ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La  création  de  la  femme



Genèse 2: 18-25




Analyse et interprétation
du récit

Les fiançailles







Texte et contexte

Excursus exégétique

Analyse et inter­pré­tation du récit
- Introduction
- La création de la
   femme
- Les fiançailles
  . Introduction
  . La présentation
  . La reconnaissance
  . Le nom
  . L'engagement au
    mariage

- ...




L’engagement au mariage


   Dans le processus du mariage, les partenaires s’engagent dans des étapes dont chacune exprime une valeur déterminée. Dans la première étape, ils se lient par un contrat d’acquisition, scellé pour la femme d’un interdit qui fait d’elle une personne sacrée. Dans la deuxième, l’erousim, la relation d’appartenance devient une « alliance » qui unit les partenaires pour la vie, et qui devient effective par la cohabitation et l’union sexuelle en vue de la procréation.

   Par cet engagement au mariage, Adam aurait dû accomplir les promesses propres à un époux, mais ses paroles concernent le mariage de tout homme et de toute femme, et non le sien : « C’est pourquoi, l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair ». « C’est pourquoi », c'est à dire qu’en conséquence du fait que la femme a été prise de l’homme, tout fiancé doit quitter son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, afin de devenir avec elle une seule chair. Adam ne parle plus comme époux mais comme législateur, dans l’intention d’établir le statut du mariage. Ces paroles ne renvoient pas à une loi précise sur le mariage, mais aux principes sous-jacents qui en définissent le statut ; elles s’adressent aux hommes fiancés, pas encore mariés, qui vivent toujours dans la maison de leurs parents. Les fiançailles impliquent l’engagement à la cohabitation et aux relations sexuelles liées au mariage. Dans les paroles d’Adam, le verbe « attacher » exprime cet engagement.
   Mais pourquoi est-ce l’homme qui institue le mariage et non Dieu ? Cette question sera toujours posée au cours de l’histoire biblique, les responsables de la Loi en attribuant l’origine à l’homme, et les prophètes, puis Jésus, à Dieu. Dans ce texte, Adam fixe lui-même le statut du mariage à partir de l’ordre de Dieu instauré dans la nature humaine. On suppose en effet que Dieu est l’ordonnateur de la nature, du monde et de l’homme, alors que l’homme n’est que l’arbitre de cet ordre. Ainsi, Dieu forme l’être féminin à partir de la chair de l’homme, alors qu’Adam ordonne aux hommes de s’attacher à leurs femmes pour réunir leurs deux chairs dans l’unité de leur couple.

   Cette structure supporte deux interprétations, soit que la femme sera toujours sous la dépendance de l’homme qui lui a transmis sa sexualité, soit qu’elle sera affranchie et coresponsable avec lui.
   Mais le récit implique qu’elle lui soit subordonnée : n’ayant pas acquis la pleine responsabilité de sa sexualité, elle participe seulement à la puissance génératrice, qui est le propre de l’homme. La femme conçoit la vie à partir de la semence reçue de l’homme, mais elle n’engendre pas. Dès lors, en tant que personne, elle est un second dont l’activité se voue au service de l’homme.
   Le point de départ de la seconde interprétation est la conviction que la femme est issue non du mâle (ich) mais de l’homme (Ha-Adam) hermaphrodite. En se séparant, l’un des deux sexes a formé l’homme mâle, et l’autre s’est transformé en femme. Ce partage a placé l’homme dans une nouvelle dimension d’existence : il n’est plus l’homme, mais « un homme » mâle, en opposition à cette autre individualité qui est une femme. Dès lors, celle-ci ne lui est plus conditionnée mais, par sa féminité, elle est à la nature humaine ce que l’homme est par sa masculinité. Tous deux sont des sujets libres et responsables, aptes à rétablir l’unité de la nature différenciée par leur union conjugale.



   Tel est le sens du deuxième épisode du récit de la création de la femme. Il est temps de revenir au problème posé par le changement d’orientation du récit que nous avons mis en suspens. Pourquoi le récit a-t-il remplacé la promesse de mariage d’Adam et de sa femme par celle de tout homme fiancé vivant encore dans la maison de ses parents ? Est-ce pour des motivations psychologiques, ou s’agit-il de problèmes objectifs, liés à la référence ? C'est pourquoi il convient de prolonger l’analyse du récit par une critique référentielle.






Le 6 juin 2001




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