ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisDe Jésus-Christ à JésusÉtude référentielle et archéologique des évangiles |
La personne de Jésus : |
Avertissement Sommaire Introduction Les Écritures et le salut Jésus, de sa naissance à sa résurrection La personne de Jésus - Conception et naissance - Prophète de la paternité de Dieu - Le sacrifice de la mort - Une parole sur la croix - La vie de Jésus - La mise au tombeau - Tombeau vide et résurrection . . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . . |
Parmi les paroles prononcées par Jésus aux derniers moments de sa crucifixion, j’en retiens ici une, par laquelle je pourrais terminer mes réflexions sur le présent récit. « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23:34). Ce passage est d’une grande importance pour notre recherche. Nous approchons de la mort de Jésus, et on se trouve dans un moment où il est encore vivant, sur la croix, dans un des derniers instants avant sa mort, et s’interrogeant sur elle. Il est seul, mais en relation avec son père, Dieu, préoccupé moins de sa mort que de la justice qu’il accomplira sur ceux qui l’ont mis sur la croix. Étonnante cette préoccupation de Jésus ! Craint-il que Dieu les punisse ? Il lui demande qu’il fasse œuvre de miséricorde plutôt que de justice. Il ne s’agit pas d’un désir de son cœur, mais d’une exigence de justice, qu’il ne voudrait pas qu’à sa mort Dieu néglige. Cela semble trahir entre eux une opposition entre justice et miséricorde. J’ai pensé qu’il serait difficile pour moi de laisser passer ce moment sans chercher à bien le comprendre. Il nous révèle en Jésus une telle force d’amour que, justement, je considère que c’est le début d’une relation nouvelle entre Dieu et les hommes et entre les hommes eux-mêmes. Ce qu’il faut d’abord comprendre, c’est le sens de l’affirmation de Jésus. Je me le propose dans les points suivants. 1 – En demandant le pardon à Dieu pour ceux qui l’ont crucifié, Jésus n’a pas négligé la justice, puisqu’il a trouvé en eux une raison qui ne les rendait pas tout à fait coupables : « ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23:34). Mais, d’abord, que signifie cette expression ? Que les juifs ne connaissaient pas suffisamment Jésus au point de se tromper sur son compte et de le soumettre à la peine de mort ? Ils ignoraient donc les vertus et les mérites de Jésus, pour n’en reconnaître que les délits ? Cette contradiction nous certifie leur méconnaissance, et donc leur opposition à Jésus. Leur vie était déterminée par des perspectives opposées. Mais n’étaient-ils pas des juifs ? Sans doute, mais le judaïsme passait par un moment difficile de son histoire, divisé par des intérêts et des perspectives en tension. Jésus et les juifs étaient dans cette opposition. 2 – Le peuple juif parvenait à Dieu par la Loi, à laquelle Jésus ne s’opposait pas, quoiqu’elle ne constituât pas la visée immédiate de sa foi. Prophète, il appelait les hommes à se lier entre eux par l’amour ou par une équité sans vengeance ! 3 – La loi n’était pas niée, mais mise au deuxième plan. Souvenons-nous de la célèbre expression dans l’évangile « Le sabbat est pour l’homme et non l’homme pour le sabbat » (Mc 2:27). Principe de cohérence de l’homme dans la conscience de lui-même et des autres. On pourrait affirmer que si, dans les Écritures les hommes vivaient uni par la loi, dans l’évangile c’était par l’amour. 4 – Au point que les juifs ne voyaient dans l’évangile de Jésus qu’une négation ouverte du principe de leur foi. Ils ne pouvaient que s’opposer par une justice privée d’amour. Souvenons-nous des paroles des soldats près de la croix : « Il en a sauvé d’autres et il ne peut se sauver lui-même » (Mt 27:42). 5 – On aurait pu répondre qu’il ne pouvait pas se sauver, parce qu’il avait été condamné par la justice ! Les Juifs ignoraient qu’il fallait remplacer la justice de la table de la Loi par celle de l’amour. 6 – Ils ne savaient pas qu’il n’était venu dans le monde que pour sauver les hommes par sa mort. Encore son salut ne pouvait-il être refusé aux Juifs qui l’ont crucifié parce qu’ils ignoraient l’amour et, ignorant l’amour, le pardon. « Pardonne leur, parce qu’ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23:34), c’est par ces paroles que Jésus meurt en sacrifice expiatoire pour leurs péchés. Si on faisait l’hypothèse que les juifs, au lieu de tuer Jésus, avaient cru en lui, il conviendrait de rechercher comment les choses se seraient passées. Si Jésus n’avait pas été tué, comment aurait-il accompli sa mission de sacrifice expiatoire des péchés des hommes ? Pourrait-on affirmer que les juifs l’auraient alors tué, afin qu’il accomplisse ce sacrifice ? Ou alors, n’ayant pas été tué, Jésus serait-il mort sans accomplir l’œuvre de rédemption ? Dans ce dilemme, on pourrait penser que le Salut des hommes se serait accompli par sa prédication, ou que la mort de Jésus elle-même, sans avoir le besoin d’être tragique, aurait accompli la volonté de Dieu de libérer les hommes du péché originel. Mais si on affirme que, dans cette hypothèse, la rédemption se serait accomplie, il faudrait éviter de faire appel à la souffrance de Jésus comme sacrifice expiatoire des péchés des hommes. Pour pardonner les péchés des hommes, Jésus n’avait besoin d’autre rôle que de leur pardonner. |
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![]() ![]() ![]() ![]() ![]() tf134000 : 03/10/2018 |