ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Les  Centres  Régionaux
et  leur  rôle  théologique




2- La laïcité du monde
et l’originalité de l’Église,
sous la seigneurie de Jésus-Christ 
(1)



Le monde, incarnation du Christ



Introduction


Le monde dans la théologie de l’Église


La laïcité du monde et l’originalité de l’Église
Le monde, incarnation du
  Christ

L’Église, corps du Christ


L’ecclésiologie des Centres

Magnum Dictionarium, de P. Danet, 1691 e texte fondamental qui nous éclaire dans cette démarche est celui de Mat-thieu 25:31 seq.. Devant les nations rassemblées au dernier jour, le Christ proclame qu’il s’est identifié à celui qui a faim ou soif, au pauvre et au malade, à l’é­tranger et au prisonnier, en un mot à l’homme qui a besoin.
   Or cet homme-là, ce n’est ni une classe, ni une part de l’humanité, c’est l’homme lui-même, l’homme du monde. Car les hommes deviennent monde toutes les fois qu’ils sont dans le besoin, et toutes les activités propres au monde (science et technique, travail et industrie...) ont précisément pour but de satisfaire ces besoins des hommes ; à l’homme auquel il s’identifie, Christ ne demande pas d’être un chrétien mais d’être sujet à un besoin ou, en d’autres termes, d’être un homme du monde et de l’histoire.

La théologie classique a défini l’union en Jésus-Christ de la divinité et de l’humanité comme l’hy­postase. Nous devrions aujourd’hui approfondir théologiquement l’identification de Christ à l’hom­me. Mais peu importe que nous ne soyons pas encore parvenus à définir cette notion, l’essentiel est d’en souligner l’existence et de prendre acte de sa portée théologique : l’identification de Christ aux hommes est une continuation de son incarnation, la Parole, qui s’est faite chair dans la chair du fils de Marie, s’incarne aussi dans la chair de tous les hommes. Elle ne saurait atteindre toute la réalité humaine si elle ne s’incarnait pas dans l’humanité toute entière. La chair des hommes, celle qui souf­fre de la faim et de la soif, de la persécution et de la solitude, du péché et de ses conséquences, est comme la propre chair du Christ : dans l’histoire, Christ continue son incarnation.

Si les besoins de l’homme révèlent l’incarnation de Christ dans le monde, toute action humaine au bé­néfice du besoin des hommes prolonge dans l’his­toire l’action de délivrance que le Christ a exercée contre le péché et son esclavage. Cela revient à dire que le Christ exerce son salut à travers l’amour des hommes. Nous disons expressément délivran­ce de l’esclavage du péché et de ce péché lui-mê­me, parce que nous pensons à la double direction de l’amour vers le prochain auquel il s’adresse et vers la personne d’où il part. L’amour délivre le prochain de son esclavage en ce qu’il satisfait aux besoins de son existence, comme Christ a libéré par ses guérisons, son entr’aide, ses aumônes... et tout ce que Jésus a opéré est en même temps com­mencement et signe de ce qu’il continue de faire au long de l’histoire par l’amour fraternel.

Par ailleurs, l’amour délivre celui qui aime de son péché – non pas que l’amour possèderait un méri­te, même un mérite dérivé de celui du Christ – mais parce que c’est en aimant autrui que l’homme se renie, se donne, réalise dans l’histoire le don de Christ aux hommes. Son amour n’est pas la condi­tion pour qu’il soit pardonné, mais l’instrument à travers lequel le pardon du Christ s’actualise dans sa chair, s’incarne dans son amour.
   Il va sans dire que l’amour ne doit pas se limiter aux relations individuelles, quoiqu’il soit le support juridique et social de l’amour fraternel, qu’il délivre toujours le prochain d’un besoin, et celui qui aime de son péché. La matérialisation historique de l’amour par une action économique, sociale, juridi­que, politique, ne lui enlève pas cette efficacité donnée par Christ. Car Christ est tou­jours le même et la chair aussi : c’est toujours la chair de l’hom­me, bien que les individus changent et se succè­dent.

Le péché des hommes se caractérise par le refus d’aimer le prochain ; ce refus entraîne une rupture de l’œuvre du Christ et soumet l’homme à la victoire du mal. C’est ici que la mort du Christ s’actualise dans la chair des hommes comme juge­ment de Dieu. Car toute rupture, ou suspension d’amour, provoque l’anéantissement de l’homme et la destruction de son œuvre.
   Cette destruction que nous contemplons sur la croix se prolonge dans le monde, et c’est toujours le Christ, incarné dans l’homme, qui est l’objet de ce jugement. Il subit la mort dans la chair des hom­mes, toujours pour la gloire du juste et le pardon du pécheur. Les maladies et les guerres, les persé­cutions violentes et les révolutions, les boule­verse­ments historiques et la mort elle-même, ne sont pas seulement le reflet du Crucifié sur l’écran de l’histoire, mais le prolongement de sa croix dans la souffrance humaine.
   La mort du Christ accomplit l’histoire dans sa signification et dans sa valeur, tandis que l’histoire accomplit la mort du Christ dans l’espace et dans le temps, sur la chair des hommes.

À la suite de ce jugement, l’homme n’est pas détruit : Christ meurt, non pour condamner les hommes, mais pour les sauver. La souffrance hu­maine est une épreuve, elle est une fournaise à travers laquelle les individus passent pour la purifi­cation de l’homme. La fournaise brûle l’œuvre de l’homme – civilisations et empires, science et tech­nique, bonheur et progrès – mais l’homme, lui, est sauvé. L’humanité naît à nou­veau dans le « reste » qui survit au jugement. Elle sort toujours de l’arche du salut pour s’acheminer vers la terre promise à tous les hommes. C’est le ressuscité-homme qui sort du tombeau pour vivre encore ses quarante jours dans le désert de l’histoire afin de parvenir au Royaume.




1964




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t532210 : 03/08/2017