ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
![]() |
![]() |
![]() |
||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Ennio FlorisLes Centres Régionaux |
1- Le monde |
|
Introduction Le monde dans la théologie de l'Église La laïcité du monde et l'originalité de l'Église . Le monde, incarnation du Christ . L'Église, corps du Christ L'ecclésiologie des Centres |
L'Église primitive se présente comme une communauté totalitaire, avec une exigence universelle, dans la mesure où elle se substitue, pour les croyants, à la communauté sociale païenne : communauté de biens, justice par rapport au droit civil et pénal, entr'aide sociale (orphelins, veuves, pauvres, malades), repas en commun... Cette vie communautaire, bien qu'elle ne sépare pas complètement le chrétien de la communauté sociale et politique, dévalorise cependant l'engagement de l'homme à son égard, engagement considéré dès lors comme relatif et temporaire, jusqu'à la venue du Seigneur. Dans l'espérance de cette venue, l'Église manifeste son universalité puisqu'elle attend Christ, véritable Prince de la justice et de la paix, à la fois comme le Seigneur de l'Église et comme le Seigneur du monde. Aussi la réflexion théologique de l'Église primitive ne vise-t-elle au monde qu'en vue du retour du Seigneur, tout le reste – argent, profession, mariage, politique, etc. – étant considéré par elle comme transitoire et donc secondaire : la théologie passe de la réalité du Saint-Esprit dans l'Église à la réalité du Royaume de Dieu lors de la venue du Seigneur. Dans la mesure où elle est une communauté totalitaire, avec une exigence universelle, l'Église se heurte à l'empire romain ; le Christianisme aurait pu être accueilli dans le Panthéon romain s'il n'avait pas cru que le Seigneur adoré dans la communauté est aussi le Seigneur du monde. Mais son refus d'adorer l'empereur (on adorait pourtant le roi dans l'Ancien Testament !) relevait justement du fait qu'il reconnaissait au monde un seul Seigneur, Jésus-Christ. La persécution amène l'Église à réfléchir plus positivement sur le monde et les conséquences, pour le temps présent, de la Seigneurie du Christ, d'autant plus que l'attente de son retour imminent doit céder la place à une humanité qui continue inexorablement son histoire. Alors surgissent les apologètes : Justin, Tatien, Tertullien, Athénagore, Irénée, etc. : ils cherchent à reconnaître dans le monde les anticipations de l'Évangile pour permettre à l'Église de prendre possession du monde, et au monde de s'insérer dans l'Église. C'est là, en réalité, une théologie du monde vu et interprété dans l'universalité du Christ : monde du savoir chez Justin, monde du droit chez Tertullien, monde moral et social chez Athénagore... C'est Constantin qui réalise les perspectives de cette théologie : en lui l'Église reconnaît la victoire de son Seigneur sur le monde, l'Église devient monde et le monde Église. Après une lutte longue et difficile, nous le savons, entre le pouvoir de César et celui du pape, commence, au Moyen-Âge, une ère nouvelle et, avec elle, une orientation théologique nouvelle. La théologie du monde, propre aux pères apologètes, disparaît pour céder la place à la Summa : la théologie devient la science universelle parce que, précisément, son objet – Christ – est universel. Ce qui caractérise les temps modernes – toujours par rapport à la théologie – c'est une séparation entre le monde et l'Église : laïcité du monde, originalité de l'Église. Il semble que le monde reprenne ce qui est à lui : science et technique, art et littérature, économie et politique, philosophie et histoire, tandis que l'Église, elle, se contente des valeurs spirituelles qui, en dépit de l'histoire, placent l'homme devant le Royaume de Dieu.
Dès lors, pour la théologie chrétienne, le monde redevient objet de réflexion, de façon différente d'ailleurs selon les Églises. Dans l'ensemble, ce qui caractérise cette période de l'histoire c'est, de la part du monde, le refus de reconnaître l'originalité de l'Église et tout pouvoir de l'Évangile sur l'homme et, de la part de l'Église, le refus de reconnaître la présence du Christ dans le monde hors de la parole prêchée par l'Église. C'est au sein de cette rupture et à l'intérieur de cette contradiction que les Académies Évangéliques et les Centres apparaissent pour annoncer que le Christ, Seigneur de l'Église, est aussi Seigneur du monde. Sous le seigneurie unique du Christ, les Centres veulent poursuivre la réflexion propre aux apologètes, mais en tenant compte d'un nouveau fait : la laïcité du monde et l'originalité de l'Église. |
t532100 : 02/08/2017