es Églises regardèrent les Centres naissants avec méfiance, remplies de crainte instinctive à l’encontre d’une nouveauté qui ne pouvait que réserver des surprises. Et, si l’on est honnête vis-à-vis d’elles, on doit reconnaître que les Églises ne se sont pas trompées, que l’orien­tation des Centres comportait effectivement des ris­ques. Mais que serait l’homme s’il reculait face au danger ?

Au début, il apparut que les Églises supportaient mal de ne pas être elles-mêmes le lieu de la ren­contre. À leur avis, la jonction entre le rassemble­ment et la dispersion ne pouvait être que le culte. Cédant à cette exigence, les Centres soit laissèrent des heures libres pour le culte dominical, soit inclurent celui-ci dans leurs programmes.
   Mais les plaintes ne cessèrent pas pour autant, puisque les paroisses accusèrent les Centres de vouloir les supplanter ou les remplacer. D’où le conflit, alimenté par des rivalités, des jalousies, des soupçons et des défis.

L’incompréhension devint plus profonde lorsque les Centres changèrent d’orientation. Les paroisses se montrèrent particulièrement irritées du fait que, dans les Centres, on poursuivait un dialogue si libre et si critique qu’il semblait remettre en question l’institution de l’Église et même les fondements de la foi. On avait pondu un œuf, mais celui-ci ap­paraissait comme un œuf de serpent !
   Des interrogations surgirent, qui prirent vite l’allure d’accusations : sur quoi les Centres se fon­daient-ils pour s’appeler « protestants » ? Avaient-ils encore une référence à l’Évangile ? La fonction exercée par le directeur pouvait-elle être considérée comme un ministère, dès lors qu’elle semblait mise au service des négateurs de l’Église ?