ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La résurrection de Jésus



fiction dramatique en huit actes





Avant-propos





Ils ont vu... et ils ont cru

Avant-propos
- La forme théâtrale
- Argumentation des
  évangiles
- Structure des évangiles
- Du récit au drame

Le tombeau vide

Signes et apparitions

Pilate enquête sur le vol du corps de Jésus

L’apparition du ressuscité aux disciples

Du tombeau vide à l’holocauste

Les Écritures et le Christ

Jésus

Le Fils de Dieu incarné ?

Pourquoi la forme théâtrale ?


   Nous trouvons la « résurrection » de Jésus dans les écrits du Nouveau Testament, puisque la foi en lui en est l’objet. Il faut rappeler spécialement les épîtres de Paul et les évangiles, les premières pour l’annonce de Jésus-Christ comme médiateur de Dieu pour le salut du monde, et les seconds pour la narration des événements principaux de sa vie. Ceux-ci concernent sa naissance comme fils de Dieu, la prédication de la bonne nouvelle, sa mort en sacrifice expiatoire des péchés, et sa résurrection qui le proclame Christ, Sauveur et Seigneur du monde.

   La résurrection n’est jamais saisie dans son événement, puisque personne n’en a été témoin, mais est décrite dans le contexte de sa croyance, à partir d’indices comme le tombeau vide, ou de signes et d’apparitions du ressuscité.
   Le propos de mon drame est de transposer le fait de la résurrection des textes qui l’annoncent à un drame qui le représente. Cette transposition ne pose pas problème en elle-même, puisque le théâtre est un genre littéraire, mais elle s’est imposée à moi à cause de problèmes survenus à la lecture des textes qui m’ont conduit à les soumettre à une critique. C’était le signe que je n’avais pas trouvé en eux la cohérence et la clarté nécessaires pour leur compréhension.

   On peut cependant se demander pourquoi, voulant soumettre ces textes à une critique, j’ai eu le propos de les repenser et de les réécrire sous forme théâtrale. Ne suffisait-il pas de les analyser en les faisant passer au crible de la dialectique ? Pourquoi le recours à une articulation dramatique ? Quelle aide cette forme pouvait-elle apporter à la dialectique ? Voici quelques-unes des questions qui me vinrent à l’esprit.

   Lorsqu’on soumet un texte à une analyse critique, on ne porte l’attention que sur lui, pour le dévoiler dans sa logique et dans sa cohérence ; quant aux auteurs, on les ignore. Quant à nous, qui voulons analyser le texte, nous mettons en veilleuse notre individualité pour ne prendre conscience de nous-mêmes qu’en fonction de notre capacité logique. Dès lors, si on trouve que le texte ne s’appuie pas sur des principes objectifs et logiques mais sur des supports subjectifs et existentiels, on le rejette : il n’a pas le droit d’exister et n’existe donc que comme faux-document.
   C’est à cette conclusion que j’étais arrivé à l’issue de la lecture des textes sur la résurrection de Jésus. En effet, puisqu’ils ne présupposent aucune perception de l’événement et ne font pas appel à des preuves mais à des indices et à des signes tout à fait équivoques, leurs affirmations sont gratuites et sans fondement. Pour affirmer que le mort sort lui-même du tombeau, il faudrait reconnaître que les principes de raison ne sont plus valables, et donc que l’homme ne possède pas la faculté de jugement. Étant des faux, ces textes n’ont pas droit à l’existence : ils ne doivent pas exister et on les supprime mentalement.
   Cependant on ne peut nier qu’ils sont là depuis longtemps, paroles attachées à un texte, paroles écrites par des hommes, pensées par des hommes. Cela est troublant et surprend, car cela nous oblige à affirmer qu’on peut penser et écrire en-deçà des principes de vérité et contre eux. Mais par quels critères ? Voilà le problème.
   Dès lors, j’ai cessé de fixer mon attention sur les principes logiques de cohérence pour rechercher les auteurs des récits et les motivations de leur récit, à partir des problèmes existentiels, culturels, sociaux et spirituels de leur siècle. Or qui pouvait me faire connaître leurs motivations, si ce n’est eux-mêmes ou ceux qui les considèrent comme témoins ? Ayant trouvé ces personnes, j’ai pu les situer dans leur temps, avec leurs soucis et leurs problèmes, et retrouver leurs motivations.
   Mais il fallait changer de genre littéraire, et le théâtre m’en offrait la possibilité. J’ai circonscrit alors un espace dans la dimension de ma pensée, pour y appeler ces personnes afin qu’elles puissent se rencontrer : déguisées en personnages, elles pourraient dialoguer sur les problèmes qu’ils agitent dans les récits. Quant à moi, je devais intervenir de façon plus subtile, non pas déguisé en personnage mais « en esprit », en donnant aux personnages âme et jugement. J’entre donc en eux pour les personnaliser, afin qu’ils puissent se juger non par les critères de jugement de leur existence historique mais par ceux de mon siècle. Sujets d’un siècle passé, ils deviennent personnes actuelles, vivantes, dans mon siècle, comme s’ils avaient grandi en suivant l’évolution de l’homme.
   La scène est donc le point de rencontre des deux individus, celui du passé et celui du présent qui, en le personnifiant, le « met à l’heure » dans le processus du temps de croissance de l’homme. La fonction du théâtre va donc au-delà de son rôle littéraire : il rend possible non seulement que l’homme du présent juge celui du passé, mais que celui-ci se juge d’un jugement propre à lui-même comme homme du futur.
   J’ai même pensé que, pour faire reconnaître que Jésus n’était pas ressuscité, je devais les ressusciter ! Mais est-ce que le piège littéraire dans lequel je faisais ressusciter les auteurs du passé correspond à celui qui fait ressusciter Jésus dans le récit ? Piège non pas fondé sur un jeu d’illusions mais sur un fondement psychologique, sur une révolte du mortel contre cette épée de Damoclès qui pend au-dessus de lui ? Commedia dell’arte avait-on dit jadis de la nécessité de jouer l’existence pour mieux la vivre, arte della commedia pourrait-on dire du jeu d’un théâtre qui permet aux individus de revivre leur passé et de faire revivre ce passé en eux.



Écrit en 2005




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t340110 : 20/03/2020