ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie



Dieu  contesté  par  Job




Le « pourquoi ? » de Job



Qui est Job ?



Magnum Dictionarium latinum et gallicum, de P. Danet, MDCXCI







Présentation

Introduction

Le « pourquoi ? » de Job

Le Dieu des amis de Job

Job et la mort de Dieu

Dieu au-delà de Dieu


ui est Job ? Un personnage historique, ou bien un type d’homme ? Étymologiquement « Job » (« Iyyob ») est le passif du verbe hébreu « ayab » qui signifie « haïr », « attaquer ». Job désignerait donc celui « qui est haï », en butte à la malveillance et à la persécution. Serait-il un nom symbolique, reflet du contenu du poème ?

   Il fut un temps où l’historicité des événements rap­portés ici n’était pas mise en doute. Cependant, le Talmud lui-même présente l’opinion selon laquelle il s’agirait bien d’un poème. La seule mention du nom de « Job » se trouve dans le livre d’Ézéchiel Ez 14: 14) : « S’il y eut dans ce pays (c’est à dire « pays infidèle ») ces trois hommes, Noé, Daniel et Job, ces trois hommes sauve­raient leur vie grâce à leur justice... ». Évidemment, c’est peu pour affirmer la réalité historique de Job ; il est placé au niveau d’un personnage légendaire (Noé) et d’un autre (Daniel) dont on ignore s’il s’agit du personnage du livre de Daniel. En définitive, qu’importe !


Et les « amis » de Job ?

Ils sont nommés Éliphaz, Bildad et Tsophar. Ce sont les interlocuteurs de Job dans les trois cycles de discours.

   Éliphaz est le plus âgé, le plus modéré ; son langage est plein d’une dignité grave et souvent d’une grande courtoisie. Il lui arrive pourtant de s’exciter sans se départir de ses allures solennelles, et même de prendre le ton de l’adjuration à cause de son expérience.
   Bildad parle avec simplicité mais avec une certaine animosité. Il proteste vivement auprès de Job ; parfois il use de l’insinuation et du sous-entendu.
   Tsophar, sans doute le cadet, est le plus véhément des « amis ». Il s’émeut, s’indigne facilement des longs dis­cours de Job ; il donne le sentiment de défendre l’honneur de Dieu et sa gloire. Il voudrait même être « objectif » et « dépersonnaliser » le débat.

   Le point de vue de ces trois interlocuteurs de Job représente l’opinion courante, populaire, traditionnelle.


Le « pourquoi ? » de Job
(
chapitre 3)

« Pourquoi ne suis-je pas mort, dès le sein, n’ai-je péri aussitôt enfanté ? Pourquoi s’est-il trouvé deux genoux pour m’accueillir, deux mamelles pour m’allaiter ? ... Pourquoi donner à un malheureux la lumière, la vie à ceux qui ont l’amertume au cœur ? ... Pourquoi ce don à l’homme qui ne voit plus sa route et que Dieu cerne de toutes parts ? » (Jb 3: 11-12; 20; 23). Le poème de Job est une suite de variations sur ce thème du « pourquoi » de la vie humaine, de sa signification existentielle, presque charnelle, du malheur qui s’abat sans raison sur l’homme. Ainsi, ce thème n’est pas particulier à un seul peuple, Israël, mais à tous les peuples. Job est le témoin de l’homme et de l’humanité, alors que les « amis de Job » tenteront sans cesse de rechercher une raison théologique liée aux conceptions particularistes du peuple d’Israël.

   Cette question première, originelle, de Job ne supporte pas une réponse facile ; elle sera le drame fondamental, le dialogue de sourds entre Job et ses faux amis. Pourquoi donner la vie si l’homme doit ensuite affronter le malheur jusque dans sa chair ? Pourquoi être homme si les condi­tions de l’existence s’acharnent sans fin à nier et ruiner cette humanité sur terre ?

   Et Dieu ? Qui peut-il être pour un homme aliéné de lui-même, jeté sans but sur un sol ingrat, sans avenir ? Dieu ne peut être que son « ennemi » qui « cerne l’homme de toutes parts »…

   Pourquoi ? Comment résoudre cette contradiction fon­damentale : recevoir la vie sans pouvoir la supporter et la réaliser ! L’homme vit une angoisse profonde, sans issue. N’aurait-il pas été préférable de ne pas venir au jour si cette condition humaine ne peut être qu’absurdité ?


Job pose-t-il la question
de la « mort de
Dieu » ?

Certes, la réponse doit être mesurée, car le poème ne pose pas la question dans les termes modernes ! Job n’est pas Nietzsche ; pas même Dietrich Bonhœffer ! Le poème de Job n’a pas été écrit dans un monde où « Dieu » ne joue aucun rôle. Il est possible d’y déceler un certain nombre de traits qui traversent les temps et les lieux pour atteindre notre temps, le temps où « Dieu est mort » En voici certains que la suite du commentaire essaiera d’éclairer :




Publié en décembre 1967




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tc122000 22/09/2018