ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les apparitions dans les évangiles





Le Christ est ressuscité


Sommaire

La foi au Christ ressuscité

Le Christ est ressuscité

Les apparitions d’anges aux femmes

Les apparitions «privées» de Jésus

Les apparitions de Jésus aux Onze

La structure des textes évangéliques




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   Nous en arrivons maintenant à entreprendre l’étude des diverses apparitions du Ressuscité. Si Jésus est ressuscité, s’il est vivant, il faut qu’il soit visible, on doit pouvoir le rencontrer : il ne serait pas logiquement pensable qu’il ne se montre pas à ses disciples, à ces hommes qu’il a lui-même choisis et auxquels il a confié de prêcher la nouvelle du royaume de Dieu. Car, même s’ils ont été convaincus de la réalité de la résurrection par les Écritures, les disciples n’en désirent pas moins que Jésus se manifeste pour que cette vérité de foi acquière l’évidence du fait. Jésus n’est pas une idée, mais une personne dont la vie reprend son cours après une courte interruption. Sa mission ne serait pas totalement achevée si ceux qui ont été témoins de sa mort n’étaient pas aussi témoins de sa résurrection. Mais pour être témoins de cette résurrection, il ne suffit pas d’y croire, il faut prendre part à son événement, il faut « voir » le Ressuscité.

   Luc met l’accent sur cette nécessité lorsqu’il fait dire aux disciples d’Emmaüs : « quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit, mais lui, ils ne l’ont pas vu » (Lc 24:24). Ces paroles révèlent qu’un nouveau drame atteint les disciples, après la disparition du corps de leur Seigneur : ils savent que Jésus est ressuscité, et le fait que le tombeau soit vide n’est plus un problème pour eux, mais ils désirent maintenant voir Jésus, le voir de leurs propres yeux, de ces mêmes yeux qui l’avaient vu sur la croix.

   Par ce verbe « voir », les évangiles nous introduisent à la lecture des apparitions. Celles-ci sont présentées en trois étapes successives, qui rendent compte non seulement de leur progression chronologique, mais aussi d’une progression dans leur valeur probatoire :
a) apparitions d’anges aux femmes de la suite de Jésus ;
b) apparitions de Jésus à des personnes isolées ;
c) apparitions de Jésus aux Onze réunis.



   Avant d’aborder par le détail l’étude de ces trois formes de manifestation, nous voulons définir l’optique qui sera la nôtre au long de cette étude.

   Nous pouvons dire tout de suite que nous ne considérons pas ces apparitions comme des événements historiques, car notre recherche nous a démontré qu’elles présupposaient la foi et dépendaient d’elle.

   Après examen des textes, nous devons avouer ne pas pouvoir donner non plus une explication psychologique de ces phénomènes – comme le firent les théologiens libéraux – qui tenterait de reconstruire le processus selon lequel la foi pourrait mener à des visions qui seraient sa propre objectivation visuelle.
   Sans vouloir nier que certains disciples aient eu des « visions », au sens psychologique du terme, nous affirmons que les textes ne nous présentent en aucun cas les apparitions de Jésus comme étant des visions de cette nature. Au contraire, tous les récits décrivant les apparitions du Christ nous montrent – ainsi que nous le verrons par la suite – que le Ressuscité est vu à travers les signes ecclésiaux, et ceci se comprend très bien car ces signes ecclésiaux ne sont rien d’autre que des catégories théologiques constituées soit par des récits bibliques dans lesquels on a reconnu a posteriori une prophétie ou une figure du Ressuscité, soit par des symboles liturgiques, soit encore par des phénomènes qui ont été considérés comme étant des manifestations de l’esprit du Christ.
   On peut dire de tous ces textes que, loin d’exprimer dans les interrogations des disciples qu’ils mettent en scène celles des apôtres de l’histoire, ils y transposent les problèmes de l’Église afin de pouvoir les résoudre par la vie même de cette Église, par sa catéchèse, sa liturgie et ses ministères. Les protagonistes que les récits des évangiles nous dépeignent, s’ils gardent quelques traits des apôtres réels, n’en sont pas moins des personnages représentatifs d’une autre réalité, l’Église, dont ils portent les interrogations et expriment les réponses.

