a théologie classique a bâti une christologie qui relève surtout de Jésus-Christ, considéré en tant qu’individu qui fait revivre en sa Personne l’union entre Dieu et les hommes. Mais cette théologie se heurte à un grave problème quand elle doit étendre cette union du Christ à l’humanité de tous les hommes. Pour atteindre l’homme il faut faire appel, si l’on tient compte de la théologie propre à chaque Église, à l’intervention soit de la Parole, soit de l’Esprit, soit de l’autorité à travers lesquels doit précisément s’établir le lien qui unit Christ aux hommes.
Sans nier l’authenticité de cette démarche théologique du Christ-individu aux hommes, nous pensons qu’une autre démarche, toute aussi légitime, est possible : elle part du principe Christ-homme.
La Bible, en effet, en nous présentant le Christ comme le Sauveur du Monde, voit en Lui la totalité de l’humanité, car elle reconnaît en Lui non seulement l’individu Jésus, fils de Marie, mais encore l’homme lui-même.
Jésus, sur la scène biblique, apparaît comme le peuple lui-même auquel Dieu confie la tâche d’accomplir Ses promesses : tout ce qui s’opère en Lui et par Lui est valable pour l’homme ; le fils de Marie s’efface pour se présenter comme le fils de l’homme qui possède la plénitude humaine. Jésus est la semence qui, mourant à elle-même, grandit et devient arbre, l’arbre de l’humanité. C’est le levain qui se cache dans la pâte humaine jusqu’à ce qu’elle soit toute levée (Mt 13: 33), c’est la vie du cep qui se communique aux sarments (Jn 15: 1).
Ainsi, sans renier l’individualité du Christ, il faut la considérer toujours dans sa relation d’être avec l’humanité. C’est dans cette perspective que se justifie une théologie du monde par rapport à l’Église, et de l’Église par rapport au monde.