ANALYSE RÉFÉRENTIELLE
ET ARCHÉOLOGIQUE
Ennio Floris
Jésus le charpentier
La bonne nouvelle
Sommaire
Du fils naturel
au fils de Dieu
La
Métanoïa
Le défi
et la crise
La bonne nouvelle
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Même si on peut douter que
Jésus ait employé le mot « évangile », il n’en demeure pas moins que son message fut effectivement une bonne nouvelle.
Il convient de se rapporter à l’expérience, vivante, où ce message est né. Sans doute
Jésus l’avait-il formulé en méditant les oracles
d’Osée, mais
il ne s’était pas approché du texte à la manière d’un rabbi, soucieux de comprendre par le jeu de l’allégorie du sens, mais en
prophète. Sa lecture fut moins une interprétation qu’un dépassement du texte,
puisqu’il l’accomplit dans son expérience.
Jésus avait vu et entendu ce que le texte disait en énigme.
Je pense que l’Église ne s’était pas trompée lorsqu’elle comprit l’expérience de
Jésus à la façon d’une théophanie. Il s’agissait pour
Jésus d’une vision intérieure, c’est-à-dire d’une compréhension du texte par-delà la parole, par la manifestation de l’événement dont elle était porteuse, son expérience fut une révélation. Dès lors,
il s’est approché des hommes moins pour expliquer le texte prophétique et le rendre accessible à leur compréhension que pour en annoncer l’accomplissement : ce n’était plus le texte qui attirait leur attention mais l’événement.
Jésus n’invitait pas les gens à se réunir autour du livre sacré pour le lire et le déchiffrer, mais à porter leur attention sur la nouvelle situation d’existence qui était en train d’éclore. Le
royaume de
Dieu était proche, peut-être même
était-il déjà arrivé et se
trouvait-il au milieu d’eux. Le message de
Jésus était donc une « nouvelle », c’est-à-dire une parole qui annonçait un événement nouveau. Il était aussi une « bonne » nouvelle, dans la mesure où cet événement comportait un changement des conditions d’existence.
On peut comprendre la surprise et l’étonnement suscités par l’évangile. Tout le monde vivait comme si rien ne s’était passé. Les infirmes s’efforçaient d’accepter avec résignation leurs maladies comme expiation de leurs péchés ; les bien-portants continuaient à se réjouir de leur santé, comme signe de la bénédiction de
Dieu ; les pauvres se montraient heureux lorsqu’ils pouvaient recueillir les miettes qui tombaient de la table des riches ; ceux-ci estimaient être agréables à
Dieu lorsqu’ils pouvaient manger avec une abondance telle qu’elle leur permettait de laisser des miettes pour les pauvres ; les doctes ne cessaient de justifier le privilège de leur savoir par le service rendu aux ignorants ; ceux-ci continuaient à se croire touchés par la grâce lorsqu’ils pouvaient accéder au savoir des doctes. Tout donc paraissait être en ordre, selon un schéma immuable.
Or
Jésus venait annoncer que l’ordre avait changé, et que les choses ne se trouvaient plus liées par le même rapport et que les hommes auraient dû avoir d’autres relations d’existence.
Jésus était semblable à un héraut annonçant à une cité la mort du tyran qui la tenait soumise et l’instauration d’un régime nouveau de liberté.
Il annonçait la guérison à celui qui se croyait encore malade, la liberté à celui qui demeurait en prison.
Mais ce qui étonnait le plus dans son message, au point d’apparaître énigmatique, c’était qu’il proclamait un ordre nouveau par rapport à celui que
Dieu lui-même avait établi depuis le commencement : il ne s’agissait pas de contester les abus du pouvoir ou l’enrichissement illicite, mais l’ordre même qui permettait à l’homme de devenir riche ou pauvre, légitime ou illégitime, élu ou rejeté selon la justice.
Dieu était-il alors toujours le même ?
Il serait revenu du
désert pour prendre à nouveau possession de son
royaume, non plus en qualité de maître mais d’époux et de père. Le long séjour de
Dieu dans
le désert l’avait effectivement changé :
il s’était converti à l’homme avant que celui-ci ait pu se convertir à
lui.
c 1976
tk400000 : 12/06/2020