Sommaire
La foi au Christ ressuscité
Le Christ est ressuscité
Les apparitions d’anges aux femmes
- Introduction
- Chez Marc
- Chez Matthieu
- Chez Luc
Les apparitions «privées» de Jésus
Les apparitions de Jésus aux Onze
La structure des textes évangéliques
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Selon l’optique que nous venons de définir comme étant la nôtre (1), nous considérons que les femmes n’ont pas eu de visions.
En effet, lorsqu’elles quittent le tombeau, elles courent apporter aux disciples la nouvelle qu’il est vide et elles leur font part, naturellement, de leurs craintes et de leur désarroi, de leurs doutes et de leurs interrogations à ce sujet. Le rapport qu’elles font à ce moment-là n’est autre chose que l’annonce de cet événement, tel qu’elles l’ont découvert dans sa réalité brute. Ce n’est que plus tard, après que les disciples auront eux-mêmes vu Jésus, que l’annonce faite par les femmes sera présentée comme rapportant des apparitions.
Ainsi les évangiles ne la présentent pas dans sa réalité historique, mais à la lumière de son aboutissement, à la lumière des apparitions de Jésus telles qu’en ont témoigné les Onze. Le témoignage de ceux-ci a été le signe dans lequel l’annonce des femmes a été découverte, saisie dans sa véritable signification et dans sa valeur de foi. Car c’est, finalement, à cause de cette annonce que les disciples se sont réunis de nouveau, qu’ils ont médité et pénétré les Écritures, qu’ils ont cru et qu’ils ont « vu » le Seigneur ; c’est cette annonce qui a été le germe de l’Église. Il devenait donc évident que, lorsque les femmes s’étaient rendues chez les disciples, elles n’étaient pas seulement porteuses de la nouvelle que le tombeau était vide, mais aussi, d’une façon prophétique, du message de la résurrection. Elles ont été instrument de Dieu dans l’événement de la foi, ce sont donc bien des anges qui leur ont confié ce qu’elles ont annoncé.
L’analyse des textes confirme cette hypothèse. Rappelons (2), avant de les reprendre dans le détail, qu’un premier examen de ces textes nous a fait découvrir que les paroles prononcées par les anges présupposaient une doctrine de la résurrection déjà élaborée, dont la conception ne pouvait remonter au moment où ces faits se sont passés. Dans ce nouvel examen, reprenant les mêmes textes, nous chercherons à en découvrir la structure.
En premier lieu, nous remarquons que l’apparition des anges aux femmes est tellement brève qu’elle ne leur laisse même pas le temps, après leur arrivée au tombeau, de constater qu’il est vide (Mc 16:5), ni de bien réfléchir sur ce fait. Cela montre bien que le souci de présenter la découverte de la disparition du corps de Jésus comme signe de la résurrection a pris le pas sur l’intention de raconter les faits bruts.
L’interprétation postérieure est présentée, ici, comme s’il s’agissait du fait lui-même, dans l’intention de nous introduire aux manifestations de Jésus. La preuve en est que, dans les quatre évangiles, les anges annoncent d’abord aux femmes que Jésus est ressuscité, puis leur ordonnent de se rendre chez les disciples pour leur dire qu’ils le verront (Mc 16:6 ; Mt 28:5-9 ; Lc 24:5 ; Jn 20:17). Il s’agit donc d’une interprétation a posteriori et « théologisée » de l’événement, à partir de la foi ajoutée aux apparitions de Jésus aux Onze.
C’est là un procédé conforme à la logique des récits bibliques, dans lesquels les anges n’apparaissent jamais pour autre chose que pour montrer qu’un événement, qu’une parole, viennent de Dieu : ils sont là pour personnifier la présence, la volonté et l’intervention divine dans le déroulement d’un épisode de l’histoire des hommes. Ils sont, en somme, une catégorie théologique de pensée, concrète, imagée, mythique, qui fait comprendre l’origine divine d’un événement ou d’un discours. Dans le cas qui nous occupe, ils sont là pour manifester aux croyants que la nouvelle rapportée aux disciples par les femmes était, en réalité, une « bonne nouvelle », le « déclenchement » de l’annonce de l’évangile de la résurrection.
Ce sont probablement les femmes qui ont elles-mêmes donné cette interprétation logique de l’événement. On constate, en effet, que le rôle qui leur échoit ainsi dans l’acte d’annoncer l’évangile de la résurrection, loin d’éclipser le témoignage des apôtres, est au contraire conçu comme un service rendu en vue de ce témoignage. Comme elles avaient servi le Seigneur de sa venue en Galilée à sa mort, ainsi elles le servent maintenant encore, lui et ses disciples, afin que soit manifestée sa résurrection. Leur rôle, toujours conforme à ce qu’elles sont, est donc essentiellement féminin.
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(1) Voir. 
(2) Voir.
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