ais quelle est la force qui peut inciter l’Église et la culture sécularisée à sortir du processus dialectique d’exclusion pour se situer dans un vis-à-vis de dialogue ? C’est l’homme. Car, s’il est vrai que les hommes sont entraînés par une « structure » objective qui les oppose et les divise, ils possèdent en propre le pouvoir de se poser comme des sujets et de se situer dans une perspective de conscience à l’encontre de la nécessité objective. Au-delà de l’homme comme produit social apparaît l’homme sujet, qui ne se laisse atteindre que par la rencontre et le dialogue et dans le respect des libertés.
Quant au Centre, cette visée de l’homme lui appartient en propre dès ses origines qui, comme je l’ai dit, furent caractérisées par le dialogue entre les hommes. En ce qui concerne l’Église, elle lui revient à la suite d’une conversion sur elle-même à son essence originelle. Rappelons que l’Église est la matrice de la culture et qu’elle a aussi représenté pendant longtemps le conscience sociale des peuples. Toutefois elle a joué ce rôle culturel par la domination, en conditionnant ces peuples à la religion.
Le processus de sécularisation lui a ôté cette fonction culturelle, ne lui permettant plus d’agir sur les consciences individuelles que dans le respect de leur liberté et dans le domaine de la foi. Hors de celle-ci, son activité deviendrait suspecte et aussi illégale, quoique la loi lui offre une marge de jeu très étendue et difficilement contrôlable.
Par sa situation sociale, l’Église ne peut donc nouer avec le monde que des relations au niveau théologique. La conscience culturelle et laïque lui échappe. Elle peut cependant se mettre à nouveau en relation avec elle par le biais des « services » d’entr’aide et de culture. Les Centres font partie de ceux-ci. Ainsi l’Église, prenant conscience qu’elle n’a pas à se cantonner comme une noble dame déchue ou spoliée dans son domaine réservé, peut-elle à nouveau œuvrer dans l’histoire. Mais elle le fait, non plus par la domination et en conditionnant la culture à son pouvoir, mais par le service. Elle revient à elle-même, à son essence qui avait été aliénée par le pouvoir, car elle était à l’origine « service de communion » entre les hommes (diakonia koinonias.