ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisLa création de la femmeGenèse 2: 18-25 |
Analyse et interprétation
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Texte et contexte Excursus exégétique Analyse et interprétation du récit - Introduction - La création de la femme - Les fiançailles . Introduction . La présentation . La reconnaissance . Le nom . L'engagement au mariage - ... |
La reconnaissance« Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! » Ainsi s’exclame Adam, à la vue de la femme. Il reconnaît en elle ce « vis-à-vis » que Dieu lui avait promis. L’expression « cette fois » est surprenante. Adam rappelle la rencontre avec les animaux auxquels il avait imposé leur nom, et il laisse supposer qu’il attendait l’accomplissement de la promesse divine à ce moment-là. Espérait-il vraiment trouver son « vis à vis » parmi les animaux, ou bien attendait-il une bête apprivoisée pour cultiver ses champs ? Peut-être cette expectative d’Adam n’est-elle, comme je l’ai mentionné dans l’excursus, qu’un artifice littéraire pour faire comprendre, par l’expérience d’Adam lui-même, que la femme ne peut venir que de l’homme. En effet, on peut supposer que, selon l’opinion commune des juifs, la femme n’étant pas devenue, comme Adam, « âme vivante » par le souffle de Dieu, était « plus proche » de l’animal que de l’homme. Sans doute pouvons-nous recourir à d’autres interprétations, mais il se peut qu’elles soient hors de propos. Dans le mythe, les animaux sont des emblèmes des divinités ainsi que des valeurs de la vie, cela est particulièrement évident dans la mythologie égyptienne. Dès lors, il n’est pas étonnant qu’Adam se soit attendu à rencontrer un animal comme symbole d’une puissance divine apte à le libérer de la solitude. Mais ce fut une femme, et non une bête, qu’il reçut de Dieu, dans laquelle il reconnut « l’os de mes os et la chair de ma chair », « pris » de son corps, pour former sa femme. En Genèse 2:21, la « chair » a pour fonction de combler le vide laissé dans l’homme après l’extraction de la « côte ». Adam lui reconnaît aussi la fonction de bâtir un corps sur son squelette. En première lecture, nous aurions motif de nous demander comment Adam a pu concevoir le processus de la création de la femme, alors qu’il était profondément endormi. Mais, nous le savons, le sens du récit réside moins dans la sémantique que dans la symbolique des mots, selon laquelle la « côte » fait allusion au sexe. Pour saisir le sens de l’acte de Dieu en lui, Adam n’avait qu’à se regarder lui-même, après avoir regardé la femme, puisque « ils étaient tous deux nus » (Gn 2:25). D’ailleurs ce regard porté sur lui et sur sa femme était sans objet, car Adam possédait une conscience différente de lui-même, non plus celle d’un homme unique de son espèce, mais celle d’un individu qui ne pouvait comprendre son humanité qu’en relation à la femme. Toutefois, Adam élargit la signification de l’expression « chair de ma chair », qui est similaire à cette autre d’Adam « ils seront une seule chair », qui exprime l’état existentiel propre à l’homme et à la femme après l’acte sexuel. Mais alors, pourquoi Adam affirme-t-il que l’homme et la femme doivent s’unir en une même chair, quand ils le sont déjà par création ? La raison en est que, si la création de la femme s’accomplit par le transfert de l’union sexuelle, Dieu a créé la femme pour devenir, dans son union avec l’homme, ce qu’elle était destinée à être dans son être. Dès lors, une profonde analogie existe entre la création de la femme et son union avec l’homme en sorte que, dans la création, l’homme et la femme s’appartiennent l’un à l’autre, comme dans le mariage. Cette analogie évoque deux métaphores, l’une portant sur la création et l’autre sur l’union sexuelle. La création de la femme est une union sexuelle de l’homme et de la femme, et l’union sexuelle est une création de la femme par l’homme. Ainsi que l’ai déjà dit, le transfert n’est pas seulement la transposition d’un phénomène mais sa sublimation. Au cours de cet exposé, j’ai voulu exprimer la création de la femme sous divers aspects. Au niveau littéral, le récit décrit une extraction d’organes en vue d’une greffe. Puis, à partir de son symbolisme, celle-ci est apparue comme une naissance où, à l’image d’un œuf, l’homme offre à Dieu un noyau vital de sa chair, qui se développe moins par art que par croissance. Enfin, elle est l’équivalent de l’acte sexuel ! À qui s’adresse Adam et quel est le sens de ses premières paroles ? Saisi d’étonnement à la vue de la femme, il semble se parler à lui-même. Elle est vraiment telle que Dieu la lui avait décrite, le vis-à-vis promis, entièrement différente d’une « aide » qu’il aurait pu recevoir des animaux. Ses paroles annoncent la surprise de tout homme lors de sa première rencontre avec la femme qu’il avait rêvée. En contemplant la jeune fille qu’il avait choisie pour la beauté et la fierté de sa jeunesse, l’homme remercie Dieu de l’avoir rendue si belle et si parfaite. Mais ces paroles donnent aussi à penser qu’Adam a compris que Dieu la lui a présentée pour qu’elle lui appartienne, qu’il s’unisse à elle et qu’il accomplisse dans son existence ce pour quoi il l’avait destiné : devenir avec elle une même chair. Ces paroles constituent bien un aveu de reconnaissance et l’acceptation de sa part de prendre la femme pour son épouse. Et la femme ? Elle ne parle pas et ne réagit pas à la vue de l’homme, ni à ses paroles. Elle devient son épouse parce que l’homme l’accepte et la fait sienne. Sa réponse s’exprime plus par son attitude silencieuse que par ses paroles. Elle s’offre elle-même à Dieu pour l’homme, ou à l’homme pour Dieu. Toutefois, elle demeure un objet : elle ne se présente pas à l’homme, elle lui est présentée, elle ne choisit pas l’homme, elle est choisie par lui. Aussi, l’homme parle pour elle. Elle n’existe, semble-t-il, que parce que l’homme parle d’elle ! |
t473220 : 20/12/2012