ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Le CPO :  ministère  de  l’Église,
ou  association  culturelle  laïque
dans  le  cadre  de  la  Fédération  Protestante ?





La naissance
des Centres protestants



Introduction


Naissance des Centres protestants


Méfiance des Églises


Tension entre le CPO et l’Église


Complémentarité entre l’Église et le Centre


Sortir du processus dialectique d’exclusion


Conditions concrètes d’une union



La logique ou l’art de penser, de Nicolle et Arnauld, 1664 es Centres protestants sont nés de la prise de conscience d’une situation de rupture dans l’homme à la suite de la sécularisation de la culture. On eut la conviction qu’on ne pouvait vivre com­me chrétiens que dans l’Église, c’est à dire dans le rassemblement cultuel, le monde étant athée aussi bien dans ses structures que dans son idéo­logie. L’homme se trouvait divisé surtout entre sa responsabilité professionnelle et sa con­fession de foi.
   Quelques-uns eurent alors l’idée d’organiser des rencontres entre théologiens et laïcs, dans le but précisément de mettre en dialogue les deux con­scien­ces qui divisaient l’homme : conscience con­fessionnelle et conscience professionnelle.

Les Centres protestants furent le lieu de ce dia­logue, tout au moins dans une première période. On chercha à les comprendre à la lumière du mot d’ordre lancé par Hans Ruedi Weber « Ecclesia et diaspora » : rassemblement et dispersion. Et ils fu­rent situés à la jonction de ce double mouvement : lieu, mais surtout moment, où la conscience mon­daine de la dispersion et la conscience ecclésiale du rassemblement pouvaient se rencontrer dans une unité profonde de réconciliation.

Dans la période suivante, les Centres furent tra­versés par une crise grave, qui les mena à repenser les motivations de leur origine. On partagea la con­viction que le processus de sécularisation jouait un rôle positif dans la formation de l’homme, puis­qu’il l’avait libéré du conditionnement religieux. Et on reconnut aussi, avec Bonhœffer, que l’athéis­me de la culture était désormais une réalité que l’on devait chercher à comprendre dans la foi.
   On se décida, non sans hésitation ni crainte, à s’avancer sur le chemin d’un « christianisme a-reli­gieux », d’un « monde sans Dieu », d’une « lecture laïque de la Bible » et, enfin, d’une « théologie de la mort de Dieu ». Passage obligatoire, comme dans un enfer, en vue d’une purification de la foi.
   Effectivement, le chemin devint de plus en plus difficile, surtout lorsqu’on passa de la problémati­que Bonhœfferienne à la critique marxiste. D’au­tres concepts entrèrent en jeu, tels que « matérialis­me dialectique », « lutte des classes », « révolu­tion », qui obligèrent à renverser l’optique origi­nelle, fon­dée sur la réconciliation et sur une har­monie pré­établie entre humanisme et foi.

Les Centres durent se redéfinir et rechercher le fondement théologique de leur nouvelle orienta­tion. Sans doute demeuraient-ils des lieux de ren­contres, mais où ce lieu se situait-il ? Selon la pre­mière dé­marche, il se plaçait à la jonction du dou­ble mouve­ment du cercle de la foi. Mais depuis la dernière crise on ne peut plus s’exprimer ainsi. Car la laïcité de la société une fois admise, le « mon­de » deve­nait un univers compréhensible sans la foi, n’accep­tant d’être mis en relation avec celle-ci que s’il de­meurait libre et autonome. Le lieu de la rencontre ne pouvait être qu’un point zéro entre foi et laïcité, révélation et raison, théisme et athéisme.
   Le dialogue prit ainsi un sens nouveau et précis, se définissant par opposition aussi bien aux préten­tions de la prédication qu’à celles de l’action poli­ti­que. Il n’était donc pas annonce de la Parole, mais échange ; il ne visait pas à renier, mais à respecter les différences, en vue précisément de les compren­dre. Dans une société traversée par la lutte des clas­ses, les Centres voulaient donc ouvrir une paren­thèse où les hommes se seraient rencontrés par delà la négation dialectique.
   Utopie ? Peut-être, mais elle était exigée par l’hy­pothèse de liberté qui conditionnait la démar­che.




6 mars 1978




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t548100 : 07/12/2017