La  crise  du  protestantisme  français

   

La contestation de l’idéologie dominante

   Dans mon étude sur « la fonction idéologique de la confession de foi »(1), j’ai aussi montré qu’à l’intérieur du champ culturel de l’Église réformée apparaissait un certain nombre de tensions provoquées par des éléments de contestation de l’idéologie dominante (que j’ai aussi appelé le « noyau conservateur »).
   J’y ai relevé, pour la période historique donnée, un certain nombre d’indicateurs de contestation concernant les trois domaines de la politique, de la jeunesse et de la sexualité.
   J’ai montré, par ailleurs, que ces tensions intra-idéologiques provenaient de l’ambivalence des motivations religieuses et théologiques du système de normes et de valeurs du protestantisme français (2). À ce point aussi, mon analyse et celle de Jean-Paul Willaime se rejoignent, quand celui-ci écrit : « on le voit, la négation de l’universalité de l’Église par les déterminations diverses des individus et des groupes qui la composent, est bien un lieu théorique où l’émergence d’un certain nombre de conflits se laisse repérer »(3). Mais nos deux analyses ne rejoignent-elles pas, à leur tour, celle d’Alain Touraine, quand Jean-Paul Willaime écrit : « Ce lieu est tout d’abord celui où peut se repérer le fait que les institutions ecclésiales sont investies par les conflits qui traversent le système social global, c’est-à-dire la lutte des classes »(4). Nous y reviendrons.


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1 Pierre Curie : Parole et Société, 1972, n° 4, pp.347-351   

2 Pierre Curie : 3° colloque de Sociologie du Protestantisme, Strasbourg, 1972, pp. 148-149.   

3 Jean-Paul Willaime, : « Institutions ecclésiales et conflits », 3° Colloque de Sociologie du Protestantisme, Strasbourg 1972, Crises et mutations institutionnelles dans le Protestantisme français, p. 137.   

4 Jean-Paul Willaime, : « Institutions ecclésiales et conflits », 3° Colloque de Sociologie du Protestantisme, Strasbourg 1972, Crises et mutations institutionnelles dans le Protestantisme français, p. 134.