ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Prométhée et Jésus :
d’Eschyle aux évangiles


(esquisse d’une théologie du mythe)





Conclusion théologique




Sommaire

Introduction

Dieu, le Sauveur et la mort

Le mythe d’Io et l’évangile de Marie

Conclusion théologique
- Le salut par la loi
- Le Christ prime sur la
  loi
- Le mythe, manifesta-
  tion de Dieu



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

Le salut par les œuvres de la loi


   Le problème n’est d’ailleurs pas nouveau : il a été pressenti dès la naissance de la réflexion théologique de l’Église, à l’occasion de la conversion des païens à l’Évangile.
   Issu historiquement du judaïsme, prêché par des juifs aux juifs, l’évangile a eu à se justifier vis-à-vis de l’histoire et de la théologie biblique. Jésus, le fils de Dieu, est présenté comme un homme dont le rôle est précisément d’accomplir le messianisme du peuple. Sa génération s’insère dans la ligne de la descendance des fils d’Abraham, et sa naissance le constitue héritier du royaume de David. Soumis à l’obéissance à la loi par la circoncision, il s’associe à la tradition prophétique par sa relation avec Jean-Baptiste. De plus, il est vraiment le Messie, car par sa parole et par ses œuvres il réalise les oracles des prophètes à ce sujet.
   L’évangile a le souci d’introduire la personne de Jésus dans le monde de la Bible parce qu’il n’est pas un homme nouveau, mais celui dont les prophètes ont parlé et que les Pères ont vu en espérance. Ce sont par conséquent les Écritures qui doivent le révéler et le définir. L’apparition de Moïse et d’Élie, prophètes l’un des origines, l’autre de l’eschatologie de la révélation, montre qu’ils sont là pour en témoigner.
   Tout cela a amené les douze et la communauté de Jérusalem à une sotériologie conçue sous l’angle vétérotestamentaire. Jésus sauve, en ce qu’il accomplit la loi et le sacrifice, la prophétie et le messianisme. Entre lui et l’Ancien Testament, la continuité ne connaît aucune solution. La loi s’ajoute à l’évangile comme instrument nécessaire, comme condition du salut, de même qu’elle avait été une condition de la venue du Christ. Sans la loi, Jésus serait insaisissable ; il serait un point en-dehors de cette ligne qu’il doit, au contraire, achever et accomplir.

   La doctrine propre à l’Église de Jérusalem – le salut par les œuvres de la loi – est la conséquence la plus logique de cette théologie. Il ne s’agit pas de croire que la loi peut se justifier sans le Christ, mais qu’il n’est pas possible de s’approcher du Christ sans la loi. Qui, d’ailleurs, aurait pu faire connaître le Christ comme le vrai sauveur, sinon la loi et les prophètes ?
   L’École de Jérusalem ne s’était pas aperçue que, dans son apologétique, au lieu de témoigner du Christ par les Écritures, elle interprétait celles-ci par le Christ. Saisie par la foi nouvelle de l’Évangile, elle possédait la lumière pour comprendre les Écritures qui, sans la parole du Christ, pouvaient être expliquées d’une façon différente. Les judéo-chrétiens avaient oublié que le Christ était vraiment le premier, bien qu’il vînt le dernier.
   Le problème s’était posé, et d’une façon aiguë, du vivant même du seigneur. Les pharisiens réfutèrent les affirmations de Jésus et le nièrent comme Messie, précisément en raison des Écritures. L’argumentation des pharisiens était tellement rigoureuse que Jésus serait resté coincé, s’il n’avait fait appel à la nouvelle révélation qui se réalisait en lui. Contre l’autorité de Moïse et d’Abraham, il s’est constitué, par sa personne, autorité de Dieu. C’est lui le commencement, c’est en lui que Dieu parle, afin que les Écritures parviennent à leur signification et à leur aboutissement. Paul a compris tout cela, il a fait découvrir à l’Église l’universalité de ce Christ dont elle avait minoré le rôle. Son intuition est plus bouleversante qu’il n’apparaît à première vue.

   L’idée force de toute l’argumentation judéo-chrétienne relevait du passage biblique où Dieu confie ses promesses à Abraham et à sa postérité. Pour hériter le royaume que Dieu nous accorde en Christ il faut donc, selon elle, être fils d’Abraham. Naturellement, il ne s’agit pas d’une filiation charnelle mais spirituelle, car c’est seulement par Isaac, le fils de l’élection, que Dieu a constitué son peuple. Il faut, en d’autres termes, que l’homme fasse partie de l’alliance par la circoncision, qui est la marque propre aux fils d’Abraham. La loi, au lieu de s’effacer, joue toujours son rôle en vue non du salut, qui est donné par le Christ, mais de la filiation d’Abraham, qui est objet du salut. Il reste cependant vrai qu’on ne peut être sauvé par le Christ si on n’est pas circoncis par le rite de Moïse.



c 1960




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t930100 : 09/02/2021