ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisDe Jésus-Christ à JésusÉtude référentielle et archéologique des évangiles |
La personne de Jésus : |
Avertissement Sommaire Introduction Les Écritures et le salut Jésus, de sa naissance à sa résurrection La personne de Jésus - Conception et naissance - Prophète de la paternité de Dieu - Le sacrifice de la mort - Une parole sur la croix - La vie de Jésus - La mise au tombeau - Tombeau vide et résurrection . Le tombeau vide . Quelques analyses . . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . . |
Dans le vide du tombeauJe rapporte d’abord le récit de Luc : « Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre de grand matin, portant les aromates qu’elles avaient préparés… étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus » (Lc 24:1-3). Le texte poursuit en précisant : tandis que les femmes étaient « saisies de frayeur… ne sachant quoi penser, leur visage baissé contre terre » (Lc 24:5), deux hommes leur apparurent en leur disant : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici mais il est ressuscité » (Lc 24:5-6). Ces deux hommes sont-ils des anges, descendus du ciel pour annoncer aux femmes que Jésus est ressuscité ? Le vide serait donc laissé dans le tombeau par Jésus lui-même, par sa résurrection. Dans les autres récits, le fait est le même, mais la scène change. Chez Marc, celui qui apparaît est « un jeune-homme » (Mc 16:5). Chez Matthieu, un ange (Mt 28:2-3). Dans le quatrième évangile, les femmes s’aperçoivent de loin que la pierre qui fermait le tombeau est enlevée, et elles courent appeler les disciples (Jn 20:1-2). On notera qu’avant d’être bouleversées par l’annonce de la résurrection, les femmes apparaissent comme fortement surprises et déconcertées par la vacuité du tombeau. Ce vide reste même lorsque l’ange leur apparaît pour annoncer la résurrection, et le reste encore quand il disparait. Au point que, selon Marc, à l’annonce de l’ange les femmes s’enfuient comme folles, déterminées à ne rien dire à personne. Chez Matthieu, le « jeune-homme » prévient cette réaction des femmes en les menant au dedans du tombeau, pour les convaincre par une argumentation que je dirais volontiers aristotélicienne, en tout cas propre au syllogisme : « Regardez… il a été mis là… Maintenant il n’est plus là… donc il est ressuscité… » Mais il ne parvient pas à les persuader. Elles ont dû se dire : « nous avons bien vu qu’il a été mis dans le tombeau ; s’il n’est plus là, c’est qu’ils l’ont repris pour le jeter dans une fosse, comme un "pendu au bois" ». Chez Luc, les femmes, perturbées, vont chez les apôtres qui, cependant, ne croient pas à leur message, ne le considérant que comme une songerie propre à leur sexe, au point qu’elles en furent blessées. Quant aux apôtres, ils préférèrent se fier à leur propre expérience, ne voulant croire en la résurrection qu’à partir de signes que le tombeau aurait offerts. Pierre et Jean y vont et ils y trouvent les bandelettes. Mais les femmes ne peuvent pas les croire. N’avaient-elles pas vu que Jésus avait été mis dans le tombeau enveloppé dans un sindon, sans être entouré de bandelettes pour autant ? Comment se fait-il que Pierre et Jean aient vue celles-ci, et pas le sindon qui le couvrait ? Dans les synoptiques, les femmes disparaissent de la scène pour céder la place aux hommes qui, eux, reçoivent le message de la résurrection non pas par des anges mais par des « signes » laissés dans le tombeau par le ressuscité lui-même. Quant aux femmes, déçues, elles ne peuvent que rentrer à la maison et garder leur parfum pour des morts qui ne ressusciteront pas du tombeau ! Très différent est le scénario du quatrième évangile. Marie de Magdala est la seule femme qui va au tombeau le matin après le sabbat, en pleurant. Elle n’y va pas pour oindre le corps de Jésus, car elle sait qu’il a été oint lors de sa mise au tombeau. Quand elle voit que la pierre du sépulcre a été enlevée et que le corps n’est plus là, elle court chez Pierre en criant : « On a enlevé le Seigneur du tombeau ! » (Jn 20:2). Le récit rapporte tout d’abord le comportement de Pierre, qui va au tombeau, y entre et voit les linges et le suaire, posé dans un coté et plié. Jean, l’ayant suivi, voit de même. Quant à Marie, venue elle aussi, elle se penche à l’intérieur du tombeau, et éclate en larmes. Mais elle voit à la place de Jésus deux anges, qui lui demandent pourquoi elle pleure. « Je cherche Jésus et je ne sais pas où on l’a mis » (Jn 20:13), répond-elle. Elle se tourne et voit un homme qu’elle croit être le jardinier. Celui lui demande : « Pourquoi pleures-tu ? » Elle lui répond : « Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis et je l’enlèverai » (Jn 20:15). C’était Jésus, qui lui dit : « Marie ! » Oui ! C’était lui qui s’était emporté ! Se retournant, elle lui dit en hébreux : « Rabonni ! » Et elle se jette à ses pieds, voulant évidemment le toucher, mais Jésus l’en empêcha parce qu’il n’était pas encore monté chez son Père. Marie ne peut donc pas le toucher. Marie est le seul témoin de la résurrection de Jésus, mais elle ne le voit pas comme elle l’avait vu lors de sa mort et de sa mise au tombeau, puisqu’elle ne peut pas le toucher. Était-il ressuscité ? Les récits évangéliques se rejoignent donc, mais d’une façon tellement différente qu’ils posent problème dans leur écriture comme dans leur compréhension. Les évangiles sont au nombre de quatre, dont l’écriture s’est échelonnée sur une longue période, grosso modo jusqu’à la fin du premier siècle. Leurs écrivains ne rapportent pas des faits qui se suivent dans le temps, mais qui s’accomplissent dans le même temps, et qui sont les mêmes, mais relatés de façon si différente qu’ils apparaissent souvent comme des événements différents. |
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![]() ![]() ![]() ![]() ![]() tf137100 : 04/10/2018 |