   À ce point de notre exposé, on peut objecter que notre réflexion est fondée sur une équivoque : en effet, nous avons dit d’une part que les évangélistes rapportaient le réel souci des apôtres après qu’ils aient cru en la résurrection – leur désir impérieux de « voir » Jésus, leur attente d’une apparition – et que, d’autre part, ils y répondent par des apparitions propres à l’Église, présupposant des interrogations autres que celles des apôtres. Est-ce à dire, alors, que le problème des apôtres ne trouve pas sa solution, la question restant entière de savoir comment, en partant de la foi que le Christ était ressuscité, ils sont parvenus à « voir » ce ressuscité ?
   Nous pensons que l’on peut répondre à cette question en disant que c’est par les signes ecclésiaux qu’ils y sont parvenus et que, dans la mesure où ces apôtres de l’histoire ont été les premiers à le faire, ces signes ont une origine apostolique, l’équivoque que nous relevions tout-à-l’heure est dépassée.

   Les apôtres sont parvenus à croire à la résurrection par des signes qui sont de deux sortes. Des signes extérieurs d’abord qui, exigeant une explication, ont rappelé à leur mémoire les textes des Écritures, les amenant ainsi à savoir que le Christ était ressuscité. Des signes ecclésiaux, ensuite, qui leur ont donné la conviction qu’il était vraiment ressuscité.
   Citons, par exemple, cet autre disciple que Jean nous montre allant au tombeau avec Pierre. Il a vu le Ressuscité parce que, en découvrant les bandelettes jetées à terre, il a cru en lui : ces bandes ont été pour lui le signe que Jésus était délié des liens qui le retenaient prisonnier de la mort. Cependant, ce simple fait n’aurait pu être, pour les deux apôtres, signe de la résurrection de Jésus s’ils n’avaient déjà pénétré les Écritures et découvert là que le Christ ne pouvait succomber à la mort. Les bandes étaient un signe extérieur qui réclamait une explication par la Parole.
   Les signes ecclésiaux, s’ils sont aussi extérieurs, sont surtout intérieurs car ils sont unis à une expérience intime, car ils relèvent de l’expérience intérieure de la foi chez les apôtres. C’est ainsi que la conscience que les apôtres ont de leur vocation, le bouleversement de leur existence, l’efficacité de leur prédication et l’autorité que leur donne la Parole sont, pour eux, la preuve que l’esprit du Ressuscité est là, présent, et que, par conséquent, le Ressuscité se rend connaissable par ces phénomènes. À partir de cette expérience intérieure, les apôtres expliquent la foi dans le cadre des passages prophétiques concernant la glorification du Messie, qui devien­nent alors des catégories de pensée permettant de comprendre Jésus en tant que Christ.

   Le but des évangiles est de suivre et de décrire cette évolution de la foi des disciples, qui va de la conviction, fondée sur les signes extérieurs expliqués par la Parole, que le Christ est ressuscité, à la constatation, par les signes d’expérience, qu’il est vraiment ressuscité. Le Seigneur est vraiment ressuscité, ils en ont la preuve dans les fruits que porte son esprit.



   Les trois types d’apparitions que les évangiles nous décrivent se succèdent selon un ordre déterminé, fondé, comme nous l’avons dit, sur leur importance croissante. Le sommet de ce processus, qui mène à la foi, est représenté par les apparitions aux Onze, car celles-ci apportent, pour les disciples et aussi pour les futurs croyants, la preuve irréfutable de la résurrection : elles sont l’événement qui fonde le témoignage des apôtres. Étant donné qu’elles revêtent cette importance, nous en traiterons dans un chapitre particulier. Les autres apparitions sont, elles, présentées comme préparant ces apparitions aux Onze, comme si elles étaient des échelons que les disciples avaient à gravir, l’un après l’autre, pour parvenir à ces ultimes appari­tions.




c 1981




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t262000 : 20/02/2020