Sommaire
Introduction
- Pourquoi une lecture référentielle ?
- Problèmes de lecture
- Nécessité d’une méthode
- Pourquoi ma recherche ?
Analyse référentielle et connaissance historique
Jésus dans la référence des évangiles
L’analyse référentielle du discours des évangiles
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Les problèmes rencontrés dans la lecture des évangiles au sujet de Jésus sont de deux ordres.
D’une part, les évangiles sont les sources uniques dont nous disposons pour nous renseigner sur lui. En effet les épîtres de Paul, écrites avant eux, concernent plus la manifestation du Jésus ressuscité que celle du Jésus historique. Quant aux allusions trouvées ailleurs sur lui, ou elles supposent les évangiles, ou elles sont apocryphes, ou encore elles sont si fragmentaires qu’elles ne peuvent servir que de sources complémentaires.
D’autre part les évangiles ne parlent pas de Jésus pour raconter historiquement sa vie, mais « afin qu’on croie qu’il est le Christ » (Jn 20:31). Ils le présentent, en effet, comme un homme qui parle en Christ et qui accomplit comme tel des prodiges et des miracles. Il faut préciser qu’ils n’emploient pas le mot « Christ » au sens lexical de « oint » – qui suppose un prophète ou un roi – mais en celui de « Seigneur », ou de « fils de Dieu », et donc une personne à la fois humaine et divine, historique et transcendante.
Dès lors tout effort pour le saisir historiquement semble voué à l’échec : l’homme échappe pour céder la place au Christ. Il semble qu’il ne reste d’autre possibilité que de lire ces textes théologiquement, c’est-à-dire avec la foi même avec laquelle ils ont été écrits.
On peut objecter que les actions accomplies par le Jésus des évangiles ne sont pas des actes du Christ, mais des « signes » destinés à accréditer Jésus comme le Christ. Cependant, on remarquera que ces actes ne sont pas du domaine de l’expérience : ce sont des miracles, des prodiges, des manifestations célestes, compréhensibles seulement par la foi. Étant les « signes » d’un signifié de foi, ils font partie d’un code qui présuppose cette même foi.
Si les évangiles sont des documents de foi qui présupposent Jésus comme le Christ, une recherche historique à partir de ceux-ci ne pourra se poursuivre sans mettre le Christ entre parenthèses. Mais alors, que restera-t-il de Jésus sans le Christ ? Seulement des traces d’itinéraires, des références à des lieux et à des personnes, de brèves intrigues, qui ne suffiront pas à donner l’image d’un homme, d’autant plus que ces intrigues servent souvent de contexte à des actions différentes. Bref Jésus, comme actant des évangiles, ressemble plutôt à un acteur jouant le rôle du Christ qu’à une personne vivant sa propre vie historique.
La tradition exégétique sur la recherche historique de Jésus a sans doute posé ces problèmes, mais ils ne reçoivent pas une réponse adéquate et satisfaisante.
Des savants, convaincus que le Christ est un personnage mythique, affirment, à la suite de Strauss, que le discours des évangiles est mythologique, la référence à la personne de Jésus ne constituant qu’un support littéraire. D’autres, comme Bultmann et les exégètes de la Formgeschichte, découvrent que le Jésus-Christ des évangiles coïncide avec l’objet de foi de l’Église et en concluent que le but des évangiles est kérygmatique et non historique, leur référence au Jésus de l’histoire étant sans fondement. D’autres encore, fidèles à l’orthodoxie des Églises, estiment que les auteurs des évangiles sont des écrivains sérieux et de toute confiance qui entendent parler d’une personne historique et non d’un mythe, et dont la narration possède une réelle valeur historique tout en étant un témoignage de foi.
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