critères : com­ment reconnaître qu’un homme agit en représentant de l’Église ou en son nom propre ? Il me semble qu’il n’y a pas là de réelle difficulté, et que chacun est à même de voir quand un pasteur agit en dehors des attribu­tions propres à son ministère !

Mais je suis porté à contester aussi le fait que le pas­teur, lorsqu’il s’exprime et agit dans l’exercice de son ministère, engage l’Église par sa parole et ses actes, et que par conséquent il soit tenu de rester dans les limites de la confession de foi de ladite Église. Cela en­traînerait, en effet, à considérer comme « hors de l’Église » toute prédication prophétique propre à mener les croyants d’une formulation de foi à une autre. Le pasteur ne serait plus un ministre de la parole, de l’Évangile, mais l’administrateur d’une institution qui l’empêcherait de dépasser la formulation établie par celle-ci. Cela entraînerait aussi la disparition de la per­sonnalité prophétique de chaque croyant, puisque ceux-ci seraient également tenus de s’exprimer unique­ment à l’intérieur du cadre des affirmations communes à une Église.

Enfin, dernier point de cette troisième remarque, le scandale qu’engendrerait dans les communautés le fait de contester les croyances communes. C’est vrai, dans une certaine mesure ; mais s’agit-il bien d’un scanda­le ? Ne serait-ce pas plutôt une crise ressentie de façon violente et inopinée, à cause d’une contestation ou d’une mise en question ?

De toute façon, où commence le scandale ? N’est-ce pas un scandale aussi, pour ceux qui croient encore que la Bible a été dictée par Dieu, d’entendre dire à tout bout de champ qu’en réalité c’est un livre formé de strates successives composées par des hommes ou des courants théologiques différents, et accumulées tout au long de l’histoire ? Pourtant, si scandaleuse soit-elle pour les uns, cette opinion est devenue cou­rante pour les autres.
   Devons-nous, pour éviter tout scandale, ne jamais avancer ? Devons-nous admettre qu’il existe un hiatus entre la recherche théologique des spécialistes et la croyance commune de la base des Églises... et ne rien faire pour que cela disparaisse ? Simplement par peur du « scandale » ? N’est-ce pas un scandale plus grand encore qu’une foi qui ne s’inquiète plus, qui ne se pose plus d’interrogations sur elle-même, qui s’appuie sur la sécurité et qui refuse toute contestation par peur de se perdre ? Ne doit-on pas crier aussi au scandale lors­qu’on voit que cette situation provoque une rupture au sein des Églises, et qu’elle éloigne bon nombre de croyants de toute référence à l’Évangile ?




Le 5 mars 1968




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t537300 : 05/12/2017