ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisLes Centres Régionaux |
2- La laïcité du monde |
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Introduction Le monde dans la théologie de l’Église La laïcité du monde et l’originalité de l’Église . Le monde, incarnation du Christ . L’Église, corps du Christ L’ecclésiologie des Centres |
En tant qu’événement, l’Église ne peut faire autre chose que croire, c’est à dire s’humilier pour se réjouir du Seigneur en l’adorant et l’exaltant. Elle est l’acte d’adoration, de prière et de louange qui s’élève de la terre au ciel précisément parce que les cieux s’ouvrent sur elle. Après avoir révélé la personne de Jésus-Christ, l’Église manifeste aussi son œuvre depuis la création jusqu’à l’accomplissement du Salut. C’est en vue de cette manifestation totale de l’œuvre du Salut que le Christ a confié à l’Église sa Parole, les sacrements et les ministères. En accomplissant l’événement dans l’institution, Christ confie sa Parole à la prédication de l’Église, bien que le monde aie lui aussi connaissance de cette Parole, puisque le Livre qui la contient fait partie du patrimoine de la pensée et de la sagesse humaines. Toutefois, il ne peut pas la reconnaître comme Parole de Dieu, ni la comprendre dans l’esprit et dans l’intelligence du Christ : l’Église, seule, possède cette compréhension et cette connaissance. Sa prédication la place dans l’histoire comme le support de l’annonce de la Parole de Dieu et est précisément l’acte par lequel l’annonce de la Parole donnée dans le passé se renouvelle dans le présent. Dans la mesure où elle transmet la Parole, cette prédication est une tradition ; elle est aussi une doctrine en ce qu’elle instruit les hommes pour en faire les disciples de Jésus-Christ ; elle est enfin une prophétie, parce qu’elle dévoile la signification du monde et de son histoire.
En instituant les sacrements, le Christ a fait de son Église la représentation et la signification de toute son œuvre de Salut. Car les sacrements n’expriment, ne représentent pas seulement des actes que le Christ a accomplis de son vivant, mais aussi tous les événements de l’ancienne alliance et ceux propres à l’histoire jusqu’à ce que toutes choses soient accomplies dans l’histoire du salut, et ils sont aussi reflets du Royaume de Dieu. Christ a confié à son Église ses ministères pour que l’Église ne vive pas seulement pour elle-même : la raison d’être de l’Église est pour le monde (pros), en vue du Royaume de Dieu (eis). On a l’habitude de considérer ces ministères uniquement en fonction de l’Église, sans réfléchir que tout service de la communauté doit être toujours tourné vers le monde. Tout ministère interne est valable dans la mesure où l’Église se porte au monde. En se mettant au service des autres, l’Église ne doit pas se substituer au monde : elle agit comme signe prophétique pour annoncer au monde ce qu’il doit faire et qu’il fera sous la seigneurie de Christ. C’est dans cette perspective que l’Église a ouvert des orphelinats, des maisons d’accueil, des hôpitaux, des écoles, et qu’elle a fait des œuvres sociales. Mais une fois que le monde a compris que toutes ces réalisations sont de son ressort et qu’il les accomplit, l’Église doit se retirer pour se présenter à nouveau avec d’autres signes prophétiques, afin que le monde progresse dans sa croissance. Si le monde est l’incarnation du Christ, l’Église en est la « corporification ». Le monde offre au Christ la chair de l’humanité, chair dans laquelle le Christ poursuit son incarnation, sa mort et sa résurrection. L’Église, par contre, offre au Christ son corps (soma), dans lequel cette même incarnation s’exprime et se manifeste. Dans un certain sens, l’Église accomplit la présence du Christ dans le monde. Alors que l’homme du monde, dans lequel le Christ s’incarne, ne devient pas Christ (mais reste toujours sarx, humanité pécheresse qui, dans sa souffrance et son histoire, cache la personne du Christ), c’est seulement dans l’Église que l’homme devient Christ, cela parce que le Christ se révèle en elle dans Sa personne et dans Son œuvre. Naturellement, dans leur individualité, les hommes sont les mêmes : Pierre, Jean et Jacques au moment de la transfiguration étaient les mêmes hommes qu’auparavant. Mais à la lumière de la manifestation du Christ, ils participent de la même gloire, de la même transfiguration que Lui. Ce troisième aspect de l’Église mériterait d’être longuement réfléchi et approfondi sur la base des textes de l’Écriture, forts connus d’ailleurs. Nous nous contentons de l’énoncer, étant donné le caractère sommaire de cet article. Cela suffit cependant pour nous éclairer sur l’originalité de l’Église, originalité que le monde ne peut lui ravir, ainsi que sur la signification théologique du monde, qui ne peut être confondu avec l’Église ni séparé d’elle. |
t532220 : 03/08/2017