ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


La  crise  du  protestantisme  français

(Essai d’explication sociologique)




Conflit et changement social :

La double dialectique du changement social



Sommaire

Conflit et crise

Conflit et changement social
- Une situation complexe
- La double dialectique
- Peut-on parler de crise



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .
   Aux deux « seuils » qui délimitent et définissent le conflit et la crise, s’articule une double dialectique du changement : une dialectique d’évolution et une dialectique de rupture (ou révolutionnaire). D’une part, j’entends par « dialectique d’évolution » le processus créé entre les deux sortes de discours, attestataire et contestataire, à l’intérieur du protestantisme français, au moyen duquel s’établit une « participation conflictuelle » dans la fluctuance du système culturel protestant, et qui ne franchit jamais le seuil absolu, même s’il lui arrive parfois de le frôler. Ainsi, cette participation conflictuelle, conscience d’opposition dans un système, nécessite une certaine « négociation », un certain « équilibre » toujours instable, dans les trois domaines essentiels de la société globale actuelle : le domaine politique, la jeunesse et la sexualité.

   J’ai donné une analyse de la contestation de la jeunesse protestante, entre 1964 et 19768, montrant en particulier comment la « crise de l’Alliance » a manifesté alors dans un premier temps cette dialectique d’évolution par une participation conflictuelle à l’intérieur de l’Institution protestante ; ce que j’ai appelé la phase de contestation interne à l’Église réformée. Après avoir rappelé les motivations théologiques de l’Alliance, particulièrement l’accentuation de l’incarnation, j’écrivais(1) : « Il est donc clair que la contestation des Jeunes, à ce moment-là, se situe toujours à l’intérieur d’un système de valeurs qui appartient effectivement au christianisme réformé (et même au christianisme en général) » (p. 343).

   Pour le domaine politique et la sexualité, je renvoie à mon étude donnée sous le titre « Crise politique et crise sexuelle dans le protestantisme français contemporain » (2) de laquelle il ressort également que tant dans l’un que dans l’autre domaine, le changement social se maintient dans la fluctuance et les limites de l’espace culturel du protestantisme.
   Concernant la dimension « politique », j’écrivais : « Ainsi, une tension intra-idéologique, sous forme de « participation conflictuelle » se manifesta entre l’idéologie dominante du « Christ Seigneur » et les valeurs de contestation du Serviteur, libérateur des pauvres et des opprimés. Toutefois, la tension ne déboucha jamais sur une rupture du système orthodoxe » (p. 441).
   Quant à la dimension « sexuelle », elle tente aussi d’intégrer à un « noyau conservateur » (conception monogamique du mariage) des éléments de négativité contestatrice (contraception, avortement, communauté de vie…) qui contribuent à un certain changement social par une dialectique d’évolution.

   D’autre part, j’entends par « dialectique de rupture », le processus par lequel, au-delà d’un seuil absolu, le changement social aboutit à la mutation du système culturel référentiel, entraînant aussi le changement du groupe d’appartenance. En ce cas, la « participation conflictuelle » fait place à la « crise » véritable, à la rupture révolutionnaire.


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1 Pierre Curie, in Parole et Société, 1972, n° 4.   Retour au texte

2 Pierre Curie, in Parole et Société, 1975, n° 6.   Retour au texte



1977




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