ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La référence aux Écritures et les controverses entre juifs et chrétiens
au sujet du Christ





Le Christ et les Écritures


Sommaire

Avertissement au lecteur

Introduction

Le Christ et les Écritures

La foi en Jésus-Christ

Le Christ selon les apôtres

L’action des apôtres




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   Les Écritures sont un ensemble de récits concernant la marche du peuple juif dans son existence, pour porter aux nations le message de salut.
   Dieu a appelé le peuple à jouer ce rôle dès sa naissance, par la bénédiction qu’il a donnée à Abraham : « Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité » (Gn 22:18). Cette bénédiction fut reprise par Isaac à l’adresse de Jacob, son fils (Gn 28:3-4) et elle fut pour la génération d’Abraham comme une onction, la consacrant à une mission à la fois législative, sacerdotale et prophétique.
   Le message de salut se laisse aisément entrevoir si on met cette bénédiction en opposition dialectique avec la malédiction que Dieu lance sur Adam lorsqu’il le chasse de l’Éden : « C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes à la poussière d’où tu as été pris, car tu es poussière et tu retourneras dans la poussière » (Gn 3:19). En s’opposant à cette malédiction, la bénédiction de Dieu vise à conduire les hommes vers cet état d’innocence et d’immortalités qu’ils avaient perdu en quittant l’Éden.

   Le peuple juif a toujours vécu dans la hantise de cette bénédiction en cherchant à comprendre son rôle par rapport aux vicissitudes de son existence. On peut dire que le peuple a joué principalement trois rôles christiques au cours de son existence.
   D’abord, il a eu conscience de jouer un rôle que l’on pourrait dire « politique » dans la mesure où, par sa médiation, il visait à soumettre les pouvoirs des nations à celui de Dieu. Le rôle de Christ fut joué par ses héros et ses chefs, comme Josué et les juges, Moïse et David, ou par des prophètes.
   Mais, lors de la déportation sous les Babyloniens et les Assyriens, le doute sur les promesses divines harcela la conscience du peuple, car c’était lui qui pliait les genoux devant les nations et non celles-ci devant lui. Sans doute avait-il péché, mais pouvait-il encore espérer atteindre son but, quand Dieu mettait comme condition qu’il soit sans péché ?

   Le deuxième Isaïe, prophète de l’exil, donna au peuple une réponse qui le libéra du doute. Il souffrait l’humiliation et les peines de l’esclavage, et même la mort, non pas en punition de ses péchés mais pour expier ceux des autres. N’ayant, du fait de l’exil, aucune possibilité d’offrir à Dieu les sacrifices pour ses péchés, il s’offrait lui-même par sa mise à mort et les tourments de l’exil.
   L’ange de Dieu était apparu à Abraham pour l’empêcher d’offrir en sacrifice son fils Isaac en le remplaçant par un bélier ; maintenant qu’il ne trouvait plus de bélier, c’est son fils qui se livrait en sacrifice pour les péchés de ses frères, devenant à la fois sacrificateur et victime. Il était sacrificateur car il était sans péché pour la peine qu’il subissait, et victime parce qu’il était pécheur, comme tous les hommes. L’ange de Dieu avait dit à Abraham « je le jure par moi-même, parole de l’Éternel : parce que tu as fait cela, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton unique, je te bénirai et je bénirai ta postérité… toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix » (Gn 22:15-18).
   Au fils unique d’Abraham qui s’offre lui-même en sacrifice, Dieu renouvelle les promesses faites en sa faveur à son père : « C’est pourquoi je lui donnerai sa part avec les grands ; il partagera le butin avec les puissants parce qu’il s’est livré lui-même à la mort, parce qu’il a été au nombre des malfaiteurs, parce qu’il a porté le péché de beaucoup et qu’il a intercédé pour les coupables » (Is 53:12). En accomplissant ce sacrifice, le serviteur de l’Éternel était un Christ, revêtu d’une fonction sacerdotale.

   Mais le serviteur de l’Éternel vivait encore en esclave sous la puissance grecque, comme il le fut sous la babylonienne et l’assyrienne, et quant à l’empire romain il montrait une telle puissance qu’elle faisait perdre au serviteur de l’Éternel tout espoir « d’avoir sa part parmi les grandes nations ».
   Le sacrifice du serviteur de l’Éternel pour la rémission des péchés devenait donc une énigme, car seul celui qui est sans péché peut supporter une peine pour la rémission des péchés : si on est pécheur, et même si on n’a pas commis un délit correspondant à cette peine, celle-ci expie les péchés qu’on a commis sans en avoir fait réparation, et non ceux des autres. Pour que le serviteur de l’Éternel, c’est-à-dire le peuple, puisse souffrir pour expier les péchés d’autrui, il faut qu’il soit sans péché, mais qui est sans péché sinon Dieu ? Il fallait donc conclure que l’oracle parlait du serviteur de l’Éternel comme image prophétique d’un sauveur qui fut sans péché, donc de Dieu lui-même ou du fils de Dieu. D’où la croyance que Dieu enverra dans le monde comme sauveur son fils, afin de racheter les hommes du péché qui, depuis les origines, les condamnait à mort.

   Ainsi trois courants de foi au Christ ont traversé l’histoire du peuple juif, selon qu’on attendait un libérateur politique, un sacrificateur, ou le sauveur du monde.




10/02/1999




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