ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Pierre CurieTourcoing... |
Des expériences nouvelles |
Expériences nouvelles Un tournant œcuménique Le groupe pour la paix . Sensibilisation . Vietnam . Moyen-Orient . Arme atomique |
ès les premiers mois de mon ministère à Tourcoing, je fus conscient que cette communauté protestante s’acheminait inexorablement vers une impasse si une alerte n’était pas donnée et si les autorités ecclésiastiques régionales n’étaient pas associées à la recherche de structures nouvelles. Depuis Clermont l’Hérault, l’ouverture aux autres avait été l’expression de la foi de chacun dans la communauté. Désormais, cette préoccupation allait devenir la condition presque exclusive, la chance à saisir pour qu’advienne dans cette cité de Tourcoing où j’avais conscience que le temps était mesuré, une structure neuve, fondée sur un projet inédit pour lequel, avant d’apparaître comme une organisation visible, elle réclamerait une « révolution mentale ». Prenant appui sur le Centre protestant du Nord, nous avons tenté en équipes le pari de la recherche et du dialogue. C’était un véritable tournant théologique, fruit de la relecture de l’affirmation centrale de l’Évangile de Jean : « ieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils » (Jn 3:16). À travers les conservatismes religieux et la rigidité des structures qu’ils engendrent et qui rendent la vérité captive, nous avons découvert que l’Église prétend à travers son institution, ses dogmes et ses confessions de foi, la détenir. Cette aliénation religieuse la fige dans des formulations idéologiques, la confine dans des rites et des traditions impuissantes à évoluer, dans des structures oppressives de pouvoir. « Dieu est amour » ! Cette affirmation rappelle que l’amour échappe à toute mainmise, se dérobe à toute tentative d’encerclement par des dogmes et des structures de pouvoir. Le dynamisme de l’amour agit, au contraire, librement parmi les hommes comme un levain qui soulève la pâte mondaine. Dans cette perspective, l’Église découvre une physionomie nouvelle : elle renonce à détenir seule la vérité, car l’« ecclesia » des écrits primitifs est une « koinonia », une communauté, c’est-à-dire la genèse et le développement de la relation entre les uns et les autres par la dynamique de l’amour. Elle devient une réalité ouverte, en permanent surgissement et en devenir, en attente d’être. L’amour, créateur de communauté, demeure dans le monde l’unique lieu de la souveraineté de Dieu. Alors, dialoguer, c’est quoi ? Quand la vérité n’est plus prisonnière de l’Église et des églises, le dialogue devient le moyen de la rechercher et de la faire surgir dans un acte créateur de vie pour les hommes. Dialoguer, ce sera croire cette « utopie » (peut-être cette « hérésie ») que l’on découvre la vérité « en avant de soi-même » dans un permanent « déracinement » de soi-même vers un nouvel « enracinement » à l’autre, en quête de la rencontre. Et JJésus de Nazareth ? Il fut un signe évident de la vérité qui est amour dans le cheminement de l’histoire humaine. En ce sens, il est « le chemin, la vérité et la vie ». La mort « du grain de blé en terre » rend la vie possible. Dialoguer ne cessera jamais d’être un « risque », car la vérité ne se laisse entrevoir, et parfois découvrir, que dans le combat sans relâche de l’amour, jamais gagné d’avance, dans la trame complexe et les tensions des circonstances de l’histoire humaine. |
tc151000 30/12/2017