ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisLa résurrection de JésusFiction dramatique en huit actes |
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SCÈNE TROIS(Les mêmes)– Pardon ! Puis-je entrer ? (Se levant et allant à sa rencontre). – Entrez, Monsieur. – Je dois vous donner ce document, Monsieur, de la part du secrétariat de la Procure. (Il lui remet un pli). (Il prend le pli). – Merci beaucoup ! (Jetant un regard sur tous, un peu étonné). – Au revoir ! (Il s’en va). (Il retourne à sa place et, restant debout, ouvre le pli et le lit). Monsieur, – Étrange ! L’enquête affirme que le vol a vraiment été accompli, mais sans en apporter les preuves, puisqu’elle n’a ni saisi le voleur, ni retrouvé le corps, objet du délit. Sur quoi alors fonde-t-elle la certitude que le vol a été commis ? Seulement sur le fait qu’au niveau de l’expérience, la disparition d’un corps d’un tombeau n’est concevable que parce qu’il a été volé. Mais croyant à l’existence de Dieu et à la possibilité de son action dans le monde, ce manque pourrait être attribué à son intervention. L’enquête laisserait donc au croyant la liberté de rechercher si l’absence du corps de Jésus est due à une action divine, dans le but de sa résurrection... – Bravo, Nicodème, tu légitimes notre démarche sur un principe de raison. – Sur le principe qu’une recherche dans la foi est possible sur un sujet donné, quand la raison se montre impuissante à le comprendre par les lois de la nature. – Il faut cependant préciser que ce principe rend la recherche possible, mais demeure étranger à son développement. – Nous en avons l’expérience ! – Il faut donc continuer la recherche, d’autant plus qu’elle est favorisée par l’enquête. En effet, en déclarant ne pas avoir trouvé le voleur ni le corps, elle laisse celui-ci, dirais-je, disponible pour la résurrection. – Oui, il faut continuer. – Si nous devons continuer, pourquoi nous as-tu arrêtés ? – Parce que vous n’étiez plus en dialogue, mais dans un système de lutte offensive et défensive. Dans le dialogue, il faut que chacun soit disposé à écouter l’autre, par la conviction que la porte de la vérité s’ouvre par la recherche. – J’ai eu l’occasion de vous parler de Socrate, selon lequel celui qui cherche doit avoir conscience de ne pas savoir. Ne sachant pas, il parvient au savoir précisément par le dialogue. – Ah ! Si Jésus venait lui-même pour nous éclairer ! – S’il vient chez toi, il faut le prier de venir demain à notre rencontre, afin que, sur son témoignage, on connaisse enfin la vérité. – Notre recherche ne s’achèvera donc pas comme l’enquête, car elle aura saisi le voleur et retrouvé le corps volé ! (On rit). – À demain après-midi, donc. Et n’ayez pas peur ! Même si le tombeau est libre de toute interdiction d’enterrement, je n’entends pas m’y enfermer ! Je veux le laisser ouvert jusqu’à ce qu’on retrouve le corps de Jésus... mort ou vivant ! – Et si vous ne retrouvez ni le voleur ni le corps du délit ? – Alors, je me renfermerai pour toujours dans le tombeau, le fermant avec la grosse pierre, afin qu’aucun voleur ne puisse y entrer... ni vous venir pour rechercher la vérité sur la résurrection ! – J’applaudis à ton humour ! Je crois que nous sommes dans une impasse, comme Nicodème nous l’a fait comprendre tout à l’heure. Nous ne tentons pas de résoudre le problème de la résurrection à partir des données de l’expérience, mais de son impact dans notre existence. Nous ne donnons donc pas une réponse au problème du fait, mais à celui de notre existence, laquelle, étant un événement et non un fait accompli, offrira des solutions différentes selon la perspective que l’impact du problème suscite dans notre conscience. Pourrons-nous mettre en doute, fut-il méthodologique, nos convictions existentielles et continuer notre recherche ? – De toute façon, ne ferme pas le tombeau, Joseph, laisse-le ouvert ! (Applaudissements ! Ils sortent tous cependant plutôt attristés, en silence... À la tombée du rideau, la lumière du soleil couchant se répand doucement sur la salle).
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t347030 : 19/03/2020