ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Rapport  à  l'Assemblée  Générale
du  Centre  de  Recherche  Protestant
du  Nord




Un rapport unilatéral





Introduction


Le phénomène n'est pas nouveau


Une orientation nouvelle


Les nouvelles réactions


Un rapport unilatéral


Pour une analyse plus objective


Positiver le rapport



Magnum Dictionarium latinum et gallicum, de P. Danet, MDCXCI ans ce rapport du Président, l'analyse de la situation me semble pécher par son unilatéralité, tant par rapport aux parois­ses que par rapport au Centre.

Il y est dit en effet que les paroisses veulent un autre Centre, que l'enseignement du Cen­tre actuel leur est insupportable, etc. C'est là identifier les paroisses avec certains de leurs éléments, avec leurs noyaux piétistes, conformistes et fondementalis­tes.
   Or il y a les autres, tous ceux qui, ni conformistes ni fondementalistes, ont quitté ou quittent les parois­ses, s'y sentent mal à l'aise ou sont dégoûtés par le vide spirituel, le manque d'initiative, le morne ennui des réunions, les prédications sans relief ; ceux qui veulent échapper à l'atmosphère de ghetto, au man­que de culture, à une foi vécue de manière trop religieuse et appuyée moins sur Jésus-Christ que sur la sécurité sociologique offerte par l'appartenance à l'Église.

Par rapport au Centre aussi, l'analyse présentée par le rapport présidentiel est discutable : le Centre y est présenté comme s'il n'était que cette dizaine d'études ou ces quelques personnes qui, par leur recherche exprimée dans les Cahiers ou des réunions, mettent en question l'Église traditionnelle.
   Là encore, c'est compter pour rien les autres études, les autres participants, les autres orateurs appe­lés pour des Carrefours, des rencontres, des conférences, des séminaires, et venus de la région même ou de plus loin ; il y en a eu de toutes les tendances, y compris des fondementalistes.

On parle aussi du Centre comme s'il ne comptait plus aucun croyant. Mais ses collaborateurs, ses amis, ses abonnés, ne sont-ils pas en grande majorité des chrétiens ? Pourquoi refuse-t-on de les écouter, de prendre en considération leurs critiques vis-à-vis d'une tradition qui est un scandale pour eux ? Pour­quoi ne veut-on pas entendre leur joie devant une possibilité de recherche et d'ouverture ? Pourquoi ne veut-on pas reconnaître leur désir d'avoir un Centre de ce type et non d'un autre ?
   Et l'analyse ne tient pas compte non plus de ce que la situation actuelle de la Région se retrouve dans les églises du monde entier : s'il y a une contestation du Centre régional, il y a la même partout, de la part de tous ceux qui participent à des recherches sembla­bles.

Mais venons-en au problème de fond, celui d'un double Centre.
   Selon le Président, les églises auraient besoin d'un Centre qui ne serait que pour l'Église, pour la garder telle qu'elle est, et pour préserver sa confession de foi qui ne devrait jamais être remise en question. Et puisque, dans l'ERF, il n'existe pas de confession de foi mais une déclaration, il s'agirait donc de ne pas permettre que soit remise en question cette certitude de foi professée par les églises et qui varie selon le niveau de culture, le lieu, la traditon locale de l'église ainsi que selon le pasteur.
   Pourrait-on encore parler d'un Centre de recher­che ? Ne s'agirait-il pas plutôt d'un Centre d'anima­tion, d'un instrument de pédagogie ?

Comment concilier cette défense de toute mise en question avec la liberté propre au protestantisme de toujours pouvoir faire appel à l'Évangile, fût-ce contre l'Église ? Pourquoi craindre de mettre en question la confession de foi si celle-ci n'est pas une vérité mais une expression contingente de la foi d'une église ?

Le Centre, dit-on encore, met en question l'Évangile lui-même ! Mais toute la recherche théologique d'au­jourd'hui, de Bultmann à Ricoeur, tourne autour de l'interprétation des Écritures.

En fait, tout ce que le Président considère comme devant être propre à un Centre n'est autre chose qu'une fonction de l'Église et qu'elle devrait assumer elle-même.




Le 5 mars 1968




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t536400 : 04/12/2017