La liberté créatrice
Quel est ce monde dans lequel Job est appelé à résoudre sa contradiction pour devenir « homme » « comme un brave » ? D’abord, l’homme devra découvrir le cosmos dans l’émerveillement ; aller à la découverte du monde et de sa grandeur, de sa beauté, de son harmonie (Jb 38:4-38). Mais le poète décrit aussi une vie bouillonnante, « sauvage » à travers un défilé majestueux d’animaux qu’aucune main n’a jamais mis sous le joug : le lion à l’affût, les biches en travail et les bouquetins sur les sommets, l’onagre en liberté dans le désert, le bœuf sauvage, le cheval qu’aucun licol n’a bridé et qui, sans peur « piaffe de joie dans le vallon », l’aigle dans son inexpugnable repaire… (Jb 39).
Enfin, à travers deux grands symboles de la mythologie antique, le suprême défi pour l’ultime combat de l’humain est lancé à Job (Jb 40:15-32 - 41:1-26). Le Béhémoth, la Bête ou la Brute, symbolisée par le crocodile, image d’un chaos primitif (parfois aussi de l’Égypte ou du pharaon, cf. Ézéchiel 29:3; 32:2). « Qui donc le saisira ? » (Jb 40:24). Tel est le défi lancé à Job dans son dialogue du sein de la tempête, à Job qui veut prouver son innocence, son humanité et qui attend le « goël » debout. Qui saisira la « Brute » qui toujours en l’homme sommeille et la domptera ? Qui ordonnera le « chaos » sans cesse renaissant dans le monde et parmi les hommes ?