ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Les  Centres  Régionaux
et  leur  rôle  théologique




1- Le monde
dans la théologie de l'Église



Introduction


Le monde dans la théologie de l'Église


La laïcité du monde et l'originalité de l'Église
Le monde, incarnation du
  Christ
L'Église, corps du Christ


L'ecclésiologie des Centres

Magnum Dictionarium latinum et gallicum, de P. Danet, MDCXCI n se spécifiant par la recherche d'une théologie du monde et de l'Église, les Centres veulent poursuivre une ré­flexion qui a toujours été celle de l'Église, dès son commencement.

L'Église primitive se présente comme une commu­nauté totalitaire, avec une exigence universelle, dans la mesure où elle se substitue, pour les cro­yants, à la communauté sociale païenne : commu­nauté de biens, justice par rapport au droit civil et pénal, entr'aide sociale (orphelins, veuves, pauvres, malades), repas en commun...

Cette vie communautaire, bien qu'elle ne sépare pas complètement le chrétien de la communauté sociale et politique, dévalorise cependant l'engage­ment de l'homme à son égard, engagement consi­déré dès lors comme relatif et temporaire, jusqu'à la venue du Seigneur. Dans l'espérance de cette ve­nue, l'Église manifeste son universalité puisqu'elle attend Christ, véritable Prince de la justice et de la paix, à la fois comme le Seigneur de l'Église et comme le Seigneur du monde.

Aussi la réflexion théologique de l'Église primitive ne vise-t-elle au monde qu'en vue du retour du Sei­gneur, tout le reste – argent, profession, mariage, politique, etc. – étant considéré par elle comme transitoire et donc secondaire : la théologie passe de la réalité du Saint-Esprit dans l'Église à la réalité du Royaume de Dieu lors de la venue du Seigneur.

Dans la mesure où elle est une communauté totali­taire, avec une exigence universelle, l'Église se heurte à l'empire romain ; le Christianisme aurait pu être accueilli dans le Panthéon romain s'il n'avait pas cru que le Seigneur adoré dans la com­munauté est aussi le Seigneur du monde. Mais son refus d'adorer l'empereur (on adorait pourtant le roi dans l'Ancien Testament !) relevait justement du fait qu'il reconnaissait au monde un seul Seigneur, Jésus-Christ.

La persécution amène l'Église à réfléchir plus posi­tivement sur le monde et les conséquences, pour le temps présent, de la Seigneurie du Christ, d'autant plus que l'attente de son retour imminent doit céder la place à une humanité qui continue inexorable­ment son histoire. Alors surgissent les apologètes : Justin, Tatien, Tertullien, Athénagore, Irénée, etc. : ils cherchent à reconnaître dans le monde les anticipations de l'Évangile pour permettre à l'Église de prendre possession du monde, et au monde de s'insérer dans l'Église. C'est là, en réalité, une théo­logie du monde vu et interprété dans l'universalité du Christ : monde du savoir chez Justin, monde du droit chez Tertullien, monde moral et social chez Athénagore...

C'est Constantin qui réalise les perspectives de cette théologie : en lui l'Église reconnaît la victoire de son Seigneur sur le monde, l'Église devient monde et le monde Église. Après une lutte longue et difficile, nous le savons, entre le pouvoir de César et celui du pape, commence, au Moyen-Âge, une ère nouvelle et, avec elle, une orientation théo­logique nouvelle. La théologie du monde, propre aux pères apologètes, disparaît pour céder la place à la Summa : la théologie devient la science univer­selle parce que, précisément, son objet – Christ – est universel.

Ce qui caractérise les temps modernes – toujours par rapport à la théologie – c'est une séparation entre le monde et l'Église : laïcité du monde, origi­nalité de l'Église. Il semble que le monde reprenne ce qui est à lui : science et technique, art et littéra­ture, économie et politique, philosophie et histoire, tandis que l'Église, elle, se contente des valeurs spirituelles qui, en dépit de l'histoire, placent l'hom­me devant le Royaume de Dieu.

Dès lors, pour la théologie chrétienne, le monde redevient objet de réflexion, de façon différente d'ailleurs selon les Églises.
   L'Église catholique voit renaître l'apologétique en raison de cette universalité qu'elle a dû céder sans vouloir y renoncer pour autant. L'apologétique catholique est, en effet, une revendication du mon­de au pouvoir de l'Église : tout ce qui est humain doit être amené par l'Église à son accomplissement.
   Dans les Églises issues de la Réforme, plusieurs tendances se manifestent. Après la théocratie par la Parole de Dieu, envisagée par Bucer et Calvin, la Réforme entre sur la scène des temps modernes principalement avec deux visages, l'un piétiste et l'autre libéral. Les libéraux prêchent une « théo­logie » du monde qui vide – ou risque de vider – l'Église (pour ne pas dire l'Évangile !) de son originalité. La théologie devient, en un certain sens, théologie du monde. Les piétistes, au contraire, ont prêché une théologie de l'Église qui enlève toute valeur et signification au monde, en reniant en prin­cipe une théologie du monde. La théocratie calvi­nienne se divise et s'oppose dans ces deux pou­voirs : l'Église et le monde.

Dans l'ensemble, ce qui caractérise cette période de l'histoire c'est, de la part du monde, le refus de reconnaître l'originalité de l'Église et tout pouvoir de l'Évangile sur l'homme et, de la part de l'Église, le refus de reconnaître la présence du Christ dans le monde hors de la parole prêchée par l'Église.

C'est au sein de cette rupture et à l'intérieur de cette contradiction que les Académies Évangéliques et les Centres apparaissent pour annoncer que le Christ, Seigneur de l'Église, est aussi Seigneur du monde. Sous le seigneurie unique du Christ, les Centres veulent poursuivre la réflexion propre aux apologètes, mais en tenant compte d'un nouveau fait : la laïcité du monde et l'originalité de l'Église.




1964




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t532100 : 02/08/2017