ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


Auteurs Méthode Textes
Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris



Les  Centres  Régionaux
et  leur  rôle  théologique




2- La laïcité du monde
et l’originalité de l’Église,
sous la seigneurie de Jésus-Christ (1)



L’Église, corps du Christ



Introduction


Le monde dans la théologie de l’Église


La laïcité du monde et l’originalité de l’Église
Le monde, incarnation du
  Christ
L’Église, corps du Christ


L’ecclésiologie des Centres

Magnum Dictionarium, de P. Danet, 1691 e qui caractérise l’Église est son ori­ginalité absolue et unique. Tout en étant dans le monde, l’Église n’est pas du monde, car elle est précisé­ment la révélation de ce Christ et Seigneur, qui s’incarne dans les hommes et agit dans le monde en vue du Royaume de Dieu. Elle est tout d’abord la manifestation de la personne du Christ. C’est au milieu des hommes qui se réunis­sent au nom du Christ que l’Église apparaît, sor­tant de l’anonymat pour se révéler dans la sei­gneu­rie de Christ. L’Église est alors un événement, la révéla­tion du Christ ; elle est la rencontre des croyants avec le Ressuscité. Elle est au monde comme la transfiguration aux faits de la vie historique de Jésus-Christ. Les hommes sont les mêmes, comme aussi Jésus est ce même Seigneur qui agit dans le monde mais, tous, ils sont manifestés dans la lu­mière de la gloire propre au Ressuscité.

En tant qu’événement, l’Église ne peut faire autre chose que croire, c’est à dire s’humilier pour se réjouir du Seigneur en l’adorant et l’exaltant. Elle est l’acte d’adoration, de prière et de louange qui s’élève de la terre au ciel précisément parce que les cieux s’ouvrent sur elle.


Après avoir révélé la personne de Jésus-Christ, l’Église manifeste aussi son œuvre depuis la créa­tion jusqu’à l’accomplissement du Salut. C’est en vue de cette manifestation totale de l’œuvre du Salut que le Christ a confié à l’Église sa Parole, les sacrements et les ministères. En accomplissant l’événement dans l’institution, Christ confie sa Pa­role à la prédication de l’Église, bien que le monde aie lui aussi connaissance de cette Parole, puisque le Livre qui la contient fait partie du patrimoine de la pensée et de la sagesse humaines. Toutefois, il ne peut pas la reconnaître comme Parole de Dieu, ni la comprendre dans l’esprit et dans l’intel­ligence du Christ : l’Église, seule, possède cette compré­hension et cette connaissance. Sa prédica­tion la place dans l’histoire comme le support de l’annonce de la Parole de Dieu et est précisément l’acte par lequel l’annonce de la Parole donnée dans le passé se renouvelle dans le présent.

Dans la mesure où elle transmet la Parole, cette prédication est une tradition ; elle est aussi une doctrine en ce qu’elle instruit les hommes pour en faire les disciples de Jésus-Christ ; elle est enfin une prophétie, parce qu’elle dévoile la signifi­cation du monde et de son histoire.

En instituant les sacrements, le Christ a fait de son Église la représentation et la signification de toute son œuvre de Salut. Car les sacrements n’expri­ment, ne représentent pas seulement des actes que le Christ a accomplis de son vivant, mais aussi tous les événements de l’ancienne alliance et ceux pro­pres à l’histoire jusqu’à ce que toutes choses soient accomplies dans l’histoire du salut, et ils sont aussi reflets du Royaume de Dieu.
   Par le baptême, par exemple, l’Église exprime la mort et la résurrection du Christ et le salut de tout homme qui passe à travers cette mort et cette résurrection ; mais il représente aussi tous les évé­nements qui ont, dans le passé, signifié cette mort et cette résurrection (création, déluge, passage de la mer morte...) et les événements de l’histoire à travers lesquels le Christ continue et réalise, sur la chair des hommes, cette mort et cette résurrection.
   La Sainte-Cène, d’autre part, n’est pas seule­ment un souvenir du repas de notre Seigneur, elle est également un signe de l’Alliance de paix et d’amour que Dieu a établie avec son peuple, et un signe de cette paix, de cet amour fraternel et de cette unité que Christ réalise dans l’histoire par Sa présence et Son action.
   De même que la prédication manifeste la Parole en tant que Parole de Dieu, de même les sacre­ments découvrent aux hommes les faits de l’his­toire comme événements de Dieu.

Christ a confié à son Église ses ministères pour que l’Église ne vive pas seulement pour elle-même : la raison d’être de l’Église est pour le monde (pros), en vue du Royaume de Dieu (eis). On a l’habitude de considérer ces ministères uniquement en fonc­tion de l’Église, sans réfléchir que tout service de la communauté doit être tou­jours tourné vers le monde. Tout ministère interne est valable dans la mesure où l’Église se porte au monde. En se met­tant au service des autres, l’Église ne doit pas se substituer au monde : elle agit comme signe pro­phétique pour annoncer au monde ce qu’il doit faire et qu’il fera sous la seigneurie de Christ.

C’est dans cette perspective que l’Église a ouvert des orphelinats, des maisons d’accueil, des hôpi­taux, des écoles, et qu’elle a fait des œuvres socia­les. Mais une fois que le monde a compris que toutes ces réalisations sont de son ressort et qu’il les accomplit, l’Église doit se retirer pour se pré­sen­ter à nouveau avec d’autres signes prophé­ti­ques, afin que le monde progresse dans sa crois­sance.



Si le monde est l’incarnation du Christ, l’Église en est la « corporification ». Le monde offre au Christ la chair de l’humanité, chair dans laquelle le Christ poursuit son incarnation, sa mort et sa résurrection. L’Église, par contre, offre au Christ son corps (so­ma), dans lequel cette même incarnation s’exprime et se manifeste. Dans un certain sens, l’Église ac­complit la présence du Christ dans le monde.

Alors que l’homme du monde, dans lequel le Christ s’incarne, ne devient pas Christ (mais reste toujours sarx, humanité pécheresse qui, dans sa souffrance et son histoire, cache la personne du Christ), c’est seulement dans l’Église que l’homme devient Christ, cela parce que le Christ se révèle en elle dans Sa personne et dans Son œuvre. Naturel­lement, dans leur individualité, les hommes sont les mêmes : Pierre, Jean et Jacques au mo­ment de la transfiguration étaient les mêmes hommes qu’au­paravant. Mais à la lumière de la manifestation du Christ, ils participent de la même gloire, de la même transfiguration que Lui.

Ce troisième aspect de l’Église mériterait d’être longuement réfléchi et approfondi sur la base des textes de l’Écriture, forts connus d’ailleurs. Nous nous contentons de l’énoncer, étant donné le caractère sommaire de cet article. Cela suffit ce­pendant pour nous éclairer sur l’originalité de l’Église, originalité que le monde ne peut lui ravir, ainsi que sur la signification théologique du monde, qui ne peut être confondu avec l’Église ni séparé d’elle.




1964




Retour à l’accueil Le monde, incarnation du Christ Haut de page L’ecclésiologie des Centres

t532220 : 03/08/2017