ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


Auteurs Méthode Textes
Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris



Sous le Christ, Jésus



Recensions, critiques et correspondances







Jean-Louis Schlégel répond à Pierre Curie
le 8 avril 1987


    Le Monde m’a transmis votre lettre à propos de la recension d’E. Floris.

1 - Il est difficile, redoutable même, de faire une recension critique dans Le Monde. L’éloge y est mieux porté, mais surtout, on pense inévitablement à l’auteur et à ses efforts pour écrire son livre, et donc à sa déception.

2 - Je vous accorde très volontiers que j’ai peu parlé de la méthode, mais – et c’était bien clair dans mon esprit – compte tenu des 4 feuillets impératifs, il me fallait choisir entre présenter le résultat – plus accessible aux lecteurs – et une méthode au demeurant complexe (dans sa présentation) et abstraite (comme toute méthode). La place n’excuse pas tout, mais j’étais conscient du problème que vous posez.
    Je ne suis pas convaincu de la nouveauté absolue de cette méthode (encore que j’aie apprécié l’application originale, sur texte, d’E. Floris).
    Je ne suis pas davantage convaincu que les accusations juives et le Contre Celse viennent après la méthode. Enfin, je ne pense pas, et ce pour des raisons de fond, qu’E. Floris touche la « référence » : il ne touche qu’un « texte », dont l’objet est absent (et comme par hasard, ce texte serait celui des accusations juives).

3 - L’erreur de fond – et j’emploie à dessein ce mot – est d’avoir dressé le « profil » de Jésus, qui me paraît déborder de loin les études de péricopes. Contrairement à ce que croit l’auteur, le lecteur n’attend pas un tel profil – récit/texte une fois encore... En tout cas, mon impression négative du livre est venue essentiellement de là.

4 - À propos de nouveauté, je pense que la recherche du « Jésus historique » aboutit inévitablement à l’opposition « éculée » entre Jésus et Christ, fut-ce dans une version renouvelée, quand on ne tente pas de lier ce que le texte lie.
     Il n’y a pas besoin, pour cela, de croire au Christ (je pense à l’analyse structurale des récits, exemplaire sur ce point).

5 - En ce sens, il n’y a pas de contradiction à dire que la méthode a valeur et qu’on peut l’appliquer sans arriver à ce résultat.
     Disant ce que je dis là, il faudrait certes reprendre pas à pas, et la théorie et l’application de la méthode – chose que je ne puis faire, mais que je laisse aux spécialistes de l’exégèse biblique. Encore une fois, je ne pense pas que le résultat même des études de péricopes chez Floris doive déboucher sur le « profil » qu’il soumet. Le profil va au-delà des péricopes. Comme la question est d’envergure, je ne peux me contenter de quelques explications de Floris, disant que son « profil » est le résultat d’études plus complètes.

6 - Je persiste à penser que le Jésus du profil est l’homme du ressentiment – et ce n’est pas prouvé par la science (improuvable) d’Ennio Floris.

7 - Le titre de la recension n’est pas de moi, mais du Monde. Il accentue ma critique dans un sens que je ne voulais pas nécessairement lui donner, mais qui restitue bien une « impression ».




Retour à l'accueil Pierre Curie écrit au Monde Haut de page Jean-Louis Schlégel écrit à Ennio Floris

t233021 : 28/10/2